Ils ne se sont pas revus
depuis des années et pourtant, c'est clair, Emily et Randall
s'aiment. C'est sans doute pourquoi ce dernier choisit d'inviter la
jeune étudiante à passer quelques jours dans la maison de son père
située sur une plage. Après avoir passé leur première nuit, Emily
descend à la cuisine et constate qu'elle et Randall ne sont pas
seuls. En effet, Jane et Mitch, un couple d'âge mûr, amis du père
de Randall dont celui-ci n'a aucun souvenir sont également venus
passer quelques temps dans la maison. Gênés, le jeune couple est
cependant invité à partager le dîner de Jane et Mitch lorsque le
soir venu, d'étranges événements commencent à se manifester. Une
étrange odeur, un épais brouillard et de curieux organismes font
leur apparition. Alors que tous les quatre ont partagé une
préparation à base de cannabis, ce qui semblait être les effets du
psychotrope s'avère en réalité directement lié aux événements
qui de plus, semblent se propager partout en ville. Jane et Mitch
sont les premiers à ressentir les symptômes d'une étrange maladie.
Randall n'est pas en meilleur état tandis qu'Emily cherche à
comprendre et à fuir la demeure et ses environs qui deviennent de
plus en plus hostiles...
De manière tout à fait
inattendue et aussi discrète et sournoise que l'écrasant brouillard
qui peu à peu recouvre la plage de ce premier long-métrage réalisé
par
Jeffrey A. Brown, The Beach House débarque
la même année que le Color out of Space
de Richard Stanley. Sans doute moins officiellement que ce dernier,
ce petit film apparemment anodin explore lui aussi des thématiques
chères à l'écrivain américain H. P. Lovecraft. De manière telle
que l'on pourra s'étonner de découvrir que les œuvres des deux
cinéastes entretiennent des rapports qui ne peuvent pourtant être
mis que sur le compte du hasard. Cette brume colorée qui envahit
l'écran, cette image troublée modifiant les perceptions visuelle et
sonore, ces conséquences sur la flore... tous ces détails qui
semblent être inspirés par l’œuvre de H. P. Lovecraft semblent
en fait dans le cas présent n'être que le prolongement de l'un des
deux courts-métrages que réalisa Jeffrey A. Brown il y a sept ans
en 2013. Intitulé Sulfutic,
le réalisateur semblait déjà s'intéresser au cas d'individus
victimes de la présence d'organismes étrangers. C'est donc à une
plus large échelle que Jeffrey A. Brown s'attaque à son projet. Et
pourtant, même si The Beach House
atteint presque les quatre-vingt dix minutes ''réglementaires'', son
scénario s'avère souvent sommaire. Entre l'idylle du début, la
rencontre avec le couple formé par les acteurs Jake Weber et Maryann
Nagel et les événements qui vont contrarier les projets d'Emily et
Randall (respectivement interprétés pas Liana Liberato et Noah Le
Gros), le film est un océan de vide que Jeffrey A. Brown va combler
grâce à une ambiance envoûtante...
Car
c'est bien là le principal atout de The Beach
House.
Son atmosphère pesante, parfois surréaliste que le réalisateur
accentue à mesure que l'histoire progresse. Jeffrey A. Brown est
assez malin pour nous laisser tout d'abord croire à l'éventualité
d'un Home Invasion
avant que son scénario ne bifurque en réalité vers tout autre
chose. Les amateurs de fantastique et autres joyeusetés horrifiques
pourront faire le lien entre The Beach House et
H. P. Lovecraft, donc, mais sans doute encore davantage avec
l'adaptation de Stephen King au cinéma intitulée The
Mist
dont on retrouve certains éléments. Et tiens, pourquoi pas ne pas y
voir également un rapport avec une œuvre telle que l'épidermique
Cabin Fever
d'Eli Roth ? En réalité, c'est à chacun d'y voir ou pas tout
un tas de relations avec des œuvres passées. The
Beach House
est donc une bonne surprise, atmosphérique, ambiguë, légèrement
sanguinolente, mais usant parfois de ficelles un peu grossières
(Emily est par un heureux hasard, étudiante en chimie organique)
mais qui aurait sans doute mérité que son auteur lui apporte un peu
plus de soin en matière d'écriture. Pour être totalement
convainquant, il aurait fallut que le scénario soit davantage étoffé
et n'abandonne pas ses personnages à de simples divagations dans un
contexte, certes, parfois oppressant...
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