Démarrer une collection
comme ''Les films que vous ne verrez jamais à la télévision''
de René Château avec le pire des navets pouvait à l'époque tuer
dans l’œuf toute envie d'approfondir le sujet. Je dis bien à
l'époque car aujourd'hui la norme se dirigeant vers toujours
davantage d'outrance, un tel procédé consistant à éveiller la
curiosité des amateurs de films extrêmement durs n'a plus la même
valeur. Pire : faire croire désormais que des œuvres sont si
terribles qu'elles ne passeront jamais sur aucune chaîne peut être
immédiatement assimilé à ces phrases chocs ou ces superbes
jaquettes qui en d'autres temps, ornaient des cassettes vidéo tout
en nous vendant de la poudre aux yeux. Terminer cette même
collection avec le dit objet du délit serait forcément une
déception. Surtout lorsqu'on veut du ''toujours plus loin''
''toujours plus fort'', '''toujours plus violent'', ''toujours plus
sanglant'' et que l'on nous offre en échange une purge
cinématographique ! Devinette : parmi Le
Crocodile de la Mort (1976),
Du Sang pour Dracula
(1973), Chair pour Frankenstein
(1974), Inseminoïd
(1981), La Maison de la Terreur
(1983), Maniac
(1980), La Chasse Sanglante
(1974), La Marque du Diable (1970),
Massacre à la Tronçonneuse
(1974) et Zombie (1978),
lequel est une erreur ? Ceux qui oseront citer les œuvres de
Tobe Hooper, William Lustig, George Romero, Norman J. Warren, Paul
Morrissey, Peter Collinson ou Michael Armstrong peuvent d'ors et déjà
cesser de lire ces lignes et se refaire une santé en redécouvrant
ces films dont une partie demeure mythique. Car oui, s'il y a erreur
dans cette collection, c'est du côté de Lamberto Bava qu'il faut se
rendre.
Si
tant est qu'une huître soit en mesure d'éprouver des sentiments,
seriez-vous capable de déceler chez elle la peur, la tristesse, la
douleur ou la joie ? Certes, non. C'est peut-être pourquoi
certains des interprètes de La Maison de la Terreur
font parfois penser à un banc de mollusques accrochés à leur bout
de rocher. L'acteur italien Andrea Occhipinti qui incarne dans le cas
présent le personnage de Bruno est d'une ''inexpressivité'' qui
confine, je vous le dis, au génie. Incapable d'exprimer tel ou tel
sentiment, on le croirait presque adepte des injections de toxine
botulique à force d'arborer toujours la même expression. Un type
vient apparemment de détruire les bandes magnétiques renfermant ses
précieux enregistrements mais non, Bruno s'en tape, le visage
éternel du benêt que rien n'atteint. Et ça n'est qu'un seul
exemple ! Il ne faudra donc pas compter sur Andrea Occhipinti,
qui durant sa carrière sera plus habitué au petit écran qu'au
grand, pour nous communiquer le moindre sentiment de malaise. On ne
va pas citer les autres acteurs ni évoquer leur interprétation
puisqu'elles se valent toutes. Faites un copier/coller pour chacun
d'eux si ça vous chante...
Concernant
la réalisation de Lamberto Bava, prenez les pires séquences de son
Démons
de 1985 (soit, celles situées dans les catacombes) et
démultipliez-les afin d'en faire un long-métrage d'une heure trois
quarts environs. Cela vous donnera une petite idée du contenu de La
Maison de la Terreur
mais surtout des ''talents'' de réalisateur du cinéaste italien.
Incohérent, et même invraisemblable, le scénario a le culot de se
permettre des libertés inenvisageables dans un film digne de ce nom.
Le héros déambule dans sa demeure, travaillant inlassablement sur
la même composition, celle d'un film d'horreur, laquelle finira par
invariablement vous prendre la tête. Le terme ''vide artistique''
prend ici tout son sens. On a parfois l'impression que Lamberto Bava
se fiche royalement de son histoire et de ses interprètes, laissant
Andrea Occhipinti/Bruno vaquer à des occupations qui n'ont rien de
stimulant ni pour lui, ni pour le spectateur. L'ennui s'installe
rapidement pour ne plus le lâcher jusqu'au générique de fin. C'est
d'autant plus dommage que lors de cet encéphalogramme plat caché
sous les allures d'un long-métrage cinéma, une légère saillie
permet de constater ce qu'aurait pu être La
Maison de la Terreur si
son auteur y avait attaché davantage d'importance tout au long de sa
mise en scène. Cette séquence, la seule à valoir véritablement le
détour se situe dans la salle de bain du héros et dans laquelle une
femme est assassinée dans des circonstances particulièrement
violentes. Une scène graphiquement très réussie mais
malheureusement orpheline... Giallo du pauvre, La
Maison de la Terreur est
absolument indigeste, inintéressant, mal joué et ''Cocorico'',
terriblement mal doublé. C'est peut-être d'ailleurs l'un des rares
aspects positif du long-métrage qui devient alors parfois dans notre
langue, irrésistiblement (mais involontairement) drôle. À
condition d'avoir au préalable vidé quelques bouteilles d'alcool...
Inseminoid est mieux ?
RépondreSupprimerDeux "erreurs" dans la collection "Les films que vous ne verrez jamais à la télévision" de René Château selon moi.