La ville d'Epecuén en
Argentine est connue pour avoir été le site d'une catastrophe en
1985. En effet, cette ancienne ville touristique dont les eaux de la
lagune ont un degré de salinité très élevé fut engloutie en
novembre de cette même année par sept mètres de fond. La
population fut évacuée et ce n'est qu'en 1993 que les eaux
commencèrent à redescendre, mettant ainsi à jour une ville-fantôme
dont les ruines demeurent encore aujourd'hui visible, fossilisées
par l'action du sel. C'est dans cet incroyable environnement que les
cinéastes argentins Luciano et Nicolas Onetti (deux frères) ont
choisi de poser leur caméra afin de tourner ce survival hardcore qui
au delà du cadre très original servant de décor, rappelle de
fumantes pellicules. Toute ressemblance avec une œuvre datant de
1974 n'étant pas fortuite, Los Olvidados
reprend les grandes lignes du classique de Tobe Hooper, Massacre
à la Tronçonneuse.
A tel point que le film des argentins ressemble davantage à un
plagiat qu'à une œuvre simplement inspirée du film culte de
l'américain. Une route de campagne déserte, un van et ses
occupants, une station-service, une famille de dégénérés, une
maison « décorée
avec goût »,
si les spectateurs ne trouvent pas à Los
Olvidados (Les
Oubliés) le même parfum que le long-métrage de Tobe Hooper, alors
leur cas est désespéré.
Luciano
et Nicolas Onetti poussent le vice et la caricature jusqu'à
présenter un repas de famille et un membre similaire au « Tronche
de Cuir » de
Massacre à la Tronçonneuse. La seule véritable différence demeurant dans le fait que la famille victime du chômage chez Tobe Hooper ait été remplacée ici par les membres d'une autre dont le ressentiment envers leur propre pays à la suite des inondations s'exprime à travers leurs méfaits.
Los Olvidados
démarre sous les meilleurs augures. Trois jolies bombes argentines
accompagnées par autant de garçons pour un projet de film qu'il
espèrent présenter au festival de Berlin. Trois belles plantes,
pour une fois pas trop connes, ainsi qu'un amateur de métal plutôt
bon dessinateur, un réalisateur très impliqué dans le projet, et
le beau gosse du lot très porté sur le sexe mais pas très malin.
Dans un premier temps, Luciano et Nicolas Onetti parviennent à
instaurer une ambiance plutôt lourde malgré un sujet déjà vu
mille fois. La station-service est bien glauque, avec sa propriétaire
proposant des tourtes à la viande dont une famille victime de la
famine ne voudrait même pas, ses chiottes malodorantes lavées une
fois l'an, et ce type qui se branle dans une pièce devant une
télévision diffusant un programme de gymnastique. Les argentins plantent le
décor. Los Olvidados sera
glauque ou ne sera pas. Finement traduit aux states sous le titre
What The Waters Left Behind (Ce
que les eaux laissent derrière elles), le long-métrage de Luciano
et Nicolas Onetti s’essouffle malheureusement en milieu de course.
Lorsqu'il
s'agit pour les deux frères de mettre en scène des homicides, le
résultat est assez décevant et malgré une ambiance poisseuse
délivrée par l'incroyable décor offert par la ville d'Epecuén,
les meurtres sont ratés, mal filmés et finalement peu sanglants.
Luciano et Nicolas Onetti semblent avant tout tenter de repousser les
limites du malsain avec des visions, il faut l'avouer, assez
dérangeantes. Comme cette jeune femme violée par l'un des membres
de la famille alors qu'elle est solidement harnachée sur une chaise,
ou lorsque cette autre est amputée des deux jambes et assiste
horrifiée à leur transformation en viande hachée par le chef de
famille. Glauque ! Los Olvidados instaure
un vrai climat accentué par des décors qui poussent le genre dans
ses derniers retranchements. S'il n'atteint pas le niveau d’exception
du classique de Tobe Hooper, du remake du classique de Wes Craven The
Hills Have Eyes
ou de l'excellent diptyque signé de l'australien Greg McLean, Wolf
Creek
1
et 2,
Los Olvidados
demeure cependant une excellente production horrifique argentine. Une
œuvre réalisée avec un amour et un engouement certain, et qui
donne très envie de redécouvrir les précédents long-métrages de
son auteur Luciano (son frère Nicolas, habituellement producteur,
collaborant ici pour la première fois à la réalisation). Une bonne
petite surprise accompagnée, de plus, par une excellente
bande-originale rock...
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