Tout semble aller pour le
mieux entre Nicole et Charlie Barber. Alors qu'ils évoquent tour à
tour ce qui compose la personnalité de leur conjoint, le spectateur
se rend rapidement compte qu'en réalité, rien ne va plus entre eux.
C'est donc sur ces révélations que s'ouvre le dernier long-métrage
du réalisateur et scénariste américain Noah Baumbach. Aucun
flash-back, et pourtant, en se remémorant ce qu'ils ont vécu
ensemble et ce qui les pousse désormais à divorcer, le cinéaste
nous fait entrer de plain-pied dans l'histoire personnelle de ce
couple, père et mère du jeune Henry, qui tout au long de ces
cent-trente sept minutes que dure Marriage Story,
vont s'expliquer, se déchirer, et faire appel à leur avocat
respectif afin de mettre un terme définitif à leur union. Loin de
ces œuvre mielleuses qui nourrissent les écrans de télévision
américaine, Noah Baumbach signe une profonde étude du couple et du
divorce. Adam Driver et Scarlett Johansson incarnent ces âmes en
peine, amoureux un jour, capables d'humiliation le lendemain.
Marriage Story
observe avec réalisme le comportement d'un homme et de son épouse
mais également celui de leur entourage et de leurs avocats...
Le
spectateur est pris à témoin, pénétrant l 'intimité du
couple, empli d'émotion lorsqu'ils se déchirent et saisit d'effroi
face à la diabolique orchestration d'avocats faisant fi de tout sens
moral pour parvenir à leurs fins. Plus que le récit en lui-même
qui dégage déjà à lui seul une très grande force, c'est sans
doute la manière qu'à Noah Baumbach de filmer ses interprètes.
Qu'il les filme de loin, ou de très près, les éloignant l'un de
l'autre ou leur permettant d'éphémères contacts physiques, sa
caméra sublime leur interprétation. Nominé à de nombreuses
reprises et notamment pour l'Oscar du meilleur acteur pour Adam
Driver, la meilleure actrice pour Scarlett Johansson, le meilleur
film pour Noah Baumbach ou encore la meilleure musique et la
meilleure actrice secondaire, on voit mal comment le film pourrait
repartir les mains vides. Une hérésie lorsque l'on constate combien
son auteur a su saisir ces moments de fragilité et de tension que
génère un tel conflit.
Accompagné
par la discrète partition musicale de Randy Newman, Marriage
Story
est également porté par l'exceptionnelle interprétation de Laura
Dern. Dans le rôle de l'avocate Nora Fanshaw, laquelle défend
Nicole, l'une des anciennes égérie de David Lynch (Blue
Velvet
en 1986, Sailor et Lula
en 1990 et Inland Empire
en 2007) met en évidence et de manière implacable les méthodes
employées par certains avocats grassement rémunérés pour arriver
à leurs fins. Son pendant masculin, elle le trouve en la personne de
Jay Marotta, l'avocat définitif de Charlie, incarné par le toujours
aussi épatant Ray Liotta. Attachants, juste et bouleversants,
Scarlett Johansson et Adram Driver sont absolument remarquables. Ce
genre de long-métrage presque exclusivement porté par
l'interprétation ne souffre par conséquent d'aucune alternative à
la langue d'origine employée. Autant dire que même le doublage le
plus soigné et le plus respectueux ne pourra rendre justice à
l'interprétation des actrices et acteurs. Il est donc plus que
conseillé de découvrir le film en versio originale. Exclusivité
Netflix
(le film est sorti dans très peu de salles et pour très peu de
temps sur le territoire américain avant de connaître une sortie
mondiale sur la célèbre plate-forme), Marriage
Story est
l'un de ces longs-métrages qui clouèrent l'année 2019 en beauté...
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