Meilleure actrice
française de sa génération (du moins c'est mon sentiment), et
même, de plusieurs générations s'étalant du milieu des années
soixante-dix (Dupont Lajoie
d'Yves Boisset en 1975), en passant par les années quatre-vingt et
quatre-vingt dix (Coup de Torchon
de
Bertrand Tavernier en 1981 ou La Cérémonie
de Claude Chabrol en 1995), et jusqu'aux années 2000 depuis le début
desquelles, Isabelle Huppert collectionne les rôles au cinéma,
convaincue par des cinéastes aussi divers que Benoît Jacquot,
Michael Haneke, François Ozon, Wes Anderson ou Anne Fontaine d'être
l'interprète idéale de certaines de leurs œuvres. Sans doute le
fut-elle également par le réalisateur et le propre scénariste de
Souvenir,
le second long-métrage du cinéaste belge Bavo Defurne (après Sur
le Chemin des Dunes
sorti sur les écrans français fin 2012). Une œuvre qui s'éloigne
drastiquement des thématiques souvent déployées autour des divers
personnages qu'elle a eu et continue encore à interpréter au
cinéma. Moins froide et pourtant pas encore libérée de cette
impression qu'elle donne à l'image, la merveilleuse Isabelle Huppert
inonde une fois de plus de sa présence ce long-métrage qui
pourtant, aura bien du mal à se faire une place dans l'immense et
exemplaire carrière de l'actrice découverte notamment en
adolescente délurée et émancipée dans le film culte de Bertrand
Blier, Les Valseuses.
On
est pourtant ici bien loin de Jacqueline et de sa petite culotte
découverte dans un appartement par le duo de voyous incarnés par
les immenses Gérard Depardieu et Patrick Dewaere en cette année
1974. Plus de quarante ans plus tard et après des dizaines et des
dizaines d'incarnations sur grand écran, Isabelle Huppert réapparaît
plus éblouissante et séduisante que jamais malgré ses
soixante-trois printemps. Belle mais jamais aguicheuse, elle
interprète Liliane Cheverny, l'une des employées d'une usine
d'emballages alimentaires reconnue par un intérimaire comme l'ex
chanteuse Laura dont était fan son père. Pressé de faire sa
connaissance, Jean Leloup, qui compte davantage sur sa carrière de
boxeur professionnel que sur celle d'ouvrier, approche l'ancienne
chanteuse et noue rapidement avec elle une relation qui dépasse de
très loin le cadre de la curiosité ou celui de l'amitié. Amants
malgré les réactions un peu vives de la mère de Jean (Anne
Brionne, qui interprète une mère pesante et sans finesse aucune
comme le démontrera la scène durant laquelle elle questionne Laura
se ses anciennes relations), Jean propose à Laura une idée
saugrenue : alors qu'elle désire demeurer dans l'anonymat, son
amant lui propose de devenir son manager et de l'aider à remonter
sur scène. Après avoir refusé cette folle proposition, Laura se
laisse cependant happer par l'idée. Bientôt, alors qu'elle
s'inscrit pour un concours télévisée, la chanteuse connaît de
nouveau le succès, au grand dam de Jean qui persuadé d'être mis à
l'écart, fini par abandonner Laura et retourne vivre chez ses
parents...
On
a beau reconnaître l'immense talent d'Isabelle Huppert, il ne lui
est cependant pas interdit de faire parfois de tristes choix. Non pas
que Souvenir
soit mauvais, mais au regard des capacités de l'actrice, son
personnage se résume finalement à peu de choses. Tout comme celui
de Jean qu'incarne le jeune acteur français de vingt-sept ans à
l'époque, Kévin Azaïs. Suranné, Souvenir
l'est
sans conteste. Si Bavo Defurne a volontairement choisit cette voix
pour nous conter cette romance à l'eau de rose entre un jeune boxeur
de trente ans et une ex-chanteuse de plus de soixante ans, son
scénario manque d'une évidente épaisseur et si les débuts sont
plutôt convaincants, le film s'enlise dans une approche puérile
assez néfaste. Il devient alors difficile de s'attacher vraiment à
cette bluette naïve et bien trop lisse pour faire rêver, si ce ne
sont les quelques poncifs un peu trop faciles dont fait usage le
cinéaste (la différence d'âge entre les amants, l'indifférence de
certains face au boxeur autoproclamé agent de la chanteuse lorsque
celle-ci connaît le succès, ou encore l'alcoolisme latent de
l'artiste...). Reste une Isabelle Huppert énigmatique, sensuelle et
envoûtante... A noter que la musique est l’œuvre du groupe
américain Pink
Martini...
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