Employé au musée de la
BD d'Angoulême, illustrateur de plusieurs mensuels pour la jeunesse
et auteur de la revue Psikopat,
le dessinateur français Mathieu Sapin a également conçu les
effets-visuels des premiers et troisièmes opus de la saga
cinématographique Arthur et les Minimoys avant
de passer à la réalisation en 2014 avec le court-métrage Vengeance
et Terre Battue en
2014 et le long-métrage Le Poulain
quatre ans plus tard. Dans ce dernier qu'il adapte d'après un
scénario qu'il a écrit lui-même en compagnie du scénariste et
réalisateur Noé Debré (lequel fut entre autres à l'origine des
scénarii des Gamins d'Anthony
Marciano en 2013, de Problemos
d'Eric Judor en 2017 et du Monde est à Toi
de Romain Gavras en 2018), Mathieu Sapin met en scène Alexandra
Lamy dans le rôle d'Agnès Karadzic, directrice en communication
d'un homme politique (excellent Gilles Cohen) ainsi que l'acteur
franco-britannique Finnegan Odlfield dans celui d'Arnaud Jaurès,
poussé en avant par Daniel (Savoureux Philippe Katerine) qui le
convainc de se présenter auprès d'elle afin d'intégrer l'équipe
de campagne de Gilles Prenois, le politicien en question...
Féroce
tout en ne versant cependant jamais dans l'humour noir, Le
Poulain évoque
tout d'abord les contradictions qui opposent un jeune homme qui a
pris le parti de défendre auprès de sa petite amie la cause des
inuits et une directrice en communication cynique et ambitieuse.
Mathieu Sapin choisit de traiter son sujet sous l'angle de la comédie
et nous offre une démonstration peu élogieuse du monde de la
politique. Naïf, le jeune Arnaud s'y fait littéralement dévorer
avant d'apprendre aux dépends d'Agnès Karadzic, les ficelles du
métier, devenant lui-même aussi féroce et ambitieux qu'elle et
parvenant finalement à se faire apprécier de ses collaborateurs et
même du candidat Prenois lui-même...
Visionnaire
à certaines entournures (le président de la république est une
femme), Le Poulain tente
une approche réaliste du monde de la politique en observant le
comportement des principaux intéressés. Cependant, Mathieu Sapin ne
se refuse pas quelques absurdes virées dans l'humour en provoquant
des situations ubuesques (la mère du ''futur'' président décédant
après un test d'effort à l'origine préconisé par le jeune
stagiaire ou le comportement abusivement protecteur de Daniel vis à
vis de celui-ci). Ce qui n'empêche pourtant pas au film de révéler
une attitude parfois abjecte de la part de certains partenaires que
le réalisateur s'amuse pourtant à pourfendre sur le ton de la
comédie. On pense notamment au discours d'Agnès Karadzic se servant
d'un texte ''volé'' à Daniel avant que l'on apprenne finalement que
celui-ci s'est lui-même inspiré d'une publicité Macdonald.
A cet univers froid, manipulateur, cynique et engagé, Mathieu Sapin
oppose une étrange relation entre le poulain du titre et la
directrice en communication. Un jeu de séduction qui étonnamment
fonctionne dans ce contexte politique sacrément bien emballé
lorsqu'interviennent notamment les médias lors de retransmissions
télévisées proches de ce que l'on a l'habitude de voir. Le message
de Mathieu Sapin est clair : tout en faisant la démonstration
de cet univers implacable, le réalisateur positive en démontrant
que tout n'y est pas si sombre. Maintenant, reste aux spectateurs de
faire la part des choses entre réalité et fantaisie...
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