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vendredi 7 août 2020

The Room de Christian Volckman (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆



C'est un peu la même chose avec les concepts dont on attend beaucoup... voire énormément. Celui de The Room du réalisateur et animateur français Christian Volckman (à ne pas confondre avec le cultissime mais néanmoins raté film éponyme réalisé par Tommy Wiseau en 2003) est sinon passionnant, du moins, accrocheur. Certains n'y verront sans doute qu'un prétexte à tourner un film d'horreur mâtiné de fantastique tandis que les plus exigeants y verront sans doute une œuvre emplie d'allusions critiques envers notre société. Personnellement, j'y ai sans doute fondé l'espoir de vivre un trip surréaliste et pourquoi pas légèrement trash sur les bords. Mais le français dépasse ces derniers en réalisant une œuvre, certes, non dénuée de certains charmes (quelques séquences si courtes soient-elle valent le détour), mais d'une manière générale, peu convaincantes. Comme si la richesse d'un scénario pourtant écrit à huit mains entre le réalisateur lui-même et Éric Forestier, Gaia Guasti et Vincent Ravalec devait souffrir d'une qualité irréprochable pour mériter un tant soit peu un statut d’œuvre culte que le film n'obtiendra finalement jamais et ce, dés la ligne de départ. Si l'on peut reprocher à un certain nombre de longs-métrages de souffrir d'une durée trop importante, il en va de l'inverse de The Room qui pour confortablement installer son intrigue aurait mérité de durer quinze ou vingt minutes supplémentaires...

Pourquoi ? Parce qu'à trop vouloir précipiter les événements, Christian Volckman manque le coche concernant tout d'abord la caractérisation d'un couple directement (ou presque) jeté dans l'aventure. À peine installés dans leur nouvelle et vieille demeure du nord New Hampshire, Kate et Matt sont rapidement les témoins de curieux événements liés à la chambre du titre. Une pièce au mécanisme électrique permettant aux propriétaires des lieux de concrétiser la présence de tout ''objet'' qu'ils désirent faire apparaître d'un simple mot ou d'une simple phrase. Que LUI veuille faire apparaître une bouteille d'alcool, des toiles de maîtres ou qu'ELLE demande mille dollars ou un million, chaque ''vœu'' est exaucé. Mais dans cet engrenage dans lequel les rouages semblent fonctionner à merveille sans que rien ne leur soit demandé en contrepartie, le couple va très rapidement découvrir que dans ce ''jeu'' qui leur permet de vivre dans une opulence et une décadence crasses, rien n'est vraiment ''gratuit''. La métaphore démarre non pas lorsque Matt et Kate foulent pour la première fois le sol de leur immense demeure mais lors d'une introduction que l'on jugera d'explicative reflétant au fond, et résumant même, tout le contenu du film à venir...Selon l'exigence que l'on peut avoir du dernier long-métrage de Christian Volckman, soit l'on aime, soit l'on reste circonspect. Je ne suis d'ailleurs pas certain que l'on ait une bonne raison de rejeter en bloc le film du français. Je ne pense pas davantage non plus qu'il puisse être l'objet d'une admiration sans bornes...

D'autant plus qu'il y a peu de chance que l'on ait envie de vivre l'expérience une seconde fois. Très vite, The Room montre les limites d'un réalisateur trop pressé d'en découdre avec cette chambre et ses personnages. Il faudra en effet moins de dix minutes (séquence d'introduction comprise) pour que Matt découvre l'extraordinaire pouvoir de cette pièce. Le temps qu'il aurait sans doute fallut au réalisateur pour rendre son couple attachant. Interprété par l'acteur belge Kevin Janssens, Matt s'avère peu charismatique. Est-ce parce qu'à plusieurs reprises j'aurais préféré voir l'acteur américain Jake Gyllenhaal dans la peau du peintre ? Sans aucun doute. L'ukrainienne Olga Kurylenko s'en sort davantage dans le rôle de Kate à l'instinct maternel pourtant parfois outrancier. Heureusement, le film ne s'enferme pas totalement dans son contexte de huis-clos fantastique et s'extrait parfois à l'extérieur des murs de la demeure pour quelques séquences fort intéressantes. Comme l'enquête (pourtant sommaire) de Matt sur le double meurtre des anciens propriétaires devant le mener à rencontrer l'auteur de l'homicide en la personne de John Doe (interprété par un John Flanders plutôt convainquant). Il y a d'ailleurs dans l'une des ces séquences, tout le maniérisme d'un auteur qui ne semble surtout pas vouloir perdre ses spectateurs. Peu avare en explications, le français prend le spectateur par la main comme l'on prend celle d'un enfant incapable de déduction propre. Autant dire que le procédé se révèle agaçant, sinon vexant. Au final, The Room est un condensé d'excellentes idées relativement mal exploitées...

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