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dimanche 5 mai 2019

Mumu de Joël Séria (2010) - ★★★★★☆☆☆☆☆



On l'aurait presque oublié, mais le réalisateur français Joël Séria est toujours en activité. Il a beau avoir mis entre parenthèses sa carrière de cinéaste au cinéma pour se consacrer depuis le milieu des années quatre-vingt au petit écran avec, notamment, deux épisodes de la série Série Noire, quelques Nestor Burma, ainsi que plusieurs téléfilms, il est toujours bien vivant. Vingt trois ans après sa dernière incursion sur grand écran, le voilà qui réapparaissait avec Mumu en 2010, son dernier long-métrage cinéma à ce jour. Rarement aura-t-on vu cinéaste hexagonal produire consécutivement autant d’œuvres cultes. A l'image d'un Bertrand Blier mais dans un genre nettement plus champêtre, Joël séria fut effectivement le réalisateur des classiques Mais ne nous délivrez pas du mal (en 1973), Charlie et ses deux nénettes (en 1975), Les Galettes de Pont-Aven (en 1976), Marie-poupée (en 1977), Comme la lune (en 1977) ou encore Les Deux Crocodiles (en 1987).

Après Jean Carmet, Jean-Pierre Marielle, Jeanne Goupil, Serge Sauvion, Bernard Fresson ou encore André Dussolier, c'est au tour de Sylvie Testud, Balthazar Dejean de la Bâtie, Jean-François Balmer, Bruno Lochet et Dominique Pinon de servir le scénario écrit des propres mains du cinéaste (une habitude chez Joël Séria). Retour en 1947 dans un petit village d'Anjou. Envoyé dans une école dont la classe est tenue d'une main de fer par l’acariâtre institutrice Melle Mulard, dite ''Mumu'', Roger, onze ans, est le souffre-douleur d'un père qui ne supporte plus son comportement. Après avoir été renvoyé pour la quatrième fois d'une école, le garçon échappe de justesse à la pension mais se retrouve dans la classe de la tyrannique institutrice. L'école compte d'autres membres, tel le curé et le pion ''Saucisse''. La rencontre entre Melle Mulard et Roger sera déterminante pour eux deux...

Avec Mumu, Joël Séria rompt le pacte qui liait chacun de ses précédents long-métrages de part leur statut d’œuvres cultes. En effet, on ne retrouve jamais la puissance évocatrice des films qu'il réalisa dans le courants des années soixante-dix et quatre-vingt. Le cinéaste nous replonge en un temps que beaucoup de cinéastes avant lui ont transformé avec brio (Les Choristes de Christophe Barratier ou Un Sac de Billes de Christian Duguay pour ne citer que ces deux seuls exemples) tandis que lui ne fait que survoler son sujet... Un Mumu plutôt neuneu, donc. Et davantage cul-cul que culte ! À dire vrai, rarissimes sont les occasions d'apprécier ce spectacle tout juste digne de passer sur une chaîne nationale que sur grand écran. C'est mou, jamais parcouru de séquences vraiment marquantes. Sylvie Testud a beau être une excellente actrice, caricaturer son personnage à outrance n'apporte rien. Le jeune Balthazar Dejean de la Bâtie est sans doute le seul sur qui compter afin que le bateau reste à flots. Jean-François Balmer non plus n'est pas mauvais. Tout comme Bruno Lochet en pion. Par contre, fidèle à l'image qu'il donnait par exemple en 1996 avec Les Deux papas et la Maman de Jean-Marc Longval, Antoine de Caunes est toujours aussi mauvais acteur. Heureusement qu'il ne fait que passer à l'image. On regrettera cependant la trop courte apparition de la charmante Helena Noguerra dans le rôle de la Mère de Perchard (l'un des camarades de Roger), dernier soubresaut d'un cinéaste qui malheureusement ne fait plus rêver, a perdu de sa force, et n'ose plus s'aventurer sur des terres autrement plus délicieuses. Dommage...

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