Le réalisateur et
scénariste allemand Christian Alvart n'est pas un néophyte en
matière de mise en scène puisqu'il fut notamment l'auteur de
Antibodies
en 2005 et du Cas 39
quatre ans plus tard. Et pourtant, l'un de ses derniers projets
Abgeschnitten sorti
en 2018 possède l'ambition d'un thriller made in États-Unis, mais à
trop vouloir en donner pour son argent au public ou plus simplement
pour titiller son ego, il en résulte une œuvre qui, si elle n'est pas
dénuée de qualités, souffre malheureusement aussi de quelques
importants défauts. On ne pourra pas reprocher à Christian Alvart
une quelconque avarice. Bien au contraire, Abgeschnitten
est généreux. Un peu trop d'ailleurs. Une bonté envers son public
qui ne cache malheureusement pas la faiblesse d'un scénario qui
cherche très certainement à s'inspirer des grands classiques du thriller à
l'américaine les plus glauques avec son médecin légiste aux abois
depuis que sa fille a disparu. Lancé sur la trace d'un tueur en
série à distance et aidé par une jeune femme prénommée Linda
coincée sur l'île de Helgoland à cause d'une tempête, Paul
Herzfeld découvre tout d'abord lors d'une autopsie une capsule dans
la tête d'un cadavre à l'intérieur de laquelle se trouvent des
infos particulièrement préoccupantes pour lui. En effet, y sont
inscrits sur un bout de papier, le prénom et le numéro de téléphone
de sa fille Hannah.
C'est
le début d'une course contre la montre durant laquelle Paul est aidé
d'une part par le médecin-stagiaire Ingolf von Appen (un type sympa
mais pas très futé et riche à millions interprété par l'acteur
Enno Hesse) qui accepte de l'accompagner en voiture jusqu'à
Helgoland où se trouve Linda, et d'autre part par la jeune femme elle-même qui
au téléphone met en pratique les instructions données par le
médecin légiste afin d'autopsier un corps qu'elle a découvert plus
tôt sur l'île car Paul fait immédiatement le lien entre le cadavre
qu'il a lui-même examiné et celui qu'a découvert Linda. D'une
durée avoisinant les deux heures et dix minutes, Abgeschnitten
n'est pas de tout repos. Non seulement le réalisateur met en place
un scénario construit autour d'une zone géographique frappée par
une violente tempête (ce qui donne lieu à des séquences
particulièrement réussies en terme d'ambiance) et des scènes
situées dans une morgue mal éclairée, mais de plus, il multiplie
les points de vue (parfois à outrance), évoquant sans doute bien
malgré lui, une manière de dire ''voyez
ce dont je suis capable''.
Un catalogue rempli jusqu'à la gueule de ressources dont l'histoire
pâtit malheureusement à certaines occasions. Le public français
aura sans doute peut-être du mal à se faire à ces nom parfois
impossible à retenir et confondra tel personnage avec un autre.
Et
pourtant, comme cela est généralement le cas avec ce genre de
production, le spectateur est motivé par un rythme plutôt soutenu,
entre menus flash-back, une esthétique morbide, des séquences
d'autopsies réalistes (même si l'on est encore bien loin des
fameuses descriptions littéraires de l'écrivain américaine
Patricia Cornwell), une course contre la montre nocturne à bord
d'une voiture et un tueur sacrément pervers. Parfois très
dérangeant (la scène de viol étant particulièrement
inconfortable), le récit de Abgeschnitten
est par contre parfois difficile à digérer et l'on se perd dans les
méandres d'un scénario brouillon et mal ''éclairé''. On passera
sur la désastreuse interprétation de la jeune actrice Barbara
Prakopenka qui dans le rôle d'Hanna est incapable de personnifier
l'effroi dans le regard de son personnage pour retenir tout d'abord
les principaux interprètes que sont Moritz Bleibtreu (Paul
Herzfeld), Jasna Fritzi Bauer (Linda) ainsi que Fahri Yardım et Enno
Hesse qui apportent à eux deux une petite touche d'humour dans ce
tableau particulièrement sombre. Sans oublier Lars Eidinger qui
campe le sinistre Jan Erik Sadler. Au final, Abgeschnitten
se regarde sans réel déplaisir mais s'oubliera relativement vite...
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