Après Les Hussards
en 1955, Fortunat
en 1960, Le Tracassin ou Les Plaisirs de la
Ville en
1961, Les Culottes Rouge
en 1962 et avant Les Cracks en
1968, année de son dernier long-métrage, le réalisateur français
Alex Joffé offrait à l'acteur Bourvil son quatrième et avant
dernier-rôle dans l'un de ses longs-métrages. Situant son action
dans le métro parisien du milieu des années soixante, La
Grosse Caisse
est une comédie policière extrêmement plaisante à suivre grâce
notamment à l'interprétation de son principal interprète ainsi que
de l'antagoniste incarné par l'acteur Paul Meurisse. Loin du
sinistre Michel Delassalle du chef-d’œuvre d'Henri-Georges Clouzot
Les Diaboliques,
ce dernier interprète le personnage de Paul Filippi. Un truand
séduisant qui après avoir bénéficié d'un non lieu dans une
nouvelle affaire d'escroquerie approche le poinçonneur de RATP Louis
Bourdin. Deux individus sans rapports aucun, mais qui vont faire un
bout de chemin ensemble après que le second ait contacté le premier
pour lui proposer une affaire particulièrement juteuse (le hold-up
des six-cent millions d'anciens francs embarqués à bord de la rame
des finances passant chaque soir vers minuit).
La Grosse Caisse,
c'est l'alternative choisie par un honnête poinçonneur, amoureux de
sa jolie collègue de travail Angélique (la charmante Françoise
Deldick), auteur d'un manuscrit dans lequel il détaille le hold-up
de la rame des finances. Un ouvrage dont il confie la lecture à la
belle Angélique qui s'empresse de lui confier après avoir passé la
nuit à lire le manuscrit, tout le bien qu'elle en pense. La grosse
tête et les chevilles qui enfle, Louis se voit déjà publié par un
éditeur de renom. Mais alors que le manuscrit lui revient en retour
après l'avoir envoyé à différentes maisons d'édition, il décide
de prendre sa revanche en prouvant que contrairement aux affirmations
de ces dernières qui évoquent l’invraisemblance du récit, le
hold-up est possible. C'est donc ainsi que Louis cherche à confier
son projet à un criminel d'envergure. Après une tentative qui s'est
soldée par un méchant coup de pied aux fesses, il tombe sur un
article dans un quotidien dans lequel le rédacteur évoque le
non-lieu dont a bénéficié le truand Paul Pilippi. Louis décide
donc de faire appel à ce dernier...
C'est
un réel plaisir que de retrouver pour la quatrième fois l'acteur
Bourvil dans un long-métrage signé d'Alex Joffé. Œuvre en noir et
blanc, La Grosse Caisse
fait la part belle au métro parisien puisqu'une grande majorité des
scènes sont tournées dans quelques-unes des stations du
Métropolitain traversées par des rames Sprague-Thomson qui furent
les premières à être entièrement conçues en métal. On notera
quelques passages situés dans la station Arsenal qui à l'époque
avait déjà été abandonnée depuis plus de vingt-cinq ans et qui
sert depuis à la formation des agents du département de maintenance
des équipements. Elle sert dans La Grosse Caisse
de point névralgique au braquage de la rame des finances, décorée
de vieux modèles de voitures exposées sur les quais de la station.
Bourvil
et Paul Meurisse campent un tandem d'antagonistes savoureux. D'un
côté, on retrouve un Bourvil tantôt amoureux, tantôt prétentieux
(l'hypothétique édition de son roman lui donnant des ailes),
parfois trouillard mais en général, surtout drôle et attachant. De
l'autre, un Paul Meurisse suave, classe et posé. Un gangster à
l'ancienne, respectueux de certaines traditions (son personnage
reconnaîtra notamment s'être servi du poinçonneur afin que ce
dernier échappe à la prison). Le plaisir est donc réel, teinté de
séquences parfois très amusantes, tel le passage dans le
bar-restaurant durant lequel Louis tente de faire lire à un type qui
vient tout juste de sortir de prison sa proposition écrite de
hold-up. Outre les deux principaux interprètes, on retrouve
également à l'écran tout un panel de seconds rôles savoureux eux
aussi : Roger Carel interprète le chef de station Monsieur
Souverstre, Daniel Ceccaldi le collègue de Louis Bourdin, Pignol.
Quant à Tsilla Cheldon, on la retrouve neuf ans avant son rôle de
dame pipi des toilettes de la gare de l'est dans la comédie de
Jacques Besnard C'est pas parce qu'on a rien à
Dire qu'il faut Fermer sa Gueule,
mais dans le rôle d'une marchande de journaux. Une très sympathique
comédie...
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