"Nude on the Moon"...
tout ce qui caractérise ce film de 1961 réalisé par Raymond Phelan
et Doris Wishman est contenu dans ce titre. Presque aucune des
promesses faites n'est tenue, et pourtant, nous tenons là l'un des
projets cinématographiques les plus hypnotiques et insensés de
l'histoire du cinéma. Hypnotique car d'un pouvoir d'endormissement
sans autre équivalent, et insensé puisque tout ce qui nous y est
montré relève d'un imaginaire totalement absurde. Sachez-le
désormais, la Lune est habitée. Et non seulement elle est habitée,
mais elle possède une atmosphère comparable à celle de la Terre.
Tout y est d'ailleurs
semblable puisqu'on y trouve à la surface de grandes étendues
d'eau, de vastes prairies, des arbres comparables aux nôtres, des
édifices construits par des être intelligents, et un ciel bleu
couvert par endroits de nuages. Autant dire qu'en matière de voyage
spatial, les auteurs auraient dû revoir leur copie avant d'oser
présenter ce qui demeure l'une des plus grandes purges de l'histoire
du septième art.
Pour ne rien gâcher,
les acteurs William Mayer et Lester Brown sont affreusement mauvais.
Ils interprètent deux scientifiques dont le but est de construire
une fusée afin de voyager jusqu'à la surface de la Lune. Les moyens
semblent si limités que les auteurs de ce naufrage cinématographique
ne se sont même pas donné la peine de faire construire des décors
dignes de notre satellite. Car à part l'atterrissage filmé dans un
environnement nocturne (alors même que l'intrigue se poursuit
directement en plein jour), "Nude on the Moon" a
été intégralement tourné dans des décors terrestres dont les
cinéastes ne tentent même pas de cacher les origines.
La
Lune chez Raymond Phelan & Doris Wishman n'est rien de plus,
rien de moins, qu'un immense camp de nudistes que les héros vont
bientôt confondre avec ce qu'ils imaginent être le paradis (l'un
des deux astronautes allant même jusqu'à vouloir remettre en
question ses motivations premières et rester sur la Lune). Si le
film fait l'économie de décors qui auraient sans doute coûté bien
trop cher à la production, les dialogues eux aussi font preuve d'une
avarice extraordinaire puisque la majorité du film se déroule sur
fond de musique mièvre (parfois chantée) ou de gestuelle. Car nos
charmant(e)s extraterrestres naturistes ne communiquent en effet que
par transmission de pensée. Ce qui nous vaut d'ailleurs des trucages
d'une remarquable maîtrise technique (en fait, une paire d'antennes
maintenue par un serre-tête).
On
ne sait absolument pas par quel miracle Raymond Phelan & Doris
Wishman ont pondu un tel scénario (si l'on peut nommer un tel ramassis de bêtises), mais on peut se demander dans quelle mesure ils
n'auraient pas pris des stupéfiants tant leur vision d'un monde
idyllique se rapproche de celui dont rêvait sans doute à une
certaine époque les communautés hippies. "Nude on the
Moon" est affreusement moche,
d'un intérêt qui frise... non, qui égale le zéro absolu. C'est
vrai, il s'agit d'une curiosité. D'ailleurs, heureusement que le
cinéma de science-fiction ne nous a pas trop souvent habitués à ce
genre de productions car la S-F d'aujourd'hui aurait sans doute un
visage bien différent que celui que nous connaissons...
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