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vendredi 12 juin 2020

El Secreto de Marrowbone de Sergio G. Sánchez (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Il y a des longs-métrages qui ont besoin de quantité d'artifices pour attirer et maintenir l'attention des spectateurs. Mais il en existe aussi qui ont besoin de peu. El Secreto de Marrowbone fait partie de cette catégorie de films qui reposent sur des bases, une maîtrise et une confiance tellement solides de la part de leur auteur que celui-ci peut se permettre de prendre à peu près tous les risques tout en laissant derrière son œuvre et lui, un minimum de déchets. Aussi étonnant que cela puisse paraître, El Secreto de Marrowbone est le premier véritable long-métrage du réalisateur d'origine espagnole Sergio G. Sánchez. Avec ce film que certains ont sans doute trop rapidement catalogué de film d'horreur, le cinéaste nous convie à une certaine forme de féerie faisant route commune avec l'épouvante. Il faudra d'ailleurs un jour expliquer aux ignares où se situe la différence entre ces deux genres. Car à moins que votre serviteur ici présent ne soit inconsciemment dans le flou total concernant la question, il m’apparaît que la première exprime d'abord un sentiment de dégoût quasi épidermique quand la seconde, elle, s'attaque en premier lieu à l'esprit, à ses phobies, à ses peurs primales.

Si le rythme qu'imprime Sergio G. Sánchez à son œuvre paraîtra insuffisant aux amateurs de slashers, de gore, de torture-porn ou que sais-je encore, ceux qui attendent davantage qu'un catalogue d'atrocités seront conquis. Car l'air de rien, le scénario de El Secreto de Marrowbone, là encore, écrit par Sergio G. Sánchez, est un mille-feuilles ajoutant couche après couche au récit, des thèmes ''cinématographiquement universels'' d'une très grande cohésion. Plutôt que de partir d'un point A, pour se diriger vers un point B, et bifurquer enfin vers un point C pour ne faire ensuite que mélanger le tout dans une succession de séquences dont la structure scénaristique serait irréfléchie, l'espagnol intègre avec une infinie prudence chaque strate du récit pour en faire un tout indissociable et indivisible. Vous croyez en vos certitudes ? Sergio G. Sánchez se charge de les plier en deux, en quatre, et même pourquoi pas, en huit ! En bon artisan du cinéma et donc de l'irréel, il vous pousse à admettre ce qu'il entend vous faire croire. Un son, un chuchotement et la ''présence'' s'adresse tout d'abord aux personnages. Mais lorsque apparaît subrepticement à l'image une main flétrie, c'est au spectateur que le réalisateur s'adresse. Vous l'avez vu ? C'est qu'il existe... ce fantôme dont vos grands frères et sœur vous ont toujours fait croire à l'existence pour vous cacher l'horrible vérité...

Sergio G. Sánchez redéfinie en l'espace d'un seul film, les codes de plusieurs sous-genres cinématographiques qui depuis des lustres avaient tendance à s'engluer dans des ''redites'' terriblement fades. En un seul long-métrage, il renoue le spectateur avec cette J-Horror que les puristes ont sans doute pleuré lorsqu'elle a traversé l'outre-atlantique dans d’ineptes remakes américain, annihilant cette fois-ci les Rings et Grudge nouveaux, déjà peu convaincants. Il a sans doute également réécrit l'Histoire du Home-Invasion et du Survival avec une finesse qui n'a jamais été l'apanage, avouons-le, de ces deux ''entités'' du cinéma d'horreur et d'épouvante. Si suivre les aventures de Jack Marrowbone, de sa sœur Jane et de ses deux frères Billy et Sam réveille en vous d'aussi douces que douloureuses expériences offertes par le passé par Alejandro Amenabar, Guillermo del Toro ou Veronika Franz et Severin Fiala (Goodnight Mommy), alors vous êtes forcément en terrain conquis. Évoquant l'histoire bouleversante de ces gamins abandonnés à leur triste sort comme le furent dans un contexte aussi étrangement similaire ceux du troublant Cement Garden d'Andrew Birkin, on pourrait même aller jusqu'à y voir le parfait descendant de l'immense Nuit du Chasseur de Charles Laughton.

Avérées ou non, ces sources d'inspiration auxquelles le cinéphile se raccrochera peut-être sont les garantes d'un parti-pris parfaitement exécuté. George MacKay, Charlie Heaton, Mia Goth, Kyle Soller et plus loin, Anya Taylor-Joy, témoignent de l'intérêt qu'ils éprouvent pour leur personnage respectif. Tout comme Kyle Soller dont l'aveuglante obstination fait froid dans le dos. Alors non, El Secreto de Marrowbone n'est certainement pas le film d'horreur que certains aimeraient lui voir coller comme étiquette. Juste un drame sensible et nuancé mais parfois parcouru de terrifiantes fulgurances, je l'accorde. Inutile désormais de prendre l'avion pour atterrir sur l'ancienne terre des indiens d'Amérique. Tout ou partie se joue désormais près de chez vous, en Espagne. Comme une seconde vague, après [REC] et consorts. Mais en infiniment plus précieux...

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