Pour commencer, je
voudrais remercier le blog Warning Zone
qui comme d'autres comme lui, est un défricheur de raretés qui
permet parfois comme en cette occasion de découvrir des perles si
rares que l'on n'en aurait sans doute jamais entendu parler. Mosquito
fait partie de ces longs-métrages qui seraient peut-être tombés à
jamais dans l'oubli si personne ne s'était penché sur son cas. Une
affiche alléchante, un sujet bien glauque. Un film dans la veine de
Peeping Tom ?
De Maniac ?
De Deranged ?
Une œuvre qui en tout cas, rappelle parfois les exactions bien
réelles d'un certain Edward Gein qui dans les années cinquante fut
au centre d'un récit particulièrement morbide qui toucha la petit
localité de Plainfield dans le Wisconsin. La presse lui offrit le
surnom de Boucher de Plainfield
et le cinéma en fit l'une des icones de l'horreur les plus
terrifiantes à travers, notamment, Psychose
d'Alfred Hitchcock et Massacre à la Tronçonneuse
de Tobe Hooper. Mais en réalité, ce film suisse (pratiquement une
première sur Cinémart)
est inspiré par les actes perpétrés par l'allemand sourd-muet Kuno
Hoffmann qui au début des années soixante-dix s'adonna à la
nécrophilie et au vampirisme en hantant les cimetières dans la
région de Nuremberg. L'homme pratiqua des viols sur au moins cinq
cadavres mais ce sont plus de trente qui furent exhumés afin
d'assouvir ses étranges pulsions. Découpant les corps à l'aide
d'un rasoir, buvant le sang des cadavres, allant jusqu'à disséquer
le cœur de l'un d'entre eux, Kuno Hoffmann franchit un pas de plus
dans l'horreur en commettant plusieurs meurtres dont celui d'un jeune
couple dans une forêt, à la suite de quoi, il s'abreuva de leur
sang. Hoffmann fut arrêté quelques temps après sur son lieu de
travail...
Autant
dire que Marijan Vajda, auteur d'un très grand nombre de
courts-métrages, tient là un sujet en or. Le cinéaste respecte
d'une certaine manière l'histoire dont il s'inspire afin de réaliser
un petit film d'horreur véritablement atypique en respectant le
handicap du tueur puisque le « héros »
incarné par Werner Pochath est lui même sourd-muet. Un choix très
curieux qui pousse l'acteur à repousser les limites de l'expression
faciale. Le titre Mosquito semble
se référer au faite que les moustiques s'abreuvent de sang. Une
thèse que semble corroborer la séquence durant laquelle ce
personnage sans nom (comme le reste du casting, d'ailleurs) se
procure une paille en verre à deux embouts qui rappelle pourtant
davantage les crocs du vampire que le rostre du moustique. Si
Mosquito
n'est pas à proprement parler un mauvais film, il est cependant
émaillé de très nombreux défauts. A commencer par
l'interprétation tout juste passable de la plupart des interprètes
qui semblent réciter leur texte et paraissent avoir beaucoup de mal à
se placer dans l'action. Le personnage interprété par la jeune
Birgit Zamulo se retrouve au centre de scènes d'une naïveté
confondant de nullité. Une gamine immature dont la répétitivité
des séquences la mettant en scène laisse par avance deviner le sort
que lui accordera le tueur.
Afin
de bien faire comprendre la psychologie de son personnage principal,
Marijan Vajda balance quelques flash-back bien pourris révélant le
calvaire vécu durant son enfance et justifiant ses actes au présent.
Le cinéaste suit la plupart des événements décrits dans le cas de
Kuno Hoffmann en n'oubliant pas de proposer quelques scènes gore
pas vraiment convaincantes, surtout au regard du Maniac
de
William Lustig qui trois ans plus tard, repoussera les limites en
matière d'horreur. Ensuite, la bande-son. Je veux bien que le film
accompagne parfois ses personnages mais en proposant des airs de pop
naïve en total décalage avec les horreurs perpétrées par le
tueur, ceux-ci décrédibilisent totalement certaines séquences. Par
contre, on ne sait par quel miracle, le film prend une ampleur
insoupçonnable les quarante ou quarante-cinq premières minutes
passées. L’œuvre de Marijan Vajda change radicalement de ton et
pénètre littéralement l'esprit de son personnage principal. Le
cinéaste en profite alors pour asséner quelques séquences de nu
assez intéressantes, contextualisant ainsi les névroses de son
tueur. La bande-son elle-même prend un sens nouveau et l'on passe
des bluettes insignifiantes à des cathédrales expérimentales et
morbides accompagnées par des visuels psychédéliques et fiévreux
plutôt réussis. Au final, Mosquito
est un portrait de tueur dément assez curieux, qui tarde à
véritablement devenir intéressant. La seconde moitié étant
nettement plus convaincante que la première, le film mérite tout de même que
l'on se penche dessus...
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