Pour son huitième long-métrage de fiction, le cinéaste français
Luc Besson revient au noir et blanc vingt-deux ans après son premier
film Le Dernier Combat.
Un noir et blanc superbe pour une romance bancale une fois de plus
scénarisée, réalisée et produite par Luc Besson lui-même. De
quoi permettre à ses détracteurs de se frotter les mains d'avance à
l'idée de proférer les pires idées sur le bonhomme, sa mise en
scène et son écriture. Sauf que dans un premier temps, tout semble
aller pour le mieux pour l'auteur des navrants Le
Cinquième Élément,
Lucy,
ou encore Valérian et la Cité des Mille
Planètes.
Si le choix d'offrir le premier rôle à l'humoriste Jamel Debbouze
aurait pu être un facteur important de stress pour ceux qui le
considèrent encore comme un piètre interprète, le résultat à
l'écran n'est pas aussi navrant que redouté. Alors qu'il persévère
à mâchouiller chacun de ses mots, son habituel bégaiement
disparaît fort heureusement au profit d'un débit plutôt
convaincant. Face à ce personnage qu'il incarne, ce citoyen
américain qui n'est en fait qu'un ''petit arabe de France'' qui a
gagné son visa pour les États-Unis lors d'une loterie, Jamel
Debbouze donne la réplique à la jeune, jolie, et très longiligne
actrice danoise Rie
Rasmussen. Celle-là même qui n'a tourné que dans une poignée de
films dont Human Zoo,
son premier long-métrage en tant que réalisatrice.
La
rencontre entre deux êtres déchirés par la vie qui choisissent le
même jour, la même heure et le même pont parisien pour se jeter
dans la Seine. André (Jamel Debbouze) sauve de la noyade la belle
Angela. Dès lors, elle s'offre au jeune homme qu'elle suit
scrupuleusement dans chacune de ses pérégrinations. De leur
rencontre naît une relation étrange, la jeune femme semblant être
dotée d'atouts très particuliers...
Luc
Besson abandonne un temps le style bourrin qui le caractérise
généralement pour nous conter une histoire romantique née de sa
seule imagination. Un long-métrage qui plus qu'une œuvre à la
gloire de ses deux interprètes rend hommage à une capitale
française filmée généralement de jour et parfois de nuit. Le
spectateur reconnaîtra notamment le pont Alexandre-III duquel se
jettent Angela et André ou plus tard La Basilique du Sacré Cœur du
quartier de Montmartre. Le cinéaste rend grâce aux merveilles
architecturales parisiennes jusque dans certaines toilettes publiques
et autres hôtels de Paris. On respire enfin un peu, écartés pour
un temps des fusillades et autres poursuites en voiture dans des rues
encombrées.
Malheureusement,
le film de Luc Besson montre très rapidement ses limites. Alors
qu'il affirmait bien avant la sortie du long-métrage qu'il
travaillait dessus depuis dix ans environs, le réalisateur montre
une fois de plus ses limites en matière d'écriture. Comme un vieux
cancer en rémission montrant les signes d'une rechute imminente,
Angel-A
expose les difficultés qu'a Luc Besson à maintenir l'intérêt
pour ses personnages à travers des dialogues et des situations
généralement stériles. En dehors de quelques travellings
sympathiques et d'un noir et blanc parfois sublime, le long-métrage
s'avère souvent statique sans pour autant n'être jamais
contrebalancé par des dialogues travaillés. On peine à croire à
cette histoire d'amour même si Jamel Debbouze y met toutes ses
tripes et si la rage de l'actrice Rie Rasmussen explose à l'écran.
Cet instant de magie que l'on rêvait presque enfin pouvoir éclore de ce
récit peu banal n'est donc qu'un leurre et Angel-A
se révèle finalement assez ennuyeux et sans véritable
engagements... A noter les présences à l'écran de Gilbert Melki et
de Serge Riaboukine. Le fidèle compositeur Eric Serra étant cette
fois-ci remplacé par la chanteuse et compositrice norvégienne Anja
Garbarek...
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