Pas facile d'adapter
Batman, héros de Gotham City, et l'un des plus célèbres super-héros
de l'univers de DC Comics. Lorsque sort sur les écrans de cinéma
Batman Begins,
le cinéaste britanico-américain Christopher Nolan n'est pas le
premier à mettre les pieds dans le plat. Après une première
tétralogie partagée entre Tim Burton et Joel Schumacher (Batman,
en 1989, Batman : le Défi,
en 1992, Batman Forever,
en 1995 et Batman et Robin
deux ans plus tard), il fallait un réalisateur de la trempe de
l'auteur de Memento
sorti cinq ans auparavant pour donner vie à un personnage
hyper-charismatique sans tomber dans le ridicule ( le Batman
et Robin
de Joel Schumacher de triste mémoire). Et qui mieux encore que
l'acteur Christian Bale, interprète principal et époustouflant The
Machinist
de Brad Anderson sorti un an auparavant pour incarner le personnage central ?
Comme
son titre l'indique, Batman Begins
revient tout d'abord sur les origines du mythe. De la tragédie qui
endeuilla le jeune Bruce Wayne qui perdit ses deux parents lors d'un
double meurtre commis par un pauvre individu, de ceux que tentait
jadis de sortir de la misère le docteur Thomas Wayne (l'acteur Linus
Roache), le père de Bruce. Convaincu d'être le responsable de la
mort de ses deux parents (Bruce étant affublé d'une peur panique
pour les chauve-souris, il contraint ce soir là sa mère et son père
d'accepter de quitter une pièce de théâtre, les menant ainsi tout
droit dans la ruelle où ils allaient perdre la vie), celui qui n'est
encore qu'un enfant est désormais élevé par le majordome et homme
de confiance des Wayne, Alfred Pennyworth (excellent Michael Caine).
Lorsque quatorze ans plus tard, Bruce apprend que bientôt sera
libéré l'homme qui a tué ses parents, il se rend au tribunal pour
se faire justice lui-même et ainsi empêcher le criminel de
recouvrer la liberté. Sermonné par son amie d'enfance Rachel Dawes
(Katie Holmes), il s’exile en Asie où il vit de larcins avant
d'être jeté en prison. Là-bas, il tente de survivre et se bat
constamment contre certains de ses co-détenus. Mais un jour, il
rencontre un individu du nom de Henri Ducart qui se charge alors de
le prendre sous son aile et de le former afin de l'intégrer à ''La
Ligue des Ombres''
dirigée par un certain Ra's Al Ghul. Lorsque vient le jour pour
Bruce de prouver sa fidélité aux membres de la ligue, en désaccord
total avec ses ambitions, il trahit Ra's Al Ghul, provoquant son
décès et laissant pour mort Henri Ducart. Bruce quitte ainsi cette
terre qui l'a accueilli durant un temps indéterminé, et retourne à
Gotham afin de remettre de l'ordre dans une ville qui désormais est
en proie à la violence et la corruption. C'est là-bas qu'il va
notamment retrouver l'inspecteur Jim Gordon qui s'était occupé de
l'affaire concernant le meurtre de ses parents, Lucius Fox, un
inventeur de génie travaillant dans les sous-sols de l'empire Wayne,
mais également Carmine Falcone, un truand qui a depuis toute ces
années assis son pouvoir sur la ville...
Batman Begins
évoque
donc la naissance du mythe de l'homme-chauve-souris avec une classe
folle. Christopher Nolan réunit un casting en béton qui, parmi les
interprètes déjà cité plus haut compte également dans ses rangs,
Liam Neeson (Henri Ducard / Ra's al Ghul), Gary Oldman (Jim Gordon),
Morgan Freeman (Lucius Fox), Rutger Hauer ou encore Cillian Murphy dans le rôle de
l'infâme docteur Crane doublé du terrifiant Épouvantail. En
comparaison de la majorité des films centrant leur intrigue autour
d'un ou de plusieurs héros au pouvoirs plus ou moins surnaturels,
Bruce Wayne/Batman profite de l'ingéniosité du département
expérimental de la société dirigée par le passé par son propre
père. En effet, sans son accoutrement, Batman n'est qu'un homme
comme tout le monde qui ne peut compter que sur ses muscles pour se
sortir de situations périlleuses (la scène de la poutre dans la
demeure des Wayne en feu). Ce qui différencie également Batman
Begins
des autres productions du genre, c'est la noirceur de son propos.
Dans une ville pas ou peu éloignée technologiquement de ce que nous
connaissons déjà, Christopher Nolan dépeint un univers pessimiste,
violent, désagrégé et nocturne où la pluie tombe presque sans cesse.
C'est dans cet univers extrêmement sombre que Batman va s'employer à
remettre de l'ordre en ne combattant non pas UN ennemi, mais
plusieurs.
Dire
que Batman Begins
est une franche réussite serait un euphémisme. En réalité, le
film de Christopher Nolan est l'un des tout meilleurs du genre. Entre
séquences de bravoure, effets-spéciaux remarquable mais jamais
tape-à-l’œil, sous-intrigues fascinantes et interprétation
magistrale de la part d'un casting de première classe, Batman
Begins
offre au spectateur, plus qu'un film de super-héros. Il s'invite
dans le néo-polar, dans l'espionnage (la découverte des futurs
''gadgets'' dont se servira Batman rappelle furieusement les séquences dans lesquelles James Bond fait connaissance avec ses futures armes dans chaque épisode de la franchise), dans le drame
également, avec la mort des parents de Bruce ou lorsque la demeure
familiale part en fumée (deux séquences véritablement poignantes)
et s'octroie même quelques passages humoristiques (la
couse-poursuite en batmobile sur les toits et dans les rues sombres
de Gotham) bienvenus dans ce cadre parfois éminemment austère en
regard des productions du genre qui parfois s'avèrent outrageusement
colorées. L’œuvre de Christopher Nolan est sans conteste un
''blockbusters''.
Mais pas de ces grosses machines à fric sans âme qui n'existent que
pour attirer les billets verts. Non, Batman
Begins
est profond, touchant, divertissant et finalement sobre vu le
contexte. Une merveille... Un chef-d’œuvre... qui connaîtra deux
suites, en 2008 ainsi qu'en 2012. Mais ça, c'est une autre
histoire...
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