Je ne pensais pas
l'écrire un jour, mais grâce ou à cause du réalisateur américain
Jay Lowi, je me suis positionné pour la toute première fois ou
presque de mon existence (l'une des rares fois fut à l'occasion du
formidable Breakfast Club
de John Hugues en 1985) du côté des adolescents et non plus de
leurs parents. Ne comptent évidemment pas les expériences trash de
John Waters ou de Lloyd Kaufman... Derrière ce titre énigmatique
qu'est Extracurricular Activities
formé d'un anglicisme délicat à traduire et d'un vocable dont il
est inutile d'expliquer quelle en est la signification, le film cache
une comédie noire au cynisme sans limites. Mais pourquoi donc ai-je
changé de bord ? Simplement parce que chez Jay Lowi, les
adultes sont vraiment, vraiment, vraiment cons. D'où l'idée
financièrement juteuse pour le jeune Reagan Collins de proposer ses
services à des gamins ne supportant plus leurs géniteurs au point
d'avoir envie de s'en débarrasser. Ce jeune homme charmant et
apparemment bien sous tout rapports, n'aimant ni boire, ni profiter
de situations avantageuses (du style, sauter la plus jolie pom-pom
girl du lycée tandis qu'elle est ivre) cache un tueur en série
particulièrement méthodique. En effet, lorsqu'un contrat est
''signé'' entre Reagan et un ou plusieurs enfants de parents ne
''méritant plus'' de vivre, il est capable de mettre en scène des
meurtres si ingénieux qu'ils ne ressemblent au final, à rien
d'autre que des accidents...
Mais
l'inspecteur Cliff Art Dawkins veille sur la petite localité ou
plusieurs parents ont déjà perdu la vie dans diverses conditions.
Très rapidement, celui-ci soupçonne Reagan et le traque avec autant
de discrétion qu'un bœuf lâché dans une bibliothèque (!?!). Trop
malin pour se laisser coincer, l'adolescent est le centre d'intérêt
de Mary Alice Walker, la pom-pom girl évoquée plus haut et qui ne
se doute pas que derrière le visage angélique et l'attitude
chevaleresque de Reagan se cache un monstre... En traitant d'un sujet
aussi sinistre sur le ton de l'humour sans prendre les spectateurs
pour des idiots, là est la clé de la réussite de Extracurricular
Activities.
En effet, il ne s'agit plus simplement d'enfiler des perles en
plastique tout en nous faisant croire qu'elles sont de culture.
L’œuvre de Jay Lowi est aussi réjouissante dans la forme que dans
le fond. Surtout, il peut compter sur un jeune Colin Ford prometteur,
sobre et charismatique...
Il
y a fort à parier qu'au départ le récit fera grincer des dents les
plus réfractaires à la mode du jeunisme à tout crin. Pourtant,
même si le héros et une grande partie de son entourage n'ont sans
doute pas encore fêté leur passage à l'âge adulte, ceux-ci ont
beau être mis en avant, le réalisateur n'en demeure pas moins
critique à leur sujet. Car s'il en fait le bras armé d'une cause
que l'on peut encore espérer kafkaïenne dans un monde qui mute
pourtant actuellement dangereusement, Jay Lowi reste conscient de
l'absurdité des actes perpétrés par Reagan Collins en les
accompagnant systématiquement d'un humour noir que le public
français ne saisira peut-être pas toujours du premier coup. Sans
les débordements gore façon Society
de Brian Yuzna, Extracurricular Activities
se déroule presque dans un cadre lynchien où tout semble
sinistrement modelé façon ''rêve américain''. Une proposition de
Teen Movie
originale, pas agaçante pour un sou (on y parle moins baise et
alcool que dans la majeure partie des cas), accompagnée par une
sous-intrigue policière portée par un excellent Timothy Simons dans
le rôle de Cliff Art Dawkins. Et bien que le film de Jay Lowi prône
avant tout l'humour noir, cela ne l'empêche pas de conclure son
récit avec un cynisme et un nihilisme qui laisseront pantois ceux
qui n'avaient pas d'avance prévu une chute pareille...
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