C'est un peu la même
chose avec les concepts dont on attend beaucoup... voire énormément.
Celui de The Room du
réalisateur et animateur français Christian Volckman (à ne pas
confondre avec le cultissime mais néanmoins raté film éponyme
réalisé par Tommy Wiseau en 2003) est sinon passionnant, du moins,
accrocheur. Certains n'y verront sans doute qu'un prétexte à
tourner un film d'horreur mâtiné de fantastique tandis que les plus
exigeants y verront sans doute une œuvre emplie d'allusions
critiques envers notre société. Personnellement, j'y ai sans doute
fondé l'espoir de vivre un trip surréaliste et pourquoi pas
légèrement trash sur les bords. Mais le français dépasse ces
derniers en réalisant une œuvre, certes, non dénuée de certains
charmes (quelques séquences si courtes soient-elle valent le
détour), mais d'une manière générale, peu convaincantes. Comme si
la richesse d'un scénario pourtant écrit à huit mains entre le
réalisateur lui-même et Éric Forestier, Gaia Guasti et Vincent
Ravalec devait souffrir d'une qualité irréprochable pour mériter
un tant soit peu un statut d’œuvre culte que le film n'obtiendra
finalement jamais et ce, dés la ligne de départ. Si l'on peut
reprocher à un certain nombre de longs-métrages de souffrir d'une
durée trop importante, il en va de l'inverse de The
Room
qui pour confortablement installer son intrigue aurait mérité de
durer quinze ou vingt minutes supplémentaires...
Pourquoi ?
Parce qu'à trop vouloir précipiter les événements, Christian
Volckman manque le coche concernant tout d'abord la caractérisation
d'un couple directement (ou presque) jeté dans l'aventure. À peine
installés dans leur nouvelle et vieille demeure du nord New
Hampshire, Kate et Matt sont rapidement les témoins de curieux
événements liés à la chambre du titre. Une pièce au mécanisme
électrique permettant aux propriétaires des lieux de concrétiser
la présence de tout ''objet'' qu'ils désirent faire apparaître
d'un simple mot ou d'une simple phrase. Que LUI veuille faire
apparaître une bouteille d'alcool, des toiles de maîtres ou qu'ELLE
demande mille dollars ou un million, chaque ''vœu'' est exaucé.
Mais dans cet engrenage dans lequel les rouages semblent fonctionner
à merveille sans que rien ne leur soit demandé en contrepartie, le
couple va très rapidement découvrir que dans ce ''jeu'' qui leur
permet de vivre dans une opulence et une décadence crasses, rien n'est vraiment
''gratuit''. La métaphore démarre non pas lorsque Matt et Kate
foulent pour la première fois le sol de leur immense demeure mais
lors d'une introduction que l'on jugera d'explicative reflétant au
fond, et résumant même, tout le contenu du film à venir...Selon
l'exigence que l'on peut avoir du dernier long-métrage de Christian
Volckman, soit l'on aime, soit l'on reste circonspect. Je ne suis
d'ailleurs pas certain que l'on ait une bonne raison de rejeter en
bloc le film du français. Je ne pense pas davantage non plus qu'il
puisse être l'objet d'une admiration sans bornes...
D'autant plus qu'il y a
peu de chance que l'on ait envie de vivre l'expérience une seconde
fois. Très vite, The Room
montre les limites d'un réalisateur trop pressé d'en découdre avec
cette chambre et ses personnages. Il faudra en effet moins de dix
minutes (séquence d'introduction comprise) pour que Matt découvre
l'extraordinaire pouvoir de cette pièce. Le temps qu'il aurait sans
doute fallut au réalisateur pour rendre son couple attachant.
Interprété par l'acteur belge Kevin Janssens, Matt s'avère peu
charismatique. Est-ce parce qu'à plusieurs reprises j'aurais préféré
voir l'acteur américain Jake Gyllenhaal dans la peau du peintre ?
Sans aucun doute. L'ukrainienne Olga Kurylenko s'en sort davantage
dans le rôle de Kate à l'instinct maternel pourtant parfois
outrancier. Heureusement, le film ne s'enferme pas totalement dans
son contexte de huis-clos fantastique et s'extrait parfois à
l'extérieur des murs de la demeure pour quelques séquences fort
intéressantes. Comme l'enquête (pourtant sommaire) de Matt sur le
double meurtre des anciens propriétaires devant le mener à
rencontrer l'auteur de l'homicide en la personne de John Doe
(interprété par un John Flanders plutôt convainquant). Il y a
d'ailleurs dans l'une des ces séquences, tout le maniérisme d'un
auteur qui ne semble surtout pas vouloir perdre ses spectateurs. Peu
avare en explications, le français prend le spectateur par la main
comme l'on prend celle d'un enfant incapable de déduction propre.
Autant dire que le procédé se révèle agaçant, sinon vexant. Au
final, The Room
est un condensé d'excellentes idées relativement mal exploitées...
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