On peut considérer
Isabelle Huppert comme la meilleure actrice française sans pour
autant être d'accord avec la totalité de ses choix artistiques.
Greta
est l'un des derniers films auxquels l'interprète des Valseuses
de Bertrand Blier en 1974, Coup de Torchon
de Bertrand Tavernier en 1981, La Cérémonie
de Claude Chabrol en 1995, ou encore de La
Pianiste
de Michael Haneke en 2001 a bien voulu participer. À cette occasion,
Isabelle Huppert a quitté le territoire national pour tourner à
Dublin ainsi qu'à Toronto et à New York où ont lieu la totalité
des scènes. Il est à noter que le film ayant été tourné en
anglais, il est fortement conseillé de le découvrir en version
originale. Au pire, dans la version française doublée par l'actrice
elle-même et surtout pas dans la version canadienne où elle laisse
place à un doublage qui ne colle absolument pas avec son timbre
habituel.
Mais
pourquoi Greta
serait-il un mauvais choix de carrière ? Ça n'est certes pas
aux critiques de Closer,
Femme Actuelle,
L'Humanité ou
quelques autres qu'il faudra poser la question puisque ceux-ci
semblent avoir été emballés par le film de Neil Jordan alors que
dans le domaine du harcèlement, on a déjà vu mieux et surtout, en
très grand nombre : on pense notamment à Julien Maury et
Alexandre Bustillo et leur excellent (et très grâtiné) A
l'intérieur,
à Harcèlement
de Barry Levinson, à Play Misty for Me
de Clint Eastwood mais plus encore au Misery
de Rob Reiner. Cette fois-ci, le récit tourne autour de la jeune
Frances McCullen (l'actrice Chloë Grace Moretz) qui un jour trouve
un sac dans le métro. Honnête, elle choisit de le rendre à sa
propriétaire qui n'est autre que la Greta du titre. Une femme
passablement perturbée qui très rapidement va s'attacher à Frances
au point de la harceler jusque sur son lieu de travail. La jeune
femme ayant pris conscience des troubles psychiatriques de Greta,
elle fait appel aux autorités qui lui annoncent qu'elles ne peuvent
empêcher la ''vieille'' femme de se poster devant son lieu de
travail. Peu à peu, Greta se révèle de plus en plus menaçante,
jusqu'à s'en prendre aux proches de la jeune femme. Lorsque Frances
disparaît, enlevée par Greta qui la séquestre dans une pièce
cachée de sa demeure, son père fait appel à un détective privé
pour la retrouver...
Avec
un tel scénario, difficile de se montrer original puisque tout
semble avoir déjà été abordé dans de nombreux drames et films
d'horreur du même genre. À dire vrai, la seule originalité réside
dans la présence d'Isabelle Huppert dans le rôle de Greta même si
au final, et malgré sa forte implication, on a du mal à croire à
cette histoire qui démarre plutôt bien mais finit par accumuler
tant d'invraisemblances que l'on finit par s'en désintéresser.
Isabelle Huppert n'est peut-être simplement pas faite pour cela. À
moins que la direction d'actrices n'ait pas été suffisamment à la
hauteur lorsque l'on connaît le talent de l'actrice française.
Greta
ne file jamais la trouille et ne dispense qu'un suspens vu et revu
partout ailleurs. On est très loin du Neil Jordan poétique de son
chef-d’œuvre La Compagnie des Loups
qui cette année accuse les trente-cinq ans.
Greta
se montre d'une faiblesse scénaristique rare et d'une inefficacité
crasse dans le domaine de l'épouvante. On peine à voir Isabelle
Huppert s'enliser dans ce rôle-titre, elle qui fut sublime à de
très nombreuses reprises jusque là (Violette
Nozière de
Claude Chabrol en 1978, La Femme de mon Pote
de Bertrand Blier en 1983). Chloë Grace Moretz s'en sort quant à
elle plutôt bien dans le rôle de la jeune victime dans la force de
l'âge pourtant incapable de se défendre contre une femme flirtant
avec les soixante-dix printemps. Une déception pour qui apprécie
particulièrement l'actrice Isabelle Huppert et un film d'horreur
mineur, passéiste et donc déjà démodé...
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