L'affaire Grégory est
certainement l'affaire judiciaire qui a le plus tenu en haleine les
médias et le public français depuis le drame survenu le 16 octobre
1984 en début de soirée lorsqu'est retrouvé dans la Vologne à
Lépanges-sur-Vologne, le petit corps sans vie de Grégory, fils de
Christine et de Jean-Marie Villemin. Tout le monde connaît cet
étonnant fait divers qui a généré tant de pistes, tant de
suppositions, sans que jamais le coupable ne soit confondu, arrêté
et condamné. Un fait divers au cœur duquel est non seulement mort
un petit enfant âgé de seulement quatre ans et presque deux mois,
mais aussi Bernard Laroche, assassiné par son cousin germain
Jean-Marie, le propre père de Grégory, convaincu alors de sa
culpabilité dans l'enlèvement et le meurtre de son enfant.
L'affaire Grégory, c'est également l'histoire d'une famille
détruite, celle d'un ''petit juge'' incompétent auquel fut confiée
une instruction trop grande pour lui, ou celle encore de médias
ayant littéralement vampirisé le fait-divers pour en faire leur
gagne-pain...
Durant plus de cinq
heures, le documentaire prenant la forme d'une mini-série sobrement
intitulée Grégory refait
l'histoire de ce fait-divers incroyable où l'absurde côtoie
l'incompétence et où les charognards ne sont pas toujours ceux
qu'ils semblent être. Car au delà des gendarmes, de la police
judiciaire, des journalistes, dont le célèbre et dérangeant Jean
Ker de Paris
Match,
ou encore l'arrogant et inadapté petit juge Jean-Michel Lambert,
l'affaire Grégory charia ce que l'on pouvait supposer ne plus avoir
droit de cité depuis le Moyen-âge mais qui risque à chaque coin de
rue de se reproduire lorsque l'occasion se présente: ces mouvements
de foule, haineuse, acquise à la cause de journalistes avançant des
hypothèses parfois totalement saugrenues et aux dépends des
intéressés. Comme lorsque Bernard Laroche est abattu alors que
Jean-Marie Villemin est anéanti par la mort de son fils Grégory, et
que le journaliste/Charognard Jean Ker (qui au passage, se délecte
des nombreuses anecdotes qu'il dispense dans ce documentaire) jette
de l'huile sur le feu. Ou comme lorsque le cousin Germain désormais
assassiné, le petit juge porte son intérêt sur une Christine
totalement bouleversée lorsqu'elle apprend qu'elle est désormais la
suspecte numéro une dans l'enlèvement et l'assassinat de son propre
enfant...
Si
l'on sait bien que les infanticides ne sont pas une légende, on
réalise rapidement l'incompétence du juge Jean-Michel Lambert
dont la notoriété lui donne des ailes au point de se montrer
hautain et défectueux envers l'instruction des différents témoins.
D'où des soupçons portés sur la mère de la petite victimes,
incompréhensibles. On est bien ici devant un fait-divers
authentique. Mais les incroyables retournements de situations font de
Grégory
un spectacle digne des meilleurs scénarii de thrillers américains.
Le documentaire, exclusivité Netflix,
bénéficie d'un travail de recherche, de compilation et
d'exploitation des divers éléments tout à fait remarquable.
Regroupant la totalité des images déjà diffusées nanties de
quelques rares documents vidéos,et accompagné d'une foule
conséquente de témoignages divers (gendarmes, policiers, avocats,
membres de la famille Villemin ou Laroche, journalistes, etc...),
Grégory
restera sans doute comme la meilleure plongée dans ce fait-divers
aussi passionnant que sordide. Passionnant de bout en bout (on ne
voit pas le temps passer) et révélant les failles du système ainsi
que l'inhumanité de certains de ses aspects, les criminologues en
herbe se régaleront. Tout comme celles et ceux qui voudraient en
savoir davantage sur ce mystère qui perdure maintenant depuis plus
de trente-cinq ans...
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