Petit film d'horreur
tourné intégralement de nuit par le cinéaste britannique Jamie
Patterson, Fractured
est de ces surprises qui réactualisent un courant à travers une
approche qui les distingue de leurs concurrents. Basé sur un twist
qui survient non pas en fin de long-métrage mais au beau milieu, le
film est construit sur le principe du retour en arrière. Sans trop
vouloir balancer d'informations sur le concept, disons qu'il s'agit
ici d'une approche double d'un même récit mais d'un point de vue
différent. Donc, voici comment se présente le récit. Divisé en
deux sections qui se distinguent par un événement tragique se
déroulant en milieu de course, donc, Fractured
apparaît
tout d'abord comme une sorte de « Home
Invasion »
classique en terre inconnue. Le cinéaste s'attarde sur les
personnages de Rebecca et Michael. Un couple ironisant en permanence,
jouant au jeu du chat et de la souris verbal jusqu'à ce qu'ils
arrivent près d'une station-service tenue par un employé
ventripotent plutôt inquiétant. Jamie Patterson instaure un
suspens autour de ses deux personnages incarnés par April Pearson et
Karl Davies. L'obscurité participant à l'angoissante atmosphère
qui se dégage du cadre relativement dépaysant (le couple se déplace
dans une région qui leur est étrangère), l'ambiance de Fractured
se retrouve très vite incommodante. Surtout que le cinéaste s'amuse
à y inclure quelques menus détails qui viennent confirmer que
quelque chose d'assez peu courant est en train de se produire.
Un
pneu qui éclate pour on ne sait quelle raison. Mystère entretenu par
les doutes émis par Rebecca. Puis il y a l'étrange comportement du
pompiste qui suit Michael jusqu'aux toilettes. Arrive enfin la longue
séquence se déroulant dans la maison de campagne que les deux
amants ont louée. Le spectateur y ressent très vite la présence
d'un rôdeur. Un élément qui ne lui avait pas échappé quelques
instants auparavant, des silhouettes et des ombres passant
régulièrement en arrière-plan. Jamie Patterson place sa caméra
de manière à ce que naisse une tension trouble. Pari réussi, il
n'est pas rare que l'on s'attende à ce que surgisse l'horreur au
moindre angle mort qui apparaît à l'écran. Et même si dans la
plupart des cas il ne s'y passe rien, cela n'a d'autre conséquence
que
de cultiver la peur d'y voir apparaître le tueur ou la créature
tant redoutés.
Si
la première moitié de Fractured
se révèle assez classique, le véritable « génie »
de Jamie Patterson est d'avoir au beau milieu du long-métrage,
choisit l'option de remonter le fil des événements quelques temps
avant que Rebecca et Michael aient crevé l'un des pneus de leur
véhicule. Une vision différente des événements qui met alors à
jour la nature profonde et inattendue de nos deux principaux
personnages. Alors, le film de Jamie Patterson est-il un Home
Invasion ?
Un
Survival ?
Un film hanté par des fantômes ou bien par un tueur en série ?
Il ne faudra pas attendre la fin du film pour réaliser combien le
cinéaste s'est servi de nos certitudes et des habituels codes du
genre pour tromper les spectateurs. Bien malin demeure celui qui
pourra à l'avance prédire la tournure que prendront les événements.
Plutôt sympathiquement incarné par un duo dont les personnages ne
cessent de se jeter au visage bons mots et répliques cyniques,
Fractured
se promène sur les terres lointainement foulées par des cinéastes
tels que Tobe Hooper ou bien Arthur Penn et propose un contenu aussi
intriguant qu'original. Une très bonne surprise...
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