Million Dollar
Baby,
c'est l'histoire de Maggie Fitzgerald qui un jour débarque dans une
salle de boxe dirigée par Frankie avec comme seuls bagages son
courage et sa détermination. Afin de gagner sa vie, elle travaille
comme serveuse dans un restaurant. Peu confiante en ses capacités,
elle vit éloignée de sa famille, de sa mère, de sa sœur et de son
frère qui lui est en prison. Quant à son père, il n'est plus là.
Maggie rêve de boxe, de combats, et surtout que Frankie accepte
enfin de l'entraîner et de devenir son manager. Mais...
Million Dollar
Baby,
c'est aussi l'histoire de Frankie, justement. Ce soigneur qui ne
s'est jamais vraiment remis de ce drame lors duquel, il y a de
nombreuses années, il n'a pas su mettre un terme au combat qui
opposait son ami Eddie "Scrap-Iron" Dupris à un autre
boxeur. Un ami qui y perdit l'usage d'un œil. Frankie apprend le
gaélique, va à l'église tous les dimanches, envoie chaque semaine
une lettre à sa fille qu'il n'a plus revu depuis longtemps mais qui
lui revient chaque fois en retour avec la mention Retour à
l'envoyeur, mais il se refuse à entraîner une femme...
Million Dollar
Baby,
c'est enfin Eddie. Qui depuis qu'il a abandonné la boxe est
pourtant resté fidèle à son ami Frankie et l'a suivi jusque dans
cette salle de boxe où s'entraînent de jeunes athlètes orgueilleux
arrachés à la rue. Eddie, c'est également cette voix qui nous
conte cette histoire formidablement touchante, cet homme qui dans
l'ombre de son ami lui en veut certainement moins que Frankie
lui-même d'avoir perdu un œil au combat...
Million Dollar Baby
est le vingt-sixième long-métrage réalisé par Clint Eastwood
depuis ses débuts de cinéaste en 1971 avec le thriller horrifique
Un Frisson dans la Nuit.
Lui qui offrit au western quelques fleurons du genre dont le
cultissime L'Homme des Hautes Plaines
dès 1973, où l'inoubliable romance Sur la Route
de Madison
qu'il incarnait aux côtés de Meryl Streep, signait donc en 2004
l'une de ses œuvres majeures, si ce n'est la meilleure d'entre
toutes. Un long-métrage dont on pourra distinguer deux actes. Dans
un premier temps, l'apprentissage de la jeune Maggie à la boxe dans
une formule féminine de Rocky
mais avec tout ce que cela sous-entend en terme de subtilité. Le
second acte lui, se veut beaucoup plus sombre, et s'avère en fin de
compte la simple expression de ce que certaines séquences de la
première moitié du film laissaient entrevoir.
Plus
discret que ses deux partenaires, Morgan Freeman est égal à
certains des personnages qu'il incarna par le passé. On pense
notamment à Ellis Boyd « Red » Redding du sublime The
Shawshank Redemption de
Frank Darabont dans lequel, déjà, il s'adonnait au double exercice
de l'interprétation et de la voix-off. Parfois positionné dans
l'ombre, il demeure cependant l'une des clés de voute du récit puisque c'est
à travers sa propre vision des événements que nous est contée
l'histoire de Maggie et Frankie. Au sujet de Maggie, justement,
incarnée par la talentueuse et très émouvante Hilary Swank, le
long-métrage contrebalance entre deux facettes de sa personnalité :
entre force, rage, opiniâtreté d'un côté, et absence de confiance
en soit, naïveté, et jeunesse d'esprit de l'autre. Un personnage
complexe merveilleusement ''écrit'' que l'actrice sublime à chaque
instant. De ses premiers pas dans la salle de boxe, jusqu'au
dénouement final absolument bouleversant. Et puis Frankie, bien
entendu, auquel Clint Eastwood, fort d'une carrière d'acteur longue
de plus de soixante-dix longs-métrages offre un portrait intime et
très pudique à son personnage. On retrouve chez lui ce macho cher à
l'acteur qui sous sa vieille carcasse sera contraint de faire des
concessions face à la jeune femme. De la comédie dramatique se
déroulant dans le monde de la boxe masculine, le film exerce une
changement de ton qui pourfend le cœur et l'esprit du spectateur.
Million Dollar Baby
se
mue en un mélodrame terrassant. Un ouragan de sentiments qui se
propagent prend le spectateur en otage, lequel alors ne peut que se
laisser aller à verser un torrent de larmes. Avec un infinie
justesse, l'acteur-réalisateur aborde la famille et son absence,
l'amitié et la détermination. La vie, la survie, et même la mort.
Une avalanche de prix ont récompensé cet authentique chef-d’œuvre
dont quatre Oscars en 2005 pour le meilleur film, le meilleur
réalisateur, la meilleure actrice et le meilleur acteur dans un
second rôle pour Morgan Freeman. À dire vrai, il manque sans doute
celui du meilleur acteur pour Clint Eastwood, car malgré
l'éblouissante incarnation d'Hilary Swank dans le rôle de Maggie,
c'est peut-être aussi et surtout à travers le regard du personnage
de Frankie que sont véhiculées toutes les formes d'émotions
évoquées dans Million Dollar Baby.
Un inoubliable drame humain et un chef-d’œuvre d'émotion...
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