En 1971, l'actrice
Mireille Darc retrouve le cinéaste Georges Lautner pour la septième
fois. Michel Constantin pour la seconde. Ils interpréteront
d'ailleurs ensemble, deux des principaux rôles du quatorzième
long-métrage du réalisateur, Ne nous Fâchons pas
aux côtés de Lino Ventura et Jean Lefebvre. Quant à Bernard Blier,
à l'époque, il est déjà un grand fidèle de Georges Lautner
puisque les deux hommes ont en commun sept long-métrages dont Le
Septième Juré
et Les Tontons Flingueurs.
Parmi les principaux interprètes de Laisse
Aller... c'est une Valse,
Jean Yanne est donc le seul à être convié pour la première (et la
dernière) fois par le cinéaste qui une fois encore, s'en donne à
cœur joie dans le domaine de la gaudriole en proposant une œuvre
mêlant allégrement policier et comédie.
Y
joue de ses charmes une Mireille Darc filiforme mais convaincante,
face à un Jean Yanne trahi à la suite d'un vol de bijoux.
Résultat : trois ans de placard qui ont malgré tout permis à
son personnage de faire connaissance avec Michel Beddouk, incarné
par Michel Constantin. Serge Aubin s'est donc juré de tuer son
épouse Carla à sa sortie de prison et d'aller récupérer les
bijoux qu'il a confié à son ami Santini. Malheureusement pour lui,
Serge va avoir dans les pattes le nouveau compagnon de Carla un
certain comte Charles Varèse (sosie improbable de Al Pacino), ainsi
que le commissaire Caillaud, bien décidé à récupérer les bijoux.
Mais ce qui va sans doute générer le plus d'ennuis chez Serge et
son ancien co-détenu, c'est la présence de Carla pour laquelle il
éprouve en réalité toujours les mêmes sentiments. Difficile donc
de tenir sa promesse et de lui loger une balle en plein cœur.
Difficile
de trouver des points négatifs à développer face à Laisse
Aller... c'est une Valse.
Dans le genre comédie délirante et surréaliste, l’œuvre de
Georges Lautner est à ranger aux côtés de certains Jacques Audiard
ou de certains de ses propres longs-métrages (Quelques
Messieurs Trop Tranquilles,
La Valise,
etc...). L'humour et le polar s'y croisent frontalement mais
l'absurde le remportant systématiquement sur le sérieux, le
spectateur passe le plus clair de son temps à rire devant les
péripéties de ses personnages. Mireille Darc y est savoureusement
belle, aguicheuse, sensuelle. Michel Constantin y est bougon, mais
aussi incroyablement patient devant un Jean Yanne indécis quant à
la décision à prendre sur le sort à accorder à sa traîtresse
d'épouse. Laisse Aller... c'est une Valse
multiplie les situations rocambolesques donc, conviant à la fête
des seconds rôles atypiques : Rufus en professeur d'anglais
amoureux de Clara, Paul Préboist en pompiste-chasseur regrettant en
compagnie de ses potes avinés, l'époque où ils partaient au
combat, ou encore Coluche qui incarnait ici à l'occasion de son
troisième rôle au cinéma, celui d'un patron de café situé juste
en face d'une prison.
Sur
un scénario de Bertrand Blier, lequel allait s'attaquer à
l'écriture de l'un de ses plus célèbres longs-métrages quatre ans
plus tard (Les Valseuses),
Georges Lautner compose en sa compagnie des dialogues aux petits
oignons. Accompagnée par la musique hétéroclite d'Alan Reeves,
l’œuvre de Georges Lautner réserve des situations totalement
absurdes. Comme la scène d'amour entre Mireille Darc et Jean Yanne,
la fusillade entre le duo d'anciens taulards et les hommes de main du
comte Charles Varèse située dans un corps de ferme, ou bien celle
qui oppose plus loin les chasseurs et nos trois héros. Au rang des
seconds rôles, il ne faudrait pas oublier les courtes mais
intéressantes apparitions de Venantino Venantini, de Jess Hahn, de
Philippe Castelli, de Daniel Prévost, de Jean-Michel Ribes ou encore
de Philippe Khorsand. Georges Lautner signe là une comédie très
originale et qui a plutôt bien vieillit...
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