Un écrivain et sa jeune
épouse sont conviés à participer à un étrange dîner situé dans
une luxueuse propriété. L'un des richissimes propriétaires a
promis à Jeff de produire sa dernière pièce de théâtre mais pour
cela, le dramaturge doit d'abord prouver qu'il mérite la confiance
mise en lui. C'est pourquoi il exige de Haley qu'elle se comporte
avec dignité lors du repas. Très vite, le couple comprend que le
dîner sera d'un tout ordre que ceux auxquels ils sont généralement
habitués. Leurs hôtes sont riches, narcissiques, cultivés et
excentriques. Carmine, Sadie, Vincent, Agatha et Sebastian
constituent une étrange famille aux mœurs plus que douteuses. Alors
que Haley et Jeff croient participer à une soirée, certes quelque
peu originale, mais destinée à promouvoir l'avenir de l'écrivain,
le couple va très rapidement comprendre qu'ils sont tombés dans un
piège... un guet-apens qu'ils mettront cependant bien plus de temps
que le spectateur à déceler puisque divers détails montrent très
clairement la direction que vont prendre les événements. Entre
raffinement musical où se mêlent ritournelle interprétée au
basson et hautbois, Satie, opéras, métal et pop électronique,
costumes chics et demeure bourgeoise, bon vin et hôtes élégants,
The Dinner Party
a tout du long-métrage horrifique qui s'apprête à asséner au
spectateur des visions sanglantes et grandiloquentes que le scénario
semble tout d'abord évoquer...
Fantastique,
horreur, gore, épouvante, thriller, drame, serial killer, slasher,
qui de ces genres paraît le plus apte à conquérir le cœur des
amateurs d'effroi ? À vrai dire, tous et aucun. Car le
cinquième long-métrage du réalisateur américain Miles Doleac peut
tout aussi bien être considéré comme un brouillamini d'influences
plus ou moins bien digérées comme le concept peut être, lui,
envisagé comme une parfaite synthèse de ces mêmes influences. Deux
heures ou presque, c'est le temps qu'il faudra au réalisateur et ses
interprètes pour tenter de convaincre de la nécessité de prouver
en un peu moins de cent-vingt minutes qu'une œuvre horrifique mérite
qu'on y confonde cannibalisme, vampirisme, magie (noire et blanche),
immortalité, tueurs en série et même, pourquoi pas, pratique
sexuelle nécrophile. Face au couple formé par Alli Hart et Mike
Mayhall, le spectateur a le plaisir de découvrir une brochette
d'interprètes judicieusement sélectionnés parmi lesquels il
retiendra sans doute en priorité le charisme de Bill Page et de
Miles Doleac lui-même, puis l’élégance de Sawandi Wilson, et
enfin les charmes tout en rondeur de Lindsay Anne Williams et ceux,
plus sculpturaux de Kamille McCuin...
Sans
être absolument remarquable, The Dinner Party
est de ces œuvres qui savent distiller une ambiance chargée,
morbide et envoûtante. Que le film se traîne parfois en longueur ou
qu'il véhicule certaines idées ridicules (le final est en ce sens,
un désastre), il n'en demeure pas moins intriguant. Les acteurs sont
parfaitement à leur place et leur personnage livre un message
tellement ambigu et proche de notre société vue sous un angle
terriblement déviant qu'on pardonnera au long-métrage de Miles
Doleac de souffrir d'incohérences. Visuellement, The
Dinner Party
est parfois splendide même s'il demeure illusoire d'y retrouver la
grâce d'un The Cook, the Thief, His Wife and Her
Lover,
immense film du britannique Peter Greenaway. On est là, plus proche
de cette thématique à la mode qui consiste à opposer des individus
apparemment sains d'esprit à des convives trop naïfs pour voir le
piège se refermer sur eux. Miles Doleac signe donc une œuvre
perfectible mais séduisante sous ses dehors de critique sociale
caricaturée à outrance...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire