A certains égards, il
arrive parfois que la frontière qui définit la collaboration entre différentes nations ayant participé à un même long-métrage soit
floue. Dans le cas présent, elle n'a jamais été aussi clairement définie.
Après notamment Kick-Ass
en 2010 et X-men : le Commencement
l'année suivante, le réalisateur britannique Matthew Vaughn
revenait en 2015 avec les premières aventures de Gary « Eggsy »
Unwin, tout jeune homme issu des quartiers défavorisés de Londres,
en Angleterre. C'est là-bas qu'il vit auprès de ses rares amis, de
sa mère, son frère, et son beau-père alcoolique et violent. Sans
emploi et prêt à faire les cent coups, Eggsy se retrouve au
commissariat après avoir pris la fuite au volant d'une voiture
volée. Depuis que tout petit, il a reçu des mains d'un ancien ami
et collègue de travail de son père mort en mission alors qu'il
était employé pour l'agence d'espionnage Kingsman,
une médaille, le jeune homme en profite pour composer le numéro de
téléphone inscrit à l'arrière de celle-ci. Un numéro que l'homme
qui lui confia lui avait conseillé de composer le jour où il en aurait réellement besoin. C'est ainsi que dix-sept ans plus tard, et
alors qu'un membre de Kingsman
vient de mourir, Eggsy fait la connaissance de Harry. Celui-là même
qui lui offrit la médaille. Prenant le jeune homme sous son aile, il
va l'imposer lors de la sélection obligatoire qui veut que chaque
membre de l'agence ayant perdu la vie soit remplacé par une jeune
recrue...
Ce
premier Kingsman intitulé Kingsman: The Secret
Service, et
donc sorti il y a quatre ans en arrière, est sans doute dans cette
forme d'hybridation qui mêle action, espionnage et blockbuster, ce
qui se fait de mieux. De plus scénarisé, de plus divertissant, de
mieux interprété et scrupuleusement mis en scène. Impossible en
effet de rester de marbre devant ces aventures qui réunissent un
casting impeccable. Jugez plutôt : les acteurs
britanniques Colin Firth dans le rôle de Harry Hart, Taron Egerton
dans celui-ci de Gary « Eggsy » Unwin, Mark Strong
incarnant Merlin, ou encore l'immense Michael Caine dans la peau
d'Arthur, le grand patron de la société Kingsman.
Et parmi eux, le tout aussi prestigieux acteur américain Samuel L.
Jackson (nanti d'une casquette de rappeur vissée sur le crâne et d'un ''sssseuveux'' sur la langue). Sans oublier les petites touches féminines personnifiées à
l'écran par l'anglaise Sophie Cookson qui interprète ici Roxanne
"Roxy" Morton et par la franco-algérienne Sofia Boutella
que l'on verra par la suite dans Star Trek :
Sans Limites
en 2016 ou dans Climax
de Gaspar Noé l'année dernière...
Film
d'espionnage contenant tous les codes inhérents au genre (armement,
flegme britannique, costumes taillés sur mesure, action), Kingsman:
The Secret Service
est surtout un formidable spectacle mené tambour battant par un
Matthew Vaughn qui maîtrise parfaitement la bête, adaptant le
scénario qu'il écrivit à quatre mains aux côtés de Jane Goldman
et inspiré du comic book The
Secret Service de
Dave Gibbons et Mark Millar. Personnages attachants, nombreuses
séquences survoltées, appuyées par la formidable partition
musicale composée par Henry Jackman et Matthew Margeson. C'est à la
naissance d'un héros à l'ancienne, sans pouvoirs surnaturels qu'il
est question pour le spectateur d'assister. Une œuvre formatée pour
devenir un blockbuster mais qui contrairement à beaucoup d'autres ne
mise pas tout sur ses effets-spéciaux. Ici, c'est plutôt sur les
relations qu'entretiennent les différents personnages auquel s'est
attaché le réalisateur. Impossible de rester indifférent à Harry,
à Eggsy, à Merlin, Roxy, et même, dans un certain sens, à
Richmond Valentine, cet excentrique milliardaire américain qui sur
un postulat à l'origine fort honorable, a choisi de se lancer dans
un projet mégalomaniaque et génocidaire à l'échelle de la planète.
Sous
ses dehors de pur divertissement, Kingsman: The
Secret Service oppose
également des milieux sociaux s'opposant de manière absolument
écrasante. Entre la vie ''crasse''
d'un Eggsy pas encore ''Kingsmanisé'' et un Richmond Valentine
vivant dans une extravagante opulence, le film démontre le perpétuel
combat entre le Bien et le Mal, ce dernier étant relativement bien
retranscrit à travers ce personnage de milliardaire américain
auquel tous les pouvoirs sont acquis. Ce que le spectateur retiendra
également de cet effarant spectacle aussi délirant qu'inventif, ce
sont ces combats chorégraphiés au cordeau d'une classe absolue. La magie du cinéma
tient ici dans le placement de LA ou LES caméras. Dans ce choix
presque interactif de placer à quelques occasions les spectateurs en mode First
Person Shooter
pour un confort ultime et au cœur du conflit. Parfois, l'on y songe : lorsque nous
reviennent en tête ces purs moment de plaisir coupables venus d'Asie, combats à
mains nues et destructions de décors à l'appui, devant ces
réjouissantes aventures de Harry, Eggsy et toute la clique, on
aurait presque le honteux désir de hurler que les sud-coréens, les
philippins ou les japonais peuvent aller se rhabiller. Kingsman:
The Secret Service atteint
la quintessence en matière de film d'action. Ceux qui baillent
devant James Bond mais rêvent de découvrir un vrai bon film
d'espionnage, mais assez léger pour ne pas se montrer rébarbatif, peuvent d'ors et déjà se rassurer : une séquelle
est sortie sous le titre Kingsman : Le Cercle
d'or
deux ans plus tard histoire de faire durer le plaisir. En espérant
voir débouler un jour les troisièmes aventures de Gary « Eggsy »
Unwin sur grand écran...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire