Le cinéaste Jean Rollin
nous a quitté il y a presque dix ans et a laissé derrière lui une
longue filmographie fantastique essentiellement constituée de
longs-métrages consacrés aux vampires. La Fiancée de
Dracula,
son antépénultième film ne dérogeant pas à cette règle
immuable, nous y redécouvrions en 2002, son ancienne égérie
Brigitte Lahaie, laquelle tourna pour le cinéaste français à
plusieurs reprises dans le courant des années soixante-dix et
quatre-vingt. Si l'on s'en tient strictement à son aspect
esthétique, La Fiancée de Dracula ne
diffère pas des œuvres passées de son auteur. Par contre, il lui
arrive dans le cas présent d'avoir infiniment plus d'inspiration en
matière d'écriture et ce, même si la mise en scène parfois
statique rappelle malheureusement ce qui ,fait souvent défaut chez
cet auteur considéré par une partie du public et des critiques
comme un réalisateur raté tandis que d'autres le vénèrent comme
un auteur culte.
Si
La Fiancée de Dracula est
une nouvelle fois l'occasion de le comparer à une sorte de Jean-Pierre
Mocky versé dans l'épouvante et l'horreur, Jean Rollin s'est
cependant offert la participation d'interprètes d'origines et de
talents divers. Avec un scénario aussi absurde qu'alambiqué sur
lequel fort heureusement ne repose pas l'essentiel du film, le
cinéaste accueille donc à nouveau l'ancienne star du porno
français, laquelle côtoie notamment l'actrice Catherine Castel,
elle aussi une ancienne actrice X, mais également, et là demeure la
surprise de La Fiancée de Dracula
la plus incongrue : la jeune actrice française d'origine
espagnole Magalie Madison. Dit comme ça sans autre précision,
l'information peut se révéler des plus anodine. Et pourtant, cette
jeune femme âgée de trente-neuf ans à l'époque du tournage fut
célébrée par le jeune public durant la première moitié des
années quatre-vingt dix en interprétant le rôle d'Annette dans la
série Premiers
Baisers.
À l'occasion de La Fiancée de Dracula,
l'actrice incarne une ogresse se repaissant goulûment de bébés
qu'elle dévore à pleines dents. La participation de Magalie
Madison, si elle n'est pas ici un gage de réussite pour une œuvre
qui une fois encore se vautre dans la série Z, la jeune femme s'en
sort très honorablement et offre une interprétation juste et
soignée qui prouve que pour cette actrice qui débutait là sur
grand écran, il n'y a pas de petit rôle...
Tout
comme la plupart des interprètes qui d'ailleurs donnent de leur
personne et appréhendent au mieux leur personnage respectif. Jacques
Orth incarne un Professeur lancé à la recherche des restes du
célèbre comte Dracula et de sa fiancée en compagnie de son
assistant Eric avant d'être happé dans l'univers des parallèles,
d'étranges créatures fantastiques. La Fiancée
de Dracula
est l'occasion de croiser la route d'un nain affublé d'un
déguisement de bouffon, d'un sosie de Jean-Pierre Marielle (le
professeur), de celui de Calogero à l'époque des Charts
(
Denis Tallaron dans le rôle d'Eric) et surtout d'une congrégations
de nonnes toutes plus délurées, vicieuses et rendues folles les
unes que les autres. Si La Fiancée de Dracula
se retrouvera très rapidement après la projection relégué aux
oubliettes du septième art, force est de reconnaître que d'ici le
générique de fin, le film de Jean Rollin s'offre une fonction de sérum hypnotique.
Sans vraiment comprendre le déroulement de l'intrigue, la vacuité
du scénario saura se faire oublier au profit du jeu outré de la
majeure partie du casting dont une Magalie Madison très à l'aise
même lorsqu'il s'agit d'exhiber la pointe d'un téton et pourquoi
pas, un sein tout entier. Jean Rollin renoue une fois de plus avec
son obsession pour le vampirisme et semble se prendre parfois pour le
Ken Russell français avec ses nonnes dégénérées et lubriques. Au
final, La Fiancée de Dracula se
regarde comme un objet de curiosité dont les amateurs du cinéaste
se délecteront de toute façon...
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