Dernier long-métrage de
Jim Jarmusch, The Dead don't Die
a fait partie de la sélection du festival de Cannes 2019. Un film de
zombies sur la Croisette ? C'est le monde à l'envers diront
certains. D'autres penseront certainement que le Festival n'a sans
doute pas eu assez de ''cartouches'' pour avoir à proposer un film
de genre de ce type, mais en réalité, The Dead
don't Die
est tout sauf le film d'horreur auquel nous aurions pu nous attendre.
Déjà auteur d'un Only Lovers Left Alive
consacré au thème des vampire visuellement beau à mourir mais
aussi et surtout absolument pénible en terme de rythme en 2014, le
cinéaste américain aborde cette fois-ci celui des zombies dans une
œuvre qui risque de déplaire à une partie du public dont fait
partie votre serviteur... Non pas que l'approche, originale, fut pour
beaucoup dans le sentiment de tromperie qui se dégagea de cette
expérience proche de l'ennui abyssal, mais d'hommage aux films de
zombies et autres morts-vivants (et fort heureusement, merci, pas à
ces sprinters d'infectés qui pullulent au cinéma et dont la plupart
ont gangrené le genre), The Dead don't Die
n'en est
pas vraiment pourvu.
Ou
alors ceux qui affirment que celui-ci en est un brillant exemple ne
connaissent de l’œuvre d'un certain George Romero que son nom car
en dehors d'une certaine idée d'une invasion nocturne il est vrai,
que l'on pourrait sensiblement rapprocher de celle du chef-d’œuvre
The Night of the Living Dead,
le long-métrage de Jim Jarmusch est surtout un exercice de style à
la limite du contemplatif dans lequel le cinéaste tente d'imprimer
une patine humoristique dont l'efficacité reste encore à vérifier.
Attiré par un casting exceptionnel où se côtoient au hasard
l'immense Bill Murray (arghhh, Un Jour sans Fin
ou Mad Dog and Glory
pour ne citer qu'eux !!!), Tilda Swinton (remarquable dans le remake
de Suspiria),
Rosie Perez (la bombe latine de Perdita Durango
d'Alex de la Iglesia), le génial Danny L'Arme
Fatale Glover,
ou encore l'impayable Steve Buscemi (Barton Fink,
The Big Lerbowski
tous deux réalisés par les Frères Coen) et par l'annonce d'un
hommage au cinéma de Romero, The Dead don't Die
est en fait un long-métrage relativement ennuyeux. Peut-être pas
autant que le chiantissime Only Lovers Left
Alive
mais quand même. À dire vrai, le dernier film de Jim Jarmusch a
plutôt des allures d'un Walking Dead dont
les scénaristes auraient écrit un script sous l'influence d'un
puissant somnifère que des légendaires Dawn of
the Dead
ou Day of the Dead
de l'immense George Romero.
Bien
que le cadre choisi par le cinéaste ait ce petit quelque chose qui
donne envie de s'y plonger (un trou perdu au cœur de l'Amérique
rurale) et que le scénario lui-même pousse à la curiosité avec
cette histoire de Terre sortant de son axe et ayant des répercutions
plus qu'étonnantes sur l'environnement, The
Dead don't Die
est long, long, tellement loooooong ! Et je ne parle là même
pas des dialogues qui sous une forme anémique attendent de se
télescoper, les acteurs oubliant presque de se répondre en usant de
la vigueur des opposants auxquels ils vont bientôt se frotter.
L'approche n'est pas neuve mais se joue du rythme qui en pâtit
terriblement. Bill Muray n'est que le fantôme de lui-même et tout
ce que l'on aime chez lui est évacué en raison d'une direction
d'acteur qui tend à ''indifférencier'' morts et vivants dans une
ville où la vie tourne au ralenti. Vingt ans après son sublime
Ghost Dog: la Voie du Samourai,
Jim Jarmusch tend à produire une œuvre pépère, un furoncle qui
n'arrive qu'à survoler un genre qui n'avait très certainement pas
besoin de ça. À vrai dire, l'un des seuls atouts de The
Dead don't Die
demeure dans l'engouement qu'il pourra éventuellement susciter chez
ceux qui ne connaissent pas encore les monuments que sont les trois
premiers volets de la saga des morts-vivants de George Romero. Au
final, un film pour retraités, léthargique, peu amusant (pour ne
pas dire pas du tout), et des interprètes abandonnés à leur triste
sort. Si vous voulez découvrir Bill Murray dans un film de zombies
autrement plus réussi, je vous conseille Bienvenue
à Zombieland
de Ruben Fleischer sorti il y a dix ans. Une œuvre autrement plus
convaincante...
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