Disponible depuis
quelques semaines sur la plate-forme de streaming Netflix,
The Confession Killer évoque
durant près de quatre heures l'un des cas de tueurs en série les
plus marquants de toute l'histoire de la criminalité mondiale. Sous
la forme d'une mini-série en cinq parties dont chaque épisode dure
en moyenne entre quarante-cinq et cinquante minutes, ce document
effarant revient sur l'enfance, la vie et les meurtres de Henry Lee
Lucas. De sa première victime qui ne fut autre que sa propre mère,
une prostituée qui le martyrisait et le contraignait à la regarder
coucher avec des inconnus, jusqu'à la fameuse affaire dite ''des
chaussettes oranges'' jamais élucidée, en passant par le meurtre de
sa nièce Becky, la seule que reconnut le tueur en série avoir
aimée. Ce qui pourrait apparaître comme une offense à la
bienséance ou s'apparenter à la starification de l'un des pires
tueurs en série qu'aient connu les États-Unis s'avère en fait un
témoignage troublant qui montre notamment que malgré l'horreur des
faits, il peut arriver que l'on s'attache à un tel personnage...
Des
dizaines d'ouvrages, de documentaires et même plusieurs films lui
ont été consacrés, mais aucun n'a jamais été aussi loin que The
Confession Killer.
Si certains le reconnaissent comme étant l'auteur de plus de
trois-cent meurtres, après des années d'enquêtes auxquelles le
tueur lui-même a volontairement choisi d'apporter son aide, il fut
finalement reconnu comme l'auteur de 199 d'entre eux. Un chiffre qui
donne déjà le tournis mais dont personne n'aurait sans doute eu
connaissance si Henry Lee Lucas n'avait pas d'une part fait une
retentissante déclaration lors du procès pour le meurtre de sa
nièce et d'autre part, s'il n'avait pas aidé les autorités des
différents états venus le supplier de leur apporter son aide dans
leurs enquêtes. Nourri d'un nombre très important de documents
vidéos que les ''sous-titrophobes'' seront ravis d'apprendre qu'ils
sont notamment disponibles sur la plate-forme doublés en français,
The
Confession Killer éclaire
le criminologue en herbe sur la personnalité complexe de Henry Lee
Lucas dont le quotient intellectuel était pourtant jugé très
bas...
On
est loin du syndrome de Stockholm puisqu'aucune de ses victimes n'y
est directement confrontée, mais il est assez remarquable de voir
que certains ont fini par s'attacher à cet horrible personnage,
marginal, sale et malodorant. À l'image de Clemmie Schroeder qui
partagea avec le tueur une certaine forme d'intimité à la prison de
Georgetown où la jeune femme lui permit d'étudier la Bible. Sans
sensationnalisme aucun, The
Confession Killer
prend même parfois des atours surréalistes lorsque Henry Lee Lucas
dit avoir rencontré Jésus dans un halo lumineux alors qu'il était
dans sa cellule. Surtout lorsqu'après avoir oublié là où il avait
enterré nombre de ses victimes, le tueur devient capable
d'identifier chaque site et se remémorer des détails vieux de dix
ou quinze ans. The
Confession Killer
évoque l'humanité retrouvée de l'un des pires criminels des
États-Unis, le rendant bizarrement attachant malgré son apparence
relativement repoussante. Mais ce documentaire est aussi et surtout
une manière de reconnaître que derrière les apparences, le danger
rôde toujours. Du moins, Henry Lee Lucas l'exprime-t-il en trompant
certains policiers ou parents de victimes en leur faisant croire
qu'il était l'auteur de certains meurtres alors qu'il se trouvait à
ce moment précis dans un autre état. Amant d'un autre très sérieux
''client'' en la personne d'Ottis Toole (condamné pour six meurtres
mais reconnaissant lui-même en avoir commis plus de cent), Henry Lee
Lucas devient véritablement une icône du tueur en série tel que le
rêve une partie de la population américaine. Précis et
incroyablement documenté, The
Confession Killer
est un documentaire indispensable pour tous les criminologues en
herbe. En espérant que ses auteurs auront bientôt l'occasion de
nous proposer une nouvelle plongée dans la tête d'un autre tueur en
série...
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