Mon dieu quelle vilaine
chose que voilà. Jennifer Chambers Lynch, fille de l'illustre
réalisateur américain David Lynch débutait sa carrière de
cinéaste en 1993 avec un Boxing Helena,
je m'en souviens très bien, réputé sulfureux. Mais ici, point du
génie de son célèbre papa. Celle qui fut tout d'abord
l'initiatrice d'une préquelle littéraire à l'excellente série
Twin Peaks (éditée
sous le titre Le
Journal secret de Laura Palmer)
se fend ici d'un premier long-métrage qui ne mérite pas du tout, du
moins aujourd'hui, les éloges dont firent preuve les journalistes de
l'époque. Un quart de siècle plus tard, certaines choses ont changé
en terme d'esthétique, ou évolué, l’œuvre de Jennifer Chambers
Lynch paraissant alors d'une très grande puérilité. Partant sur
des bases solides dues à un scénario écrit par la réalisatrice et
le scénariste américain Philippe Caland, Boxing
Helena
nous conte l'histoire d'un homme aussi passionnément que maladivement amoureux d'une femme qui
l'ignore copieusement. On pourra déceler ça et là une sorte de jeu
morbide initié par cette beauté incarnée par la belle et
plantureuse Sherilyn Fenn (vue notamment dans Sailor et Lula
de... David Lynch, trois ans auparavant) face à un Julian Sands sur
le fil du rasoir entre passion et folie.
On
peut porter aux nues ou dénigrer le principe plus que subjectif des
Razzie Awards,
mais concernant le premier long-métrage de Jennifer Chambers Lynch,
le spectateur aura tôt fait de se ranger du côté des détracteurs
qui voteraient pour octroyer à Boxing Helena
le prix du pire film de cette année 1993 tant il repousse parfois
les limites de l'indigent et du grotesque. Pour commencer, et la
réalisatrice n'est évidemment pas à mettre en cause, son film n'a
aujourd'hui plus l'effet escompté à l'époque. La faute à un art
qui n'a eu de cesse de repousser les limites en matière de violence
physique et psychologique. Par contre, ce que l'on peut mettre sur le
compte de la fille de l'auteur des brillants Eraserhead,
Blue Velvet,
Mulholand Drive
ou Inland Empire,
c'est ce mauvais goût qui transpire à chaque plan. Cette esthétique
de clip vidéo (les ralentis) couplée à une patine et des dialogues
dignes des pire soap opera (Cœur
de Diamant,
Santa Barbara,
Les Feux de
l'Amour
et consorts).
Boxing Helena
porte l'horrible et indélébile marque des téléfilms érotiques
diffusés tard le soir et dont le contenu est de nos jours beaucoup
moins choquant que les quelques fugaces apparitions de tétons, pubis
et sexes en érection que distille désormais encore au compte le
cinéma traditionnel. Laid, mais également ennuyeux, car du
sulfureux sujet, la réalisatrice propose une œuvre au jeu
involontairement théâtral dont la responsabilité demeure celle de
Jennifer Chambers Lynch mais aussi sans doute celle des acteurs
incapables de l'alerter sur la puérilité de leur interprétation.
Ne parlons même pas de la bande-son qui ferai pâlir papa Lynch et
mieux, l'arrangeur musical et compositeur Angelo Badalamenti à côté
des prouesses duquel, le fond sonore de Boxing
Helena
est un supplice presque constant. Niveau Casting, la présence
de Julian Sands et Sherilyn Fenn n'est malheureusement pas un gage de
qualité. Et sans doute encore moins celle du pourtant excellent Bill
Paxton (ici affublé d'une abominable coiffure) ou d'Art Garfunkel
(oui, oui, la moitié du duo Simon and Garfunkel) qui, le pauvre,
semble errer sans savoir comment se positionner ou vers qui porter le
regard. Au final, Boxing
Helena
est au mieux un gigantesque clip érotique de cent-cinq minutes, au
pire, une pub bien trop longue pour lingerie féminine. À éviter...
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