J'attendais avec une
grande impatience le dernier long-métrage du cinéaste français
Alexandre Aja qui depuis quelques années tourne sur le territoire
américain, signant après son très sympathique, très brutal et
hexagonal Haute Tension,
quelques sympathiques films d'horreur, du remake du classique de Wes
Craven La Colline a des Yeux
en 2006, en passant par Mirrors
en 2008 et Piranha 3-D en
2010. Après avoir signé Horns
en 2013 et La Neuvième Vie de Louis Drax
trois ans plus tard, il revenait en 2019 avec son tout dernier
projet. Un film d'horreur, pour ne pas changer, et mettant en scène
la jeune Haley Keller (l'actrice Kaya Scodelario) aux prises avec des
alligators. Alors que la présence de la jeune femme dans le futur
long-métrage d'Alexandre Aja est annoncée dès mai 2018, le
tournage débute trois mois plus tard et durera un peu plus d'un mois
plus tard. Crawl
est à ce jour le dernier exemple d'agression animale. Un alligator
couramment utilisé dans ce genre de production puisque l'on peut
notamment citer Eaten Alive
de Tobe Hooper tourné en 1976, L'Incroyable
Alligator réalisé
par Lewis ''Cujo''
Teague en 1980, Lake Placid
de Steve Miner datant de 1999 ou encore le brillant (et sans doute
meilleur de sa catégorie) Rogue du
cinéaste australien Greg McLean sorti en 2007.
Difficile
de juger positivement et encore moins négativement le dernier
long-métrage d'Alexandre Aja. Déjà, parce que le bonhomme est d'un
tel capital sympathie que l'on n'a pas forcément envie de s'en
prendre à son dernier film, mais aussi parce que dans le genre,
Crawl
n'est ni le meilleur, ni le pire... loin de là. Pourtant, ce grand
amateur du cinéma de genre préférant le réalisme d'un Tobe Hooper
aux teintes criardes et au jeu pas toujours convaincant des
interprètes chez Dario Argento, n'ose pas vraiment passer le cap du
simple huis clos dénué de scénario. Les puristes vous diront qu'un
bon film d'horreur n'a pas nécessairement besoin d'une grande
écriture, c'est vrai. Mais encore faut-il que son auteur puisse
pallier l'absence de scénario par de véritables enjeux et
surtout, crédibles et innovants. Ce qui manque malheureusement au dernier
long-métrage d'Alexandre Aja.
Pourtant,
tout commence sous les meilleurs augures. Dès le début, ou du
moins, après quelques minutes nous ayant sommairement présenté
l’héroïne de cette histoire (une excellente nageuse, ce qui tombe
assez bien comme le découvriront les spectateurs), le cinéaste la
plonge dans la tourmente d'une tempête, comme celles qui défraient
régulièrement la chronique américaine. Les États-Unis et leurs
ouragans dévastateurs. C'est dans ce contexte particulièrement
bruyant, humide, venteux et visuellement crédible qu'Alexandre Aja
choisi de jeter son héroïne, partie à la recherche d'un père qui
ne donne plus de nouvelles depuis tout récemment (Haley part à sa
recherche sur la demande de sa sœur Beth). Tout Crawl
tient dans les quinze ou vingt minutes qui suivent. Après, il ne
s'agira que de redites et de scènes attendues et donc, pratiquement
dénuées de frissons.
Une
très grande partie de l'intrigue se déroulant sous les combles de
l'ancienne maison familiale (les parents de l'héroïne sont divorcés
et sa mère a depuis refait sa vie avec un autre homme), Alexandre
Aja nous offre une grosse poignée de minutes durant lesquelles le
spectateur découvrira la cave en compagnie de Haley. Un lieu
terriblement exigu et anxiogène dans lequel est tapi un alligator.
Mais cela, l'héroïne ne le sait pas encore. L'intérêt de ce
premier quart-d'heure se situe donc dans la découverte du cadre qui
servira de pièce principale au reste de l'intrigue en dehors de
quelques incartades en extérieur. Un premier quart (le film dure un
peu moins de quatre-vingt dix minutes) encourageant, qui pénètre
relativement bien l'esprit du spectateur mais qui laisse ensuite la place à un
récit beaucoup trop linéaire. Le problème avec ce genre de sujet,
c'est que tout semble avoir déjà été dit auparavant. Si Alexandre
Aja parvient à créer un véritable climat d'angoisse dans un
contexte fragile (le passage de l'ouragan laisse envisager le pire),
son film ne tient malheureusement pas la longueur et les plus avertis
finiront très certainement par s'ennuyer la première demi-heure
passée. Reste que Crawl
demeure l'un des meilleurs exemples du genre. Un compliment en
demi-teinte si l'on tient compte du fait que la majeure partie des
films consacrés à des attaques d'alligators, voire de crocodiles,
sont de pur nanars... Dommage...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire