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vendredi 23 août 2019

La Merditude des Choses (De Helaasheid der Dingen) de Felix Van Groeningen (2009) - ★★★★★★★★★☆



L'alcool, les cigarettes, la baise, c'est le quotidien de Gunther, de son père et de ses trois oncles. Enfin, c'est surtout celui des adultes car à son âge, ce jeune garçon qui va à l'école à vélo, n'a pas d'amis, et dont la mère a quitté les siens pour vivre avec son amant à quelques pâtés de maisons de là est le témoin ''privilégié'' d'une inexorable dérive qui touchera chacun des membres de sa famille, à commencer par lui. La Merditude des Choses (De Helaasheid der Dingen) est sombre, trash, irrévérencieux, grossier, mais ce ton volontairement outrancier cache une poésie et une profondeur inattendues. Comme si cette merditude qui colle aux basques de ses personnages avait une chance de disparaître, combattue par la force de caractère d'un Gunther dont la caractérisation cache l'écrivain et traducteur belge Dimitri Verhulst, auteur du roman original De Helaasheid der Dingen qu'il écrivit en 2006 et qui s'inspirait de sa propre existence.
Essentiellement situé durant l'enfance du jeune héros, La Merditude des Choses est surtout une œuvre atypique qui semble ne trouver de comparable que le cinéma du nord de la France et des pays frontaliers. Comme si la vie désespérée de ses personnages était impossible à concevoir dans les régions où le soleil brille à longueur d'année.

Plus que la simple comédie trash, Felix Van Groeningen signe une œuvre poignante dessinant le parcours d'un enfant devenu homme et revenant sur son passé. L'évocation de son enfance auprès de son père, de ses trois oncles et de sa grand-mère. De l’irresponsabilité d'un père ayant atteint l'alcoolisme au dernier degré. De l'absence d'une mère considérée de pute par son propre fils. Et d'un milieu social défavorisé dans lequel la famille de Gunther est à juste propos considérée de marginale. Si l'humour noir est évidemment de la partie, c'est sans doute le côté le plus sombre et désespéré de La Merditude des Choses que retiendront en général les spectateurs. Felix Van Groeningen ne comptant absolument pas ménager ces derniers, de nombreuses séquences pourront s'avérer difficiles voire déchirantes. Il étudie également l'évolution intellectuelle de son personnage principal lors de voyages ponctuels entre passé et présent. D'où la question : Gunther saura-t-il faire fit de sa propre expérience pour accepter à son tour d'être père et d'éduquer son enfant dans de meilleures conditions que les siennes ?

La Merditude des Choses, derrière ce titre, entre racolage pour amateur de ''trashitudes'' et évocation brute d'une vie de marginal passée à la moulinette de l'émotion, est une œuvre précieuse, rare, intense, et bouleversante. Malgré l'effervescence qui anime ses personnages, Felix Van Groeningen dirige ses personnages avec une cohérence remarquable. Remarquable également est l'interprétation des membres de cette famille hors du commun. De Kenneth Vanbaeden qui incarne Gunther enfant jusqu'à Valentin Dhaenens qui l'interprète à l'âge adulte, en passant par Koen De Graeve, Johan Heldenbergh, Wouter Hendrickx, Bert Haelvoet et Gilda De Bal qui incarnent respectivement le père, les oncles, et la grand-mère du jeune héros, tous participent à l'élaboration d'une œuvre exceptionnelle dont l'émouvante partition musicale composée par Jef Neve finit d'achever le spectateur. Inoubliable et bouleversant, La Merditude des Choses a reçu de nombreux prix au festival du Cinéma Flamand en 2010 ainsi que le Prix Art et Essai de la CICAE au festival de cannes l'année précédente...

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