
C'est
à ce moment très précis que réapparaît un certain Jack Sommersby
dans la petite ville de Vine Hill alors que tous les villageois
pensaient qu'il avait péri lors du conflit opposant les États-Unis
d'Amérique aux États confédérés d'Amérique. Alors qu'il
retrouve ses amis, ses proches, mais aussi et surtout son épouse
Laurel, très rapidement, certains petits détails laissent à penser
que Jack ne serait peut-être pas celui que l'on pense. Cependant, la
vie reprend normalement son cours, Jack proposant même aux habitants
de Vine Hill de financer un projet visant à cultiver le tabac.
Malheureusement pour lui et pour Laurel qui vient de lui donner un
second enfant six ans après sa disparition, la justice le rattrape.
En effet, accusé d'avoir tué un homme, il est emmené en ville par
les autorités qui s'apprêtent alors à le juger pour meurtre. Jack
Risque d'y perdre la vie, à moins que son avocat parvienne à
prouver qu'il n'est pas celui qu'il prétend être...
Du
charme austère et pittoresque de la France profonde des années 1550
l'on passe directement à celles de 1865, dans un petit village qui
risque de très fortement décevoir les spectateurs qui furent
subjugués par la splendeur de la reconstitution du décorateur Alain
Nègre pour l’œuvre de Daniel Vigne. En comparaison, la petit
ville de Vine Hill paraît bien vide et minimaliste. Le réalisateur
américain choisit quant à lui d'organiser d'importantes
modifications par rapport au scénario original ou même plus
simplement par rapport au fait divers. Outre le lieu et le temps, le
personnage incarné par la star américaine Richard Gere est très
sensiblement différent de celui formidablement interprété par
notre Gérard Depardieu national. D'un côté, nous avons Jack, qui
plus que le simple usurpateur d'identité venu littéralement voler
ceux qu'il a d'abord trompés qu'incarnait Gérard Depardieu s'avère
être un individu à la recherche d'un toit, d'une vie de famille et
d'un amour. En ce sens, le Jack Sommersby de Jon Amiel est plus
''fin'' et sensible que Martin Guerre de Daniel Vigne qui s'avère au
final n'être qu'un escroc attiré par l’appât du gain. Concernant
Jodie Foster, l'actrice américaine incarne une Laurel proche de
Bertrande de Rois, l'épouse de Martin Guerre. Peut-être un peu
moins sensible mais en tout cas, tout aussi ambiguë dans sa relation
avec son ''époux''. Si Jon Amiel joue sur le questionnement qui
entoure ce personnage dont on ne sait jamais vraiment avant la fin si
elle sait en son fort intérieur que Jack n'est pas celui qu'elle
épousa des années en arrière, il est dommage que le cinéaste
n'ait pas choisi de laisser le spectateur sur cette interrogation.
D'autant
plus qu'interviennent des événements qui changent radicalement la
donne en comparaison de l’œuvre de Daniel Vigne. Chez Jon Amiel,
le procès entourant l'affaire Jack Sommersby n'est plus simplement
celle d'une usurpation d'identité mais met en péril l'existence
même du personnage qui risque sa vie lors d'un procès l'accusant
d'avoir commis un meurtre. Absent du film américain, l’incroyable
twist dans lequel intervenait l'excellent acteur français
Bernard-Pierre Donnadieu dans Le Retour de Martin
Guerre
laisse la place à un échange entre Jack, enfermé dans sa cellule
et attendant son exécution, et Laurel. Au fond, Sommersby
n'est pas un mauvais film. Il possède d'ailleurs certaines qualités
qui le démarquent de l'original (la seconde partie, lors du procès)
s'avère beaucoup plus intéressante que la première). Mais lorsque
l'on connaît Le Retour de Martin Guerre,
il devient délicat de passer à la version américaine sans penser
que l’œuvre de Jon Amiel y a perdu beaucoup de sa puissance
évocatrice. À découvrir si, et seulement si, vous ne connaissez
par encore le chef-d’œuvre de Daniel Vigne...
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