Je m'étais promis de le
voir celui-ci. Juste après avoir lu l'excellent dossier que lui ont
consacré David Didelot,
Patrick Callonnec et Jean-Sébastien Caboury dans le numéro 17 de
Vidéotopsie.
Éviter la redondance va se révéler un challenge de taille car si
l'on considère la chose en des termes similaires, il est un fait que
le film semble emprunter à d'autres quelques bonnes idées. Du
Locataire de
Roman Polanski, le cinéaste français Raphaël Delpard dont il
s'agit ici du troisième long-métrage après le porno (soft?)
Perversions en
1976 et
la comédie Ça va pas la Tête en
1978, il intègre une galerie de personnages similaires. Ambigus,
révélant des faciès inquiétants. Filmés parfois dans la pénombre
et le visage blafard lorsque produit l'étrange cérémonie
cannibale. Nous sommes en 1980, et au tout début des années
quatre-vingt, on ne peut pas dire qu'en France les films d'horreur et
d'épouvante pullulent sur le territoire hexagonal. Quant au gore, il
faudra sans doute attendre jusqu'au Baby Blood
d'Alain Robak en 1989 pour avoir l'honneur d'assister à un spectacle
acceptable. Pourtant, c'est bien neuf ans plus tôt que le film de
Raphaël Delpard débarque sur les écrans. Si le film n'attire pas
les amateurs d'hémoglobine par millions, ça n'est sans doute pas à
cause de ses qualités car contrairement à un Jean Rollin plus
proche de la série Z que B, Raphaël Delpard réalise une œuvre
pas tout à fait dispensable et même relativement surprenante.
Arghhh !
Si seulement ses interprètes n'étaient pas si mauvais pour la
plupart, cette petite bande horrifique que certains tiennent comme
culte ornerait peut-être le haut des étagères consacrées aux
classiques de l'horreur et de l'épouvante. Si la véritable héroïne
de La Nuit de la Mort
est Isabelle Goguey (Le Pouvoir du Mal,
La
Grande Récré,
Les
Phallocrates),
c'est évidemment la présence de Charlotte de Turckheim qui
intrigue. Dans le rôle de Nicole, jeune infirmière aux services de
la directrice d'une maison de retraite un peu spéciale (Betty
Beckers dans la peau d'Hélène), l'actrice et humoriste ne va
malheureusement pas faire long feu. Remplacée par la jeune et jolie
Martine, foutue à poil, allongée sur une large table en bois,
éventrée, éviscérée puis dévorée, on la retrouve plus tard
suspendue à un crochet à viande que n'aurait sans doute pas renié
une célèbre 'Tronche
de Cuir'.
Quelques effets gores du plus bel effet parsèment donc cette
Nuit de la Mort
mise en musique par le compositeur et chef d'orchestre Laurent
Petitgirard qui se fera surtout connaître grâce à la série
télévisée Maigret
(la
version avec Bruno Cremer) bien qu'il ait également composé un
certain nombre de bande originales de films pour le cinéma.
Deux
ou trois thèmes particulièrement austères ne venant surtout pas
briser la monotonie des lieux où vivent des vieillards qui
ressemblent davantage à des vampires qu'à de gentils retraités.
Bien que le film ne soit pas à la hauteur sur certains points (il
est très rare que l'on ressente le moindre sentiment de peur, les
jump scares sont déficients et l'interprétation parfois médiocre),
on passe cependant un assez agréable moment, le rythme et
l'atmosphère trouvant malgré tout une belle impulsion lors du
dernier quart-d'heure avec, un final inattendu bien qu'assez mal
mené. En effet, en parallèle aux agissements des pensionnaires de
la maison de retraite sévit un tueur qui transperce la gorge de ses
victimes à l'aide d'une aiguille en or. Le sujet étant traité de
manière relativement laconique, l'inefficience du climax final s'en
ressent fortement. Bien que La
Nuit de la Mort
ne fasse pas partie des grands classiques de l'épouvante, on pourra
toujours arguer avec un certain chauvinisme que Raphaël Delpard,
bien avant Kevin Connot et son Motel
Hell
(les pensionnaires tentent de faire prendre du poids à leur futur
repas tandis que le fermier de Motel
Hell
gavait ses victimes), ou Tony Scott et The
Hunger (étrange
similitude des corps qui se dégradent dès lors que leur est refusé
leur comptant de sang humain), avait évoqué des situations reprises
plus tard d'autres, et ce, bien entendu, par le plus grand des
hasard. Au titre des interprètes qui retiennent notre attention,
nous noterons la présence de Michel Flavius dans le rôle de
Flavien, de type 'Igor',
ce personnage rencontré dans bon nombre de récits et de films et
dont l'un des plus connus demeure l'assistant du célèbre
Frankenstein. Ce parfait inconnu qui ne semble pas avoir joué dans
d'autres longs-métrages s'en sort relativement bien. Tout comme
l'actrice Betty Becker qui elle, par contre, joua dans une trentaine
de films.
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