J'avais d'abord prévu
d'évoquer le remake de Poltergeist réalisé en 2015
par Gil Kenan, mais y ayant ressenti autant de sensations que devant
un épisode des Feux de l'Amour, j'ai ensuite opté pour
revenir sur la version « Extended Mall Hours » du
Dawn of the Dead de George Romero. Puis, le souvenir
d'un événement ayant fait grand bruit dans la presse spécialisée
dans les genres que sont l'horreur, l'épouvante et la
science-fiction m'est revenu à l'esprit. Je m'suis dis, pourquoi ne
pas d'abord revenir sur celui qui ouvrit les vannes d'un genre
désormais fort encombré dix ans plus tôt, en 1968. The Night
of the Living Dead, cet immense classique qui, pour une
histoire de droits mal réglés, permet encore aujourd'hui à
quiconque de l'exploiter sans avoir de comptes à rendre. Je ne vais
pas vous la faire longue vu que tout le monde (ou presque) connaît
ce petit film en noir et blanc ayant mis les points sur les I quant
aux habitudes « anthropophagiques » de ses
créatures pas encore tout à fait décharnées, mais plutôt vous la
faire courte.
The Night of the
Living Dead sort
aux États-Unis le 1er octobre 1968 et presque un an et demi plus
tard en France. Le film nous narre la survie d'un groupe hétéroclite
d'un point de vue racial et comportemental. Du héros noir
pourfendant des macchabées sortis de leur tombe, jusqu'au blanc
raciste calfeutré dans la cave d'une maison de campagne en compagnie
de son épouse et de leur fille gravement blessée, en passant par le
couple de jeunes, et la blonde terrorisée ayant été le témoin de
l'attaque de son frère par le premier mort-vivant à apparaître à
l'écran. Le cadre étriqué de cette demeure qui devient très vite
trop exiguë pour que la cohésion demeure entre des individus qui,
pourtant, ne diffèrent pas socialement. Romero y construit un huis
clos particulièrement efficace et prouvait déjà à l'époque, que
l'homme pouvait s'avérer bien plus dangereux que les créatures
errantes s’agglutinant de plus en plus autour de la maison. La
conclusion, tous les fans la connaissent :
Cette version réduite d'une guerre intestine allait mener le groupe
à sa propre perte, les premiers mourant immolés par le feu, les
autres, sous les mâchoires gourmandes des morts-vivants. George
Romero profitera de l'occasion pour dresser le portrait d'une
Amérique peu élogieux, entre message écologique et caractère
xénophobe d'une partie de ses habitants, allant même jusqu'à tuer
le plus valeureux représentant de l'espèce humaine, ici le noir,
forcément, tué d'une balle dans la tête comme un vulgaire zombie.
Une scène presque amusante dans sa noirceur, mais certainement pas
dans ce qu'elle implique : toujours ce racisme anti-noirs qui
empoisonne encore pas mal une partie de la population américaine.
Humour encore lorsque Barbara, la blonde en question, si léthargique
qu'on se verrait presque lui offrir une paire de gifles, (pour son
bien, et peut-être par plaisir coupable également), sert de repas à
son propre frère, tué au début du film, et revenu d'entre les
morts pour se nourrir de chair humaine.
The Night of the
Living Dead est
un chef-d’œuvre intemporel qui malgré ses cinquante ans, n'a
pratiquement pas pris une ride. En 1990, le roi des effets-spéciaux
gore Tom Savini propose une relecture du scénario original et
réalise lui-même un remake de facture relativement bonne. Tout au
plus aurions-nous pu espérer davantage de gore. Une version
colorisée qui donnera sans doute des idées à certains puisque
débarquera également l’œuvre originale toute de couleurs
revêtue. Un habillage inutile que l'on retrouvera notamment dans
l'édition proposée pour les trente ans du long-métrage par le
distributeur G.C.T.H.V ! Mais le plus étonnant dans toute cette
histoire demeure la version proposée par l'auteur du scénario
original John A. Russo (auteur également de la novélisation écrite
en 1974 et disponible en français dans la collection GORE en 1985)
en 1999, celle-là même qui, justement, fit parler d'elle. Mais
alors, pour de bonnes ou de mauvaises raisons ?
La
première chose qui saute aux yeux, ou pour être plus précis, aux
oreilles, c'est la bande musicale remplaçant celle d'origine,
désormais composée par un certain Scott Vladimir Licina, notamment
producteur et scénariste du court-métrage The
Unholy Manipulator
de James Zahn en 2012. Une partition musicale qui ne présage rien de
particulièrement bon, l'air rappelant ces bandes-son accompagnant de
vieux films muets dépoussiérés même si elle tente de rajeunir
l'accompagnement musical particulièrement vieillot de The
Night of the Living Dead version
1968 . Mais passons...
Deuxième
chose, les premières images ne correspondent pas du tout à celle de
l’œuvre originale. Alors qu'en 1968, le film s'ouvrait sur
l'arrivée dans un cimetière à bord d'une voiture de Barbara et son
frère venus déposer des fleurs sur la tombe de leurs parents, la
version de John Russo nous accueille avec deux types se chargeant
d'installer à l'arrière d'un véhicule le cercueil d'un défunt,
tout cela sous le regard d'un agent de police. L'étonnement laisse
la place à l'interrogation : L'image est propre. Peut-être un
peu trop d'ailleurs à côté de celle du film version 1968 qui n'est
pas connue pour être d'une qualité exceptionnelle. Étonnement donc
car ces images que l'on découvre alors ne sont en fait pas le fruit
du travail de George Romero, mais bien un ajout assumé par John
Russo lui-même. Le contraste est alors saisissant. Mais pas dans le
bon sens. Le décalage entre les ajouts (car il y en aura plusieurs)
est facilement détectable et si le principe est relativement
discutable, certains n'y verront peut-être que du feu. Les plus
fidèles au cinéaste originaire de Pittsburgh et les plus attentifs
auront remarqué qu'en comparaison de la durée initiale de l’œuvre
originale d'une heure trente-cinq minutes et quarante-trois secondes,
la version de John Russo propose un récit s'écoulant sur une durée
d'une heure, trente-deux minutes et quarante-deux seconde. Le calcul
est simple : il manque trois minutes et une seconde. Et si l'on
se réfère aux ajouts de John Russo, il manque à la version
originale, bien davantage encore que ces cent quatre-vingt une
secondes. Une trahison pour une éditions censée honorer à l'époque
les trente ans du film.
Bon
allez, j'retourne à mon édition « Néo
Publishind »
de 2002 contenue dans un double programme mettant d'abord en avant le
très savoureux The Return of the Living-Dead
de Dan O'Bannon, le classique de George Romero étant, lui, relégué
dans la section bonus.
Et même si cette édition pêche par un défaut d'une conséquente
ampleur (le transfert est de très mauvaise qualité), l'éditeur
aura au moins respecté les teintes originales et aura proposé le
long-métrage dans sa version d'origine sous-titrée en français...
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