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mardi 28 janvier 2020

Parasite (기생충) de Joon-ho Bong (2019) - ★★★★★★★★★★




Alors qu'une version de six heures va bientôt voir le jour et que le film ressort en février en noir et blanc sous le titre Parasite, the Black and White Version,  que vaut réellement le long-métrage du réalisateur sud-coréen Joon-ho Bong nominé dans de nombreux festivals et notamment couronné de la Palme d'Or au festival de Cannes 2019 ? Si d'une manière générale il est possible de concevoir que l'obtention d'un prix demeure subjective, il paraît cependant difficile de dénigrer les valeurs du dernier effort de l'auteur des brillants Memories of Murder en 2003, The Host en 2006 ou de Okja en 2017 et du prix que le jury entourant le président cette année là, le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, lui ont octroyé. Surtout, l'annonce d'une version trois fois plus longue que l'original prévue prochainement n'étonnera sans doute personne au vu du colossal concept qu'a mis en place Joon-ho Bong. Déjà admirable en l'état, on imagine à quoi pourrait ressembler Parasite dans une version rallongée de plusieurs heures...
A priori, il demeure dans la traduction du titre en français et à l'internationale, l'étrange choix d'avoir opté pour un singulier plutôt qu'un pluriel de l'original coréen. Sans supposer que les distributeurs internationaux aient eu l'outrecuidance d'aiguiller les spectateurs dans une mauvaise direction en exhibant une affiche qui évoquerait vaguement un long-métrage en forme de ''Cluedo'', tout laisse d'abord supposer un jeu de massacre dont l'un des principaux intérêts tournerait autour de la découverte d'un tueur. Sauf que le film de Joon-ho Bong ne ressemble absolument pas à son affiche française qui voudrait qu'UNE erreur se cache en son sein (les plus observateurs remarqueront les pieds nus qui débordent du ''portrait de famille''.

L'un des seuls mystères qui entourent cette affiche demeure jusqu'à ce que l'on découvre le fin mot de l'histoire, l'identité des parasites en question qu'il sera donc de bon ton de mettre au pluriel et de différencier des autres. Plus qu'une comédie acide, une critique sociale acerbe ou un thriller cynique, Parasite est d'abord un formidable jeu de construction qui poussera invariablement le spectateur à se demander à quel moment la mise en scène ou le scénario va faillir. Si l'on se pose cette question, c'est que l'on ne conçoit pas encore qu'un film puisse atteindre un tel niveau de perfection. Et pourtant, le miracle a bien lieu, et même dans un contexte aussi délicat qui pousse le spectateur à s'interroger sur certaines situations demeurant fragiles (est-il crédible qu'une famille entière de désœuvrés puisse ainsi s'imposer dans une famille aisée dont le ''patiarche'' ne semble pourtant pas né de la dernière pluie?), le réalisateur sud-coréen apporte chaque fois une réponse plausible et cohérente... Si cohésion ne rime pas avec cohérence, elle est cependant elle aussi le résultat d'un travail minutieux de la part de Bong Joon-ho et de son co-scénariste Han Jin-won qui nous livrent un script parfaitement construit...

Lorsque Ki-woo Kim (Choi Woo-sik) est embauché par Yeon-gyo Park (Cho Yeo-jeong) afin de donner des cours d'anglais à sa fille Da-hye (Jung Ziso), le jeune homme est le premier à mettre le pied à l'étrier d'un improbable enchaînement de situations visant à faire employer les autres membre de sa famille. D'abord la sœur, Ki-jun (Park So-dam), qui se chargera du fils Park, le tout jeune Da-song (Jung Hyeon-jun), puis viendront ensuite le père Ki-taek (Song Kang-ho), le nouveau chauffeur de la famille, et enfin la mère Chung-sook (Jang Hye-jin), la nouvelle domestique. D'un côté, la famille Kim, au chômage et vivant dans un taudis, de l'autre, la famille Park qui vit elle dans une luxueuse demeure d'un quartier chic de la ville. Une fois la famille Kim installée, les bases du scénario sont posées. Ne reste plus alors pour Joon-ho Bong que de jouer sur différentes cordes, entre comédie et thriller. Car plus encore que ces parasites suffisamment ingénieux pour ne jamais apparaître sous leur véritable jour et vampiriser leurs hôtes, quelque chose de bien plus profond et ''souterrain'' se cache au sein du récit.

Si le cadre froid et impersonnel de celle-ci nous renvoie tout d'abord une image désolante et sinistre de la famille Park, c'est apar contre le sous-sol et les alentours où vivent à l'origine les Kim qui réfléchissent l'humanité de petites gens pourtant peu scrupuleux. On est saisit par la beauté de certains éclairages nocturnes et autant par les décors de Lee Ha-jun et les effets visuels créés par un nombre titanesque de techniciens, lesquels mettent en valeur la décrépitude du lieu où vivent les Kim. Avec Parasite, Joon-ho Bong prouve que même la laideur ou la monstruosité peuvent faire l'objet d'une attention toute particulière. L’inondation du sous-sol chez les Kim ou le bunker des Park étant représentatifs d'univers anxiogènes mis en lumière par le cinéaste. Si dans une grande majorité des cas le spectateur aura bien du mal à prendre fait et cause soit pour la famille de parasites (les Kim) soit pour les ''infestés'' (les Park), le sud-coréen s'amuse à distiller quelques menues séquences qui nous font choisir les uns avant de changer d'opinio pour se positionner du côté des autres. Jamais avare en terme de retournements de situation, Parasite vire même au cauchemar, à travers cette séquestration volontaire, ce final grand-guignolesque, ou encore cette (in)volontaire références aux J-Horror qui pour une fois aura laissé raisonner non pas des hurlements de peur mais des rires. Enfin, impossible d'évoquer l’œuvre de Joon-ho Bong sans parler de l'interprétation. Si la direction d'acteurs est irréprochable, les interprètes eux-mêmes demeurent absolument brillants. Une Palme d'or à Cannes amplement méritée...

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