Connu pour avoir
distribué par l'entremise de la collection ''Les films que vous
ne verrez jamais à la télévision''
des films tels que Massacre à la tronçonneuse
de Tobe Hooper, Maniac
de William Lustig, Zombie
de George Romero Inseminoid
de Norman J. Warren ou le diptyque de Paul Morrissey Du
Sang pour Dracula/Chair
pour Frankenstein,
René Château y distribua également Open Season
(La
chasse Sanglante)
de l'américain Peter Collinson. Sorti la même année que le
classique de Tobe Hooper et ayant lui-même connu des difficultés
avec la censure française, le film sera le premier long-métrage
hors pornographie à être orné d'un X le condamnant à une sortie
dans les salles interdite aux moins de dix-huit ans en août 1982. Un
moindre mal si l'on considère qu'avant cela, il fut tout simplement
interdit pour incitation à la violence pendant une durée de sept
années environs avant de pouvoir enfin éclore dans les salles de
cinéma. Les possesseurs de magnétoscopes furent donc dans
l'hexagone, les premiers à pouvoir profiter de ce Rape
& Revenge
tardif dans la chronologie des faits développés dans le récit
lui-même. Tardif en effet, puisque l'intrigue ne se dénouera que
durant la dernière demi-heure, l'heure précédente étant consacrée
aux agissements de trois anciens combattants du Vietnam dont la
passion première semble être devenue la chasse à l'homme...
Sans
excuser ses personnages ni leur trouver une quelconque raison valable
aux agissements dont ils se rendent responsables, Peter Collinson
note que leur participation au conflit opposant les États-Unis au
Vietnam a pu générer chez eux un traumatisme tel qu'ils en auraient
perdu tout bon sens et une grande partie de leur humanité. Ce que
semblent froidement étayer les événements, à peine supportables,
décrits à la manière de La Traque
de Serge Leroy dans lequel la pauvre Mimsy Farmer était de son côté
en proie aux agissements d'une bande de chasseurs français, des
notables qui la violèrent et finirent par l'assassiner. Le malaise
chez Peter Collinson est peut-être encore plus grand que chez le
français, du fait de cette nonchalance dont font preuve trois amis
de toujours, acquittés il y a longtemps pour un viol qu'ils avaient
pourtant bien commis, lesquels semble avoir perdu une partie de leur
conscience, de leur morale et de leur humanité sur le champ de
bataille. Ken, Greg et Art sont le reflet d'une guerre qui n'a pas
fini de les tourmenter. Sue et Martin sont amants et ont le malheur
ou la malchance de s'être arrêtés devant la même station-service
que les trois anciens soldats. Dès lors, ces derniers vont les
suivre, les kidnapper, les humilier, violer la jeune femme puis les
libérer afin d'en faire leur proie lors d'une parie de chasse
(in)humaine...
Quarante-six
ans après, Open Season n'a
rien perdu de son impact. Le fait même que Peter Fonda, John Philip
Law et Richard Lynch incarnent justement ces trois monstres froids
accentue le malaise. Ces fameux interprètes, stars du cinéma et de
la télévision passent du statut de ''héros'' à celui de monstres
sans pitié, sans âme et sans cœur. En s’appesantissant si
longtemps sur les actes psychologiquement déstabilisant, Peter
Collinson dérange, malmène aussi bien son couple adultère que les
spectateurs, témoins/voyeurs d'un asservissement et d'une
humiliation abjectes qui trouve l'un de ses points culminants lorsque
Martin assiste aux ébats contraints et forcés entre Nancy et Ken.
Autre élément déstabilisant : plus encore que l'explication
d'un traumatisme liée au conflit vietnamien, c'est peut-être cette
injustice qui a bénéficié au trois ''chasseurs'' qui se croient
alors au dessus de la loi et revendiquent donc la possibilité de
tuer en toute impunité qui dérange davantage. Qu'il est long à
venir ce court instant où l'on aimerait croire que la situation va
tourner en la faveur des victimes. Mais comme cela arrive dans la
majeure partie des cas, leur sort est noué dès le début. Tout
juste le spectateur pourra-t-il être comblé lorsque viendra la
vengeance tardive et inattendue du père dont la fille fut violée au
début du film... Radical, nihiliste, jusqu'auboutiste, difficile de
choisir le camp de ces trois hommes tourmentant leurs victimes après
l'avoir été eux-mêmes. Open Season demeure
une valeur sûre dans le domaine du Rape
& Revenge.
Une œuvre choc qui ne peut laisser personne insensible...
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