On l'aurait presque
oublié, mais le réalisateur français Joël Séria est toujours en
activité. Il a beau avoir mis entre parenthèses sa carrière de
cinéaste au cinéma pour se consacrer depuis le milieu des années
quatre-vingt au petit écran avec, notamment, deux épisodes de la
série Série Noire,
quelques Nestor Burma,
ainsi que plusieurs téléfilms, il est toujours bien vivant. Vingt trois ans après sa dernière
incursion sur grand écran, le voilà qui réapparaissait avec Mumu
en 2010, son dernier long-métrage cinéma à ce jour. Rarement
aura-t-on vu cinéaste hexagonal produire consécutivement autant
d’œuvres cultes. A l'image d'un Bertrand Blier mais dans un genre
nettement plus champêtre, Joël séria fut effectivement le
réalisateur des classiques Mais ne nous délivrez
pas du mal (en 1973),
Charlie et ses deux nénettes (en
1975), Les Galettes de Pont-Aven
(en
1976), Marie-poupée
(en
1977), Comme la lune
(en 1977) ou encore
Les Deux Crocodiles
(en 1987).
Après
Jean Carmet, Jean-Pierre Marielle, Jeanne Goupil, Serge Sauvion,
Bernard Fresson ou encore André Dussolier, c'est au tour de Sylvie
Testud, Balthazar Dejean de la Bâtie, Jean-François Balmer, Bruno
Lochet et Dominique Pinon de servir le scénario écrit des propres
mains du cinéaste (une habitude chez Joël Séria). Retour en 1947
dans un petit village d'Anjou. Envoyé dans une école dont la classe
est tenue d'une main de fer par l’acariâtre institutrice Melle
Mulard, dite ''Mumu'',
Roger, onze ans, est le souffre-douleur d'un père qui ne supporte
plus son comportement. Après avoir été renvoyé pour la quatrième
fois d'une école, le garçon échappe de justesse à la pension mais se
retrouve dans la classe de la tyrannique institutrice. L'école
compte d'autres membres, tel le curé et le pion ''Saucisse''.
La rencontre entre Melle Mulard et Roger sera déterminante pour eux deux...
Avec
Mumu,
Joël Séria rompt le pacte qui liait chacun de ses précédents
long-métrages de part leur statut d’œuvres cultes. En effet, on
ne retrouve jamais la puissance évocatrice des films qu'il réalisa
dans le courants des années soixante-dix et quatre-vingt. Le
cinéaste nous replonge en un temps que beaucoup de cinéastes avant
lui ont transformé avec brio (Les Choristes
de Christophe Barratier ou Un Sac de Billes
de Christian Duguay pour ne citer que ces deux seuls exemples) tandis
que lui ne fait que survoler son sujet... Un Mumu
plutôt neuneu, donc. Et davantage cul-cul que culte ! À dire
vrai, rarissimes sont les occasions d'apprécier ce spectacle tout
juste digne de passer sur une chaîne nationale que sur grand écran.
C'est mou, jamais parcouru de séquences vraiment marquantes. Sylvie
Testud a beau être une excellente actrice, caricaturer son
personnage à outrance n'apporte rien. Le jeune Balthazar Dejean de
la Bâtie est sans doute le seul sur qui compter afin que le bateau
reste à flots. Jean-François Balmer non plus n'est pas mauvais.
Tout comme Bruno Lochet en pion. Par contre, fidèle à l'image qu'il
donnait par exemple en 1996 avec Les Deux papas
et la Maman
de Jean-Marc Longval, Antoine de Caunes est toujours aussi mauvais
acteur. Heureusement qu'il ne fait que passer à l'image. On
regrettera cependant la trop courte apparition de la charmante Helena
Noguerra dans le rôle de la Mère de Perchard (l'un des camarades de
Roger), dernier soubresaut d'un cinéaste qui malheureusement ne fait
plus rêver, a perdu de sa force, et n'ose plus s'aventurer sur des terres autrement plus délicieuses. Dommage...
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