S'il n'est pas impossible
qu'un jour un survival vienne s'imposer comme la nouvelle référence
en la matière en lieu et place de Massacre à la Tronçonneuse,
l'indétrônable classique de Tobe Hooper, ça n'est certes pas
Matriarch,
premier long-métrage du britannique Scott Vickers, qui remettra en
cause sa position sur la première marche du podium. Non certainement
pas celui-là. Évidemment pas attendu comme le messie, sorti
directement en VOD, sans trompettes ni cornes de brume, Matriarch
est de ces longs-métrages dont on sent bien que leur auteur a tout
fait pour donner au genre horrifique de nouvelles lettres de noblesse
sans pourtant jamais y parvenir. Peut-être parce que Scott Vickers
n'est tout simplement pas fait pour ce métier. Venu de la télé, le
britannique qui s'offre ici le premier rôle (pourquoi pas?) réalise
un très mauvais survival qui n'emportera sans doute pas la moindre
adhésion parmi les amateurs du genre, à part peut-être celle de
ceux qui restent confortablement installés dans leur canapé le
dimanche après-midi et zappent devant leur poste de télévision en
passant de téléfilms insipides en séries soporifiques.
Matriarch
part d'un constat : sans doute d'après le réalisateur lui-même
d'ailleurs (qui soit dit en passant s'est lui-même chargé d'écrire
le scénario), le spectateur étant difficilement réceptif à ce
genre d'exercice, il fallait trouver un moyen de lui faire rapidement
comprendre les tenants et les aboutissants de l'intrigue. De quelle
manière ? C'est simple : en caricaturant à l'extrême
certains des personnages. Et parmi eux, Agnes Fairbairn, la
matriarche du titre. Très, et même TROP rapidement, Scott Vickers
évoque une mère de famille pieuse carrément dérangée. Si l'on
imagine par avance ce qu'il adviendra de Rachel Hopkins et de son
époux Matt (respectivement interprétés par Charlie Blackwood et
Scott Vickers), était-il bien utile de forcer si rapidement le trait
de cette mère de famille bizarrement accueillante dès lors qu'elle
apprend que la jeune femme attend un garçon ? Pour accompagner
la vieille femme dans son délire, le réalisateur ajoute quelques
personnages particulièrement gratinés : d'abord Bob Fairbairn
(incarné par Alan Cuthbert), l'époux d'Agnes, mais également David
et Luke, leurs deux fils (Thoren ferguson et Martin Murphy).
N'oublions pas le joli brin de fille Briony Monroe qui incarne
l'étrange Faith Fairbairn la fille d'Agnes et Bob.
Situé
de nos jours dans une ferme reculée de l'Angleterre, Matriarch
oppose donc un jeune couple à une famille de timbrés dont on
soupçonne très rapidement l'intérêt qu'ils portent pour le bébé
auquel doit prochainement donner naissance Rachel. Ce qui tombe assez
bien, puisque la jeune femme doit accoucher dans les jours qui
viennent. Bref ! Inutile d'espérer retrouver le climat
anxiogène et délabré du classique de Tobe Hooper. Si Scott Vickers
tente de nous faire croire à une famille de dégénérés ayant
suspendu le temps dans les années cinquante (ce que le décor,
relativement vide, empêche de certifier), impression vainement
confirmée par Rachel, son film est d'une platitude déconcertante
dont les nombreuses invraisemblances minent tout intérêt. En effet,
Matt, enterré vivant dans une tombe après avoir été enfermé dans
un cercueil par les deux rejetons David et Luke, tente de s'en
libérer. Ce qu'il parviendra à faire mais après avoir passé de
longues, très longues heures à s'escrimer contre l'une des planches
de son cercueil. Vu le peu d'air contenu à l'intérieur, et vu
l'usage qu'il fait de son briquet pour s'éclairer (qui, je le
rappelle, pour pouvoir fonctionner brûle de l'oxygène), le
spectateur aura bien du mal à croire qu'il ait pu survivre plus d'un
quart d'heure six pieds sous terre. Et des incohérences comme
celles-ci, le film en contient un wagon entier !
Mais
si seulement le problème ne venait que de là, le spectateur le
moins regardant aurait pu encore s'en satisfaire. Mais il faut de
surcroît subir une mise en scène mollassonne et maladroite et une
interprétation désastreuse généralisée. Aucun des interprètes à
part peut-être en certaines occasions l'actrice Charlie Blackwood
n'y met du cœur et de la conviction. Ce qui donne au film l'étrange
sensation de n'être qu'un spectacle réalisé et interprété par un
groupe d'amateurs. C'en est presque parfois touchant, et même à
certains égards, plutôt amusant. Un comble pour une œuvre qui se
veut être un film d'horreur. Difficile de retenir en effet un
sourire lorsque notre pauvre Matt s'arme de ses poings ou d'objets
contondants pour défier l'autorité en place ! Au final, voir
Matriarch
est une perte de temps. D'autant plus qu'en matière de survival,
l'amateur a le choix. À éviter donc...
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