Tous les grands
classiques de la science-fiction ont eu droit un jour ou l'autre à
leur(s) ersatz. Au singulier ou au pluriel. Et rare (pour ne pas
dire, aucun) furent à la hauteur de l’œuvre qui leur servit de
source d'inspiration. L'un des derniers en date s'intitule Sea
Fever
et malgré son titre, non vous n'y trouverez pas l'alter ego
aquatique de John Travolta dansant sur du disco vêtu d'une chemise
cintrée au col façon ''pelle à tarte''. Rien à voir avec cette
mouvance musicale des années soixante-dix. En réalité, nous sommes
plus près ici, de la décennie suivante. Celle qui vit fleurir
quelques pépites cinématographiques qui laissèrent le rouge aux
joues de ceux qui eurent la primeur de les découvrir dans les salles
obscures. Car il y a dans ce Sea Fever réalisé
et scénarisé par Neasa Hardiman et d'origine
irlando-belgo-britannico-américano-suédois (rien que ça), un peu
du Abyss
de James Cameron, pas mal de Cabin Fever
d'Eli Roth (ouais, bon, je sais, celui là est sorti bien longtemps
après les années quatre-vingt) mais aussi et surtout, beaucoup de
The Thing
de John Carpenter. Au point que cette chose directement sortie le 24
juin dernier en VOD ressemble davantage à un plagiat qu'à une œuvre
simplement inspirée de cet immense chef-d’œuvre que sa fausse
préquelle (mais vrai remake) n'a même pas réussi elle-même à
détrôner.
Apportons
maintenant une petite précision, mais sans arrière-pensée aucune.
Sea Fever est
l’œuvre d'une femme. Et par là, je veux bien entendu dire qu'elle
l'a réalisé, mais qu'elle est également auteur du script. Et tant
qu'à aller jusqu'au bout, le personnage principal est lui aussi, une
femme. Si j'apporte cette petite précision, ça n'est pas dans
l'intention de développer de délirantes théories misogynes qui
n'iront de toute manière que de plus belle droit dans le mur. Non,
juste parce que les quelques réalisatrices auxquelles je me suis
frottées jusqu'à maintenant ont toutes fait preuve d'une
sensibilité qui allaient de paire avec le sujet abordé. Ce qui
n'est absolument pas le cas de ce long-métrage se déroulant quelque
par dans l'Atlantique. C'est donc au beau milieu de nulle par ou du
moins, de pas grand chose d'autre qu'une immense étendue d'eau, que
sont venus se perdre les propriétaires d'un vieux chalutier en
piteux état à bord duquel s'est invitée Siobhán, une jeune
étudiante en biologie sous-marine. L’héroïne, c'est elle. Et du
haut de son arrogance de toute jeune femme ou de vieille adolescente,
vlà t'y pas qu'elle passera le plus clair de son temps à faire la
gueule. On a parfois l'impression qu'elle prend les autres de haut,
pauvres pêcheurs qui n'ont sans doute pas fait d'aussi longues
études qu'elles. Pour l'empathie, on repassera. À dire vrai, il n'y
a pas grande monde de sympathique parmi les propriétaires du rafiot,
Gerard (Dougray Scott) et sa femme Freya (Connie Nielsen) ou membres
d'équipages, machiniste compris...
Sea Fever commence
pourtant d'abord par sentir très bon. Comme un doux parfum de
nostalgie. L'espoir de revivre la formidable expérience The
Thing sans
les contraintes de l'Antarctique (c'est qu'on se les gèle tout
là-bas !). Et puis, il y a ce petit quelque chose qui fait
également penser à de très bons épisodes de X-Files
avant d'être encore plus proche de Cabin Fever.
La comparaison avec Abyss
s'arrêtera quant à elle à la frontière de l'immense créature qui
dans les profondeurs de l'océan étend ses immenses tentacules pour
retenir la vieille bicoque. S'ensuit alors une série d'événements
qui mis bout à bout auraient pu donner un excellent melting-pot de
ces références mais dont le résultat ne tient absolument pas sur
la durée. Tout le sel du climat paranoïaque du film de John
Carpenter est dilué dans une intrigue mollassonne. Tout le
merveilleux du voyage dans les profondeurs offert par James Cameron
semble scrupuleusement écarté. Ne reste en fin de compte que ce mal
étrange qui s'en prend aux membres de l'équipage et qui rappelle
l'épidermique film d'horreur d'Eli Roth. L'une des sous-intrigues
que la réalisatrice sème pourtant en court de route. Et c'est bien
là l'essentiel du problème chez Neasa Hardiman. Des idées, la
réalisatrice en a. Mais chaque fois qu'elle se lance dans un thème
plus ou moins fantastique, elle ne semble pas y croire suffisamment
pour le développer jusqu'à son terme. Les interprètes, eux, et à
commencer par l'actrice britannique Hermione Corfield, font comme des
automates, ce qu'on leur dicte de faire. D'un potentiel de départ
plutôt intéressant, voire fascinant, Neasa
Hardiman accouche d'une œuvre hybride inaboutie...
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