Auteur d'une poignée de
longs-métrages dont Angel Mine en
1978, Virus Vampire en
1990, Rouge Sang
en 1997 et Wound
en 2010, le réalisateur David Blyth est surtout connu des amateurs
de cinéma d'épouvante pour avoir signé en 1984, l'un des tout
premiers films d'horreur néo-zélandais. Trois ans avant sont
homologue Peter Jackson qui signera en 1987 le cultissime Bad
Taste
mais trois ans après Strange Behavior
de Michael Laughlin et deux après Next of Kin
de Tony Williams qui demeurent deux productions internationales,
David Blyth signait en effet son redoutable Death
Warmed Up
qui fit les beaux jours de la VHS dans l'hexagone en sortant à
l'époque chez René
Château,
fameux éditeur français de vidéos qui dans les années
quatre-vingt proposa sur le marché la mythique collection de films
d'horreur ''Les
Films que vous ne verrez jamais à la télévision''.
Death Warmed Up fut
LA réponse néo-zélandaise au cinéma organique et psychique du
canadien David Cronenberg. N'ayant sans doute pas les moyens et les
qualités requises pour proposer un produit aussi honorable que les
grandes œuvres de l'auteur de Chromosome 3,
Scanners
ou Videodrome,
le film de David Blyth apparaît souvent comme une série Z bien que
contrairement à la majorité d'entre elles, le film possède ce
petit quelque chose qui le démarque de la concurrence...
À
commencer par l'absence de véritable ''héros''. En effet, Michael
Hurst qui incarne Michael Tucker, qui sous l'emprise psychique d'un
médecin dément tua ses deux parents avant de passer sept ans en
hôpital psychiatrique n'est pas ce que l'on pourrait considérer de
psychologiquement très sain. Ensuite, il y a ce médecin, justement.
Interprété par l'acteur Gary Day, le docteur Howell a de grandes
ambitions mais pour les mener à bien, il emploie des méthodes plus
que douteuses dont les répercussions sur ses patients sont
terribles : se prenant pour Dieu et convaincu d'avoir trouvé la
formule d'un sérum capable de rallonger la vie, ses cobayes
ressortent de leur traitement avec des séquelles physiques et
intellectuelles épouvantables. Death Warmed Up
aurait
pu prendre la forme d'un banal slasher (l'histoire tourne également
autour de Sandy (Margaret Umbers), Jeannie (Norelle Scott) et Lucas
(William Upjohn), la compagne de Michael et deux de leurs amis, mais
le réalisateur néo-zélandais choisi d'en faire un produit beaucoup
plus étrange...
Se
terminant sous des allures de fin du monde, la dégaine de certains
mutants se rapprochant sensiblement des ''costumes'' visibles dans
bon nombre de longs-métrages post-apocalyptiques, Death
Warmed Up
ménage des séquences d'une profonde noirceur accentuées par un
nihilisme presque total. L'un de ses aspects les plus remarquables
reste son ambiance parfois étouffante, morbide, graduellement mise
en place par la glaçante partition musicale signée Mark Nicholas.
Le réalisateur parvient avec aisance à nous faire entrer dans un
univers terriblement anxiogène et barbare, où la morale est absente
même chez l'autorité. Le médecin est un boucher, ses infirmières
sont sinistres, l’hôpital est sordide, les affiches publicitaires
arborant l'effigie de docteur Howell sont glaçantes et confiés aux
''bons soins'' de ce derniers, ses patients se muent en créatures
humanoïdes repoussantes. S'il y a du David Cronenberg, il y a sans
doute également du Tobe Hooper dans ce film bien plus vieux que la
suite de Massacre à la Tronçonneuse
et qui pourtant déjà, expose des individus au look semblable (on
pense notamment au Chop Top Sawyer incarné par Bill Moseley dans la
séquelle toujours réalisée par Tobe Hooper).
Si
les couleurs, parfois, dégueulent et si le scénario est des plus
mince, Death Warmed Up dégage
une atmosphère si étrange et si puissamment anxiogène qu'on lui
pardonne ses larges fautes de goût. Une œuvre que l'on hésite en
tout cas à ranger dans tel ou tel compartiment. Horreur, épouvante,
gore, fantastique, post-apocalyptique, B ou Z. Malgré ses défauts,
cela n'a pas empêché le long-métrage de David Blyth de remporter
cette année là la Licorne
d'or au
festival du grand Rex. Une reconnaissance méritée pour un cinéma
néo-zélandais horrifique relativement frileux à l'époque. En tout
cas, une curiosité qui même trente-cinq ans plus tard continue de
faire son petit effet. Foutraque, mais culte !
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