Victime d'un cancer du
larynx diagnostiqué trois ans en arrière, l'acteur Val Kilmer s'est
fait rare durant cette période. Alors qu'il avait l'habitude de
tourner avec une étonnante régularité depuis le milieu des années
quatre-vingt (Top Secret,
The Doors,
Planète Rouge,
Twixt,
etc...), l'acteur fut absent des plateaux de cinéma en 2015 et 2016
mais est revenu il y a deux ans avec pas moins de trois long-métrages
dont The Super,
le quatrième long-métrage du cinéaste bavarois Stephan Rick, un
réalisateur plutôt habitué à tourner pour la télévision que le
grand écran. D'abord incarné par l'acteur Patrick John Flueger, The
Super situe
intégralement son intrigue dans un vaste et luxueux hôtel du
Tennessee où se déroulent de curieux événements. En préambule,
le spectateur assiste à la disparition d'une femme et de son époux
paraplégique dans des circonstances plus qu'étonnantes. Le cinéaste
se démène d'entrée de jeu pour brouiller les pistes et nous
emmener à trouver les agissements de plusieurs de ses personnages
plutôt inquiétants. Du propriétaire boiteux de l'immeuble, un
certain Mr. Johnson, incarné par Paul Ben-Victor, jusqu'au
super-intendant (qui donne donc son titre au film) interprété par
un Val Kilmer méconnaissable. Traits fatigués, voix grippée,
l'acteur semble y incarner le Mal absolu, adepte de magie noire ukrainienne.
Walter (c'est le nom dont l'acteur est affublé) prononce en effet à
plusieurs reprises des incantations en une langue étrangère que
l'on devine être d'origine ukrainienne selon les propos tenus par
le directeur lui-même.
Face
à ces personnalités fortes, le cinéaste oppose le personnage de
Phil Lodge, ancien flic reconverti à cette occasion en gardien
d'immeuble. Veuf et accompagné de ses deux filles Rose (Mattea
Conforti) et Violet (Taylor Richardson), ce sera notamment l'occasion
pour ce père de renouer avec la plus grande avec laquelle, comme le
veut la tradition, leurs rapports sont devenus houleux depuis la
disparition de son épouse dans un incendie sept ans auparavant.
Rose, elle, passe son temps à se promener dans les sous-sols de
l'immeuble, croisant à intervalles réguliers le fameux Walter dont
la présence inquiète de plus en plus son père. D'autant plus que
le bonhomme agit de façon menaçante envers sa plus jeune enfant. A
la suite de plusieurs disparitions, Phil cherche à comprendre
quelle peut être la relation entre ces mystères et le comportement
de Walter. La vérité éclatera alors au grand jour sous une forme
inattendue...
… mais
pas vraiment crédible. Un élément surnaturel s'étant frayé un
chemin dès l'entame, ont sait déjà que The
Super relève
du fantastique. Redécouvrir Val Kilmer, même affaibli, est un réel
plaisir, surtout qu'il apparaît dans un rôle ambigu assez flippant
(quelle drôle et ingénieuse idée de l'avoir affublé d'une paire
de lunette accrochée à une chaînette). Les aventure de Phil Lodge
et de ses deux filles démarrent presque comme un ersatz du Shining
de
Stanley Kubrick mais bifurque ensuite vers le policier surnaturel
avec un récit, au fond, parfois commun mais également fourni en
matière inédite ce qui lui permet de ne pas être totalement
abscons. Si l’œuvre de Stephan Rick démarre sous les meilleurs
auspices, le spectateur aura le regret de constater qu'au fil de
l'intrigue, l'intérêt diminue du fait de l'invraisemblance du
propos. Le cinéaste a l'air de nous envoyer un message du type :
« ne vous
fiez pas aux apparences »,
tout en modifiant le caractère de certains de ses personnages lors
d'un twist réussi mais plongeant alors l'intrigue dans un contexte
parfaitement ridicule. Tel est pris qui croyait prendre, et le
spectateur se retrouve coincé devant un long-métrage qui a bien du
mal à justifier de manière cohérente la dernière demi-heure qui
pour le coup, prêterait davantage à sourire qu'à effrayer. Le
cinéaste allemand parvient à créer une réelle ambiance,
l’ambiguïté de certains personnages (le directeur, notamment) est
convaincante mais le film s'enlise dans un drame fantastico-familial
justifiant des actes totalement grotesques perpétrés par un individu
au dessus de tous soupçons. Reste que The Super
se
regarde avec un certain plaisir même s'il se révèle décevant...
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