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jeudi 1 août 2019

King Kong de Peter Jackson (2005) - ★★★★★★★★★☆



King Kong, roi de la jungle... urbaine, déchu de son piédestal, au sommet de l'Empire State Building... On connaît tous le sort tragique du plus grand, du plus noble et du plus élégant des primates et pourtant, même après cette énième version du mythe, l'effroyable dernier acte est toujours bouleversant. Comme si l'âme sensible qui nous traverse parfois était incapable d'accepter de voir quelle par d'inhumanité peut se cacher chez certains de nos semblables. Mais avant cette insoutenable tragédie finale, Peter Jackson a rendu le plus merveilleux, le plus brillant et le plus spectaculaire résultat d'un travail rendant hommage au roi des Titans. Trois heures et vingt minutes d'un spectacle aussi merveilleux qu'intense. Dont les effets-spéciaux s'intègrent à un récit et une interprétation sans failles. Mais revenons au début, lorsque tout commence deux-cent minutes plut tôt et que le dixième long-métrage du cinéaste néo-zélandais s'ouvre sur ''I'm Sitting on Top of the World'' de Al Jolson...

Deux ans après avoir signé le troisième volet de l'incroyable adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux et sept avant celle du Hobbit, Peter Jackson accepte de réaliser le remake du King Kong de Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack ayant lui-même déjà inspiré une second version en 1976 et réalisée cette fois-ci par le cinéaste John Guillermin. Le poids de l'héritage est important, mais après avoir rassuré les fans de J.R.R. Tolkien en réalisant une trilogie du Seigneur des Anneaux en tous points remarquable, son King Kong à venir a l'air d'une sinécure. Pourtant, l'auteur du cultissime Bad Taste au tout début de sa carrière de cinéaste n'a pourtant pas choisi de se reposer sur ses lauriers comme le prouvera ce long-métrage fleuve de presque trois heure trente dans sa version ''Director's Cut''.

Si le King Kong de Peter Jackson est effectivement une franche réussite, terme éminemment réducteur si l'on tient compte du fait qu'il s'agit sans doute de l'un des meilleurs blockbusters sortis sur les écrans cette année là aux côtés du Batmans Begins de Christopher Nolan, il n'est cependant pas tout à fait exempt de défauts. Un terme à mettre au singulier puisqu'après un premier acte durant lequel le cinéaste expose en quelque sorte les inintéressants états d'âme du personnage de Carl Denham incarné par l'acteur Jack Black (Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry), et la bluette entre les génialissimes Naomi Watts (qui incarne l'héroïne Ann Darrow) et Adrien Brody (qui campe Jack Driscoll), le film ne prends son rythme de croisière (sans mauvais jeu de mots) qu'au bout de trois-quart d'heure seulement. Si le temps paraît long durant ces quarante-cinq première minutes, ces dernières sauront très vite se faire oublier par la suite car le spectacle que va nous offrir Peter Jackson et toute son équipe technique va dépasser de très loin tout ce que l'on aurait pu imaginer, ou du moins espérer. En effet, dès lors que la ''Skull Island'' (territoire où vit le singe géant) se profile dans le sillage du navire du capitaine Englehorn (excellent Thomas Kretschmann), le récit ne connaîtra plus aucune baisse de régime :

Le second acte s'ouvre sur la rencontre des protagonistes avec une peuplade de sauvages vivant sur l’Île du Crâne (des indigènes au moins aussi impressionnants que ceux du formidable Apocalypto de Mel Gibson). S'ensuit un périple au cœur d'une nature luxuriante à la recherche d'Ann Darrow, d'abord offerte en sacrifice par les habitants de l'île puis kidnappée par le grand singe qui s'enfonce alors en plein cœur d'une forêt particulièrement hostile. Acte le plus important en terme de mise en scène, d'interprétation et d'effets-spéciaux, il couvre plus de la moitié du long-métrage et propose un spectacle grandiose aux effets-spéciaux extraordinaires. On y découvre la présence d'innombrables espèces animales ayant toutes connu une croissance démesurée. Du simple moustique, en passant par les cafards, les poissons, divers insectes, et des vers pour une séquence qui reste gravée dans les esprits. Qu'elles rampent, qu'elles volent ou qu'elles nagent dans les eaux putrides de l'île au Crâne, les créatures que sont amenés à croiser les protagonistes sont toutes dangereuses. Au titre du bestiaire, le spectateur assistera à la rencontre avec un troupeau de brontosaures, d'un tricératops, et d'un trio de tyrannosaures particulièrement affamés. En terme de rythme et d'ambiance, Steven Spielbeg peut aller se rhabiller. Et même si Peter Jackson opte pour des séquences d'action vertigineuses MAIS souvent dénuées de tout réalisme (en dehors de l’improbabilité de croiser des dinosaures de nos jours), il est impossible de demeurer indifférent devant ce spectacle ininterrompu aux extraordinaires effets-spéciaux conçus par les compagnies de Peter Jackson, Weta Workshop et Weta Digital. Un travail remarquable effectué sur les décors (faune et flore étant intégralement issus de l'imagination de leurs concepteurs) ainsi que sur la numérisation de King Kong lui-même réalisée à partir de l'interprétation d'Andy Serkis, lequel avait auparavant prêté ses traits au personnage de Gollum dans la trilogie du Seigneur des Anneaux ainsi que pour celle, plus tard, de La Planète des Singes dans laquelle il interpréterait le singe César.

Le troisième acte, lui, se situe dans le Broadway des années 1930 reconstitué avec un soucis du détail démesuré. Costumes, décors, accessoires, moyens de locomotion. C'est bien simple, on s'y croirait. Les immeubles furent quant à eux conçus à l'aide de diverses techniques d'effets-spéciaux. Si chacun d'entre eux ne mesurait que l'équivalent de deux étages construits avec les matériaux d'usage courant dans le cinéma, les étages supérieurs furent conçus en images de synthèse. L'histoire se répétant, c'est après que King Kong ait été arraché de sa terre d'origine pour être exhibé par un Carl Denham ayant perdu tout son bon sens au titre de la reconnaissance, de la gloire et du billet vert que l'on retrouve le grand singe lors d'un dernier acte propageant le désordre dans un Broadway cataclysmique et un final devenu culte et répété depuis le début du siècle dernier par le chef-d’œuvre de Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack.

Au delà des effets-spéciaux, de l'interprétation générale et de l’époustouflante mise en scène de l'un des plus fascinants artisans du septième art, l'un des aspects les plus remarquables entrepris sur le tournage de King King se situe au niveau de la caractérisation du grand singe entièrement réalisé en images de synthèse. Jamais l'on n'aura vu jusque là une créature non humaine exprimer avec autant d'humanité ses sentiment. Qu'il s'agisse de son attachement nouveau pour la digne descendante de Jessica Lange (King Kong 1976) ou de montrer avec force détails sa gestuelle ou plus simplement les traits de son visage, le King Kong de Peter Jackson est attachant, bouleversant, et au final... terriblement humain. Parfois taquin, orgueilleux, bougon... les différentes séquences qui l'unissent au personnage interprété par Naomi Watts tiennent du miracle et ne font que redouter la sentence finale... Peter Jackson signait en cette année 2005, un très grand blockbusters, grouillant d'effets-spéciaux qui pour le bien de ses fidèles adorateurs, ne parasitent jamais l'intrigue. Un très grand film qui aurait pu atteindre le statut de chef-d’œuvre si le premier acte n'apparaissait pas tant inutile...

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