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lundi 16 décembre 2019

Sommersby de Jon Amiel (1993) - ★★★★★★★☆☆☆



Ça n'est pas du chauvinisme que d'affirmer que Sommersby, le remake américain du Retour de Martin Guerre lui est infiniment inférieur. Comme ça ne l'est pas davantage que de dire que Gérard Depardieu, Nathalie Baye ou Roger Planchon sont beaucoup plus convaincants dans leur interprétation respective que Richard Gere, Jodie Foster ou William Windom. Avoir changé de siècle, les noms des personnages et la plupart des situations ne font cependant pas du long-métrage de Jon Amiel un anachronisme repoussant, mais sa mise en scène est inversement aussi peu engageante que celle de Daniel Vigne peut se glorifier d'avoir su rendre l'atmosphère campagnarde et austère du seizième siècle. Si l'on pouvait craindre qu'à l'époque ou Richard Gere possédait suffisamment de charme pour prétendre pouvoir se montrer arrogant sur les plateaux de télévision qu'il ne transforme son personnage en séducteur hautain et manipulateur, force est de reconnaître qu'il sait ici se montrer professionnel et tenir son rôle avec justesse. En réadaptant le fameux cas de Martin Guerre, un authentique usurpateur d'identité ayant vécu au seizième siècle pour y mourir exécuté par pendaison, Jon Amiel change non seulement d'époque mais également de situation géographique puisque l'intrigue ne se déroule plus entre 1556 et 1560 dans le petit village ariégeois d'Artigat mais aux États-Unis alors que la Guerre de Sécession vient de prendre fin...

C'est à ce moment très précis que réapparaît un certain Jack Sommersby dans la petite ville de Vine Hill alors que tous les villageois pensaient qu'il avait péri lors du conflit opposant les États-Unis d'Amérique aux États confédérés d'Amérique. Alors qu'il retrouve ses amis, ses proches, mais aussi et surtout son épouse Laurel, très rapidement, certains petits détails laissent à penser que Jack ne serait peut-être pas celui que l'on pense. Cependant, la vie reprend normalement son cours, Jack proposant même aux habitants de Vine Hill de financer un projet visant à cultiver le tabac. Malheureusement pour lui et pour Laurel qui vient de lui donner un second enfant six ans après sa disparition, la justice le rattrape. En effet, accusé d'avoir tué un homme, il est emmené en ville par les autorités qui s'apprêtent alors à le juger pour meurtre. Jack Risque d'y perdre la vie, à moins que son avocat parvienne à prouver qu'il n'est pas celui qu'il prétend être...

Du charme austère et pittoresque de la France profonde des années 1550 l'on passe directement à celles de 1865, dans un petit village qui risque de très fortement décevoir les spectateurs qui furent subjugués par la splendeur de la reconstitution du décorateur Alain Nègre pour l’œuvre de Daniel Vigne. En comparaison, la petit ville de Vine Hill paraît bien vide et minimaliste. Le réalisateur américain choisit quant à lui d'organiser d'importantes modifications par rapport au scénario original ou même plus simplement par rapport au fait divers. Outre le lieu et le temps, le personnage incarné par la star américaine Richard Gere est très sensiblement différent de celui formidablement interprété par notre Gérard Depardieu national. D'un côté, nous avons Jack, qui plus que le simple usurpateur d'identité venu littéralement voler ceux qu'il a d'abord trompés qu'incarnait Gérard Depardieu s'avère être un individu à la recherche d'un toit, d'une vie de famille et d'un amour. En ce sens, le Jack Sommersby de Jon Amiel est plus ''fin'' et sensible que Martin Guerre de Daniel Vigne qui s'avère au final n'être qu'un escroc attiré par l’appât du gain. Concernant Jodie Foster, l'actrice américaine incarne une Laurel proche de Bertrande de Rois, l'épouse de Martin Guerre. Peut-être un peu moins sensible mais en tout cas, tout aussi ambiguë dans sa relation avec son ''époux''. Si Jon Amiel joue sur le questionnement qui entoure ce personnage dont on ne sait jamais vraiment avant la fin si elle sait en son fort intérieur que Jack n'est pas celui qu'elle épousa des années en arrière, il est dommage que le cinéaste n'ait pas choisi de laisser le spectateur sur cette interrogation.

D'autant plus qu'interviennent des événements qui changent radicalement la donne en comparaison de l’œuvre de Daniel Vigne. Chez Jon Amiel, le procès entourant l'affaire Jack Sommersby n'est plus simplement celle d'une usurpation d'identité mais met en péril l'existence même du personnage qui risque sa vie lors d'un procès l'accusant d'avoir commis un meurtre. Absent du film américain, l’incroyable twist dans lequel intervenait l'excellent acteur français Bernard-Pierre Donnadieu dans Le Retour de Martin Guerre laisse la place à un échange entre Jack, enfermé dans sa cellule et attendant son exécution, et Laurel. Au fond, Sommersby n'est pas un mauvais film. Il possède d'ailleurs certaines qualités qui le démarquent de l'original (la seconde partie, lors du procès) s'avère beaucoup plus intéressante que la première). Mais lorsque l'on connaît Le Retour de Martin Guerre, il devient délicat de passer à la version américaine sans penser que l’œuvre de Jon Amiel y a perdu beaucoup de sa puissance évocatrice. À découvrir si, et seulement si, vous ne connaissez par encore le chef-d’œuvre de Daniel Vigne...

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