Fils du célèbre
réalisateur français Jean-Paul Rappeneau (Les Mariés de l'an
II avec Jean-Paul Belmondo en 1971, Cyrano de Bergerac
avec Gérard Depardieu en 1990, Le Hussard sur le toit
avec Juliette Binoche en 1995), le scénariste et réalisateur Julien
Rappeneau revenait en 2019 avec son second long-métrage quatre ans
après Rosalie Blum.
En adaptant le roman graphique Dream
Team du
scénariste Mario Torrecillas et du dessinateur barcelonais Artur
Laperla, Julien rappeneau réalise une œuvre touchante, mêlant à
la fois une chronique familiale, la passion pour le football, la
comédie et dépeint d'une certaine manière la vie d'un petite
localité du nord de la France ''bousculée'' par un événement qui
va lui permettre de se ''réveiller''
quelque peu. Dans une ville touchée par le chômage et dont une
partie de la population s'enferme dans son unique bar pour y dépenser
son salaire en alcool, le jeune Théo est l'espoir de son père
Laurent, lui-même alcoolique, divorcé de Chloé (laquelle a refait
sa vie) et qui le jour où il apprend que son fils a été recruté
par un club de football décide de se reprendre en main. Abandonnant
la boisson, décidé à prendre un appartement alors qu'il vivait
jusque là chez sa grand-tante, reprenant contact avec l'assistante
sociale Sarah, Laurent espère pouvoir emmener lui-même son fils
jusqu'en Angleterre. Mais il y a un hic. Alors que son père est fier
de Théo et qu'il partage sa joie avec ses copains du bistrot, la
vérité, c'est que le jeune garçon a menti. Trop petit, il n'a pas
été recruté pour jouer dans l’équipe de football d'Angleterre.
Trop content de voir son père heureux, Théo s'enfonce pourtant dans
le mensonge, aidé par son ami Max, Geek
et agoraphobe...
On
savait l'acteur belge François Damiens capable de jouer dans la
comédie et dans le drame mais il tient en ce personnage de Laurent,
sans doute son incarnation la plus subtile. Du moins, la plus
touchante. En père alcoolique, entre le bar du village où il
s'évertue à se détruire à grand renfort de pastis et les matchs
de football où il se ridiculise en hurlant sur l'arbitre où sur les
équipes adverses, humiliant ainsi involontairement son fils Théo,
François Damiens a parfaitement su cerner son personnage. Autour de
lui, un panel d'interprètes brillants. À commencer par le jeune
Maleaume Paquin qui incarne Théo. Un an après avoir joué auprès
de Daniel Auteuil dans Rémi sans Famille
d'Antoine Blossier, Julien Rappeneau lui offre l'un des deux rôles
principaux. Ce qui lui permettra de se frotter non seulement à
François Damiens avec lequel son personnage entretient des relations
fusionnelles particulièrement touchantes, mais lui donnera également
l'occasion d'approcher André Dussolier qui incarne ici le personnage
de Claude, son entraîneur, Ludivine Sagnier, qui interprète sa mère
Chloé, ainsi que Laetitia Dosch, Sébastien Chassagne, l'épatante
Cassiopée Mayance ou encore l'hilarant Pierre Gommé qui interprète
l'irrésistible Max, l'ami agoraphobe enfermé en permanence dans sa
chambre...
Fourmi
est d'abord une comédie familiale plutôt convaincante. On s'amuse
de voir le jeune Théo s'embourber dans son mensonge ou son père
reprendre goût à la vie. Mais le film de Julien Rappeneau est sans
doute beaucoup plus profond que la majorité des comédies que nous
servent habituellement les auteurs français. Comédie, oui, mais
aussi critique sociale d'une cité en proie au chômage et à
l'alcool et où le football est un exutoire qui permet d'échapper à
la réalité. C'est sans doute la raison pour laquelle le mensonge du
jeune Théo va prendre une telle ampleur, touchant de près ou de
loin tous les habitants du coin. François Damiens porte
littéralement le film sur ses épaules, aidé en cela par des
interprètes remarquables. Diverses générations d'acteurs
merveilleusement dirigés par un Julien Rappeneau qui ''aime''
visiblement ses interprètes. On ne versera sans doute pas la moindre
larme, l'humour revenant sans cesse nous rappeler que nous sommes
d'abord devant une comédie, mais l'histoire de ce fils et de ce père
demeure tout de même fort émouvante. Une jolie surprise...
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