Quatorze ans après
l'énorme succès des Aventures de Rabbi Jacob
dans les salles de cinéma (numéro un au box-office avec plus de
sept millions d'entrées en 1973), le cinéaste Gérard Oury revenait
en 1987 avec Levy et Goliath.
Si entre-temps l'auteur du Cerveau,
de La Carapate
et de L'As des As
n'a pas chaumé avec cinq long-métrages, il ne sera revenu avec le
thème de prédilection de Rabbi
Jacob
que plus d'une décennie plus tard. Désormais, il ne confronte plus
le français de souche, le juif et l'arabe mais deux frères de
confession judaïque. Du moins à l'origine puisque si Moïse et
Albert Levy ne s'adressent plus la parole depuis des années, c'est
parce que le second a abandonné la religion et a intégré la
laïcité dans son mode de vie alors que le premier est demeuré un
juif traditionnel avec tout ce que cela sous entend. L'occasion est
de retrouver le trop rare acteur et humoriste André Valardy qui
jouait déjà dans Les
Aventures
de Rabbi Jacob
et qui ici, travaille aux côtés de Moïse comme ouvrier
diamantaire. Dans les rôles principaux, nous retrouvons Michel
Boujenah dans celui d'Albert, le laïque, et Richard Anconina dans
celui de Moïse, le juif orthodoxe.
Tout
comme dans Les
Aventures de Rabbi Jacob,
Gérard Oury intègre un personnage d'origine arabe, signifiant ainsi
le rapprochement des peuples à travers la relation d'amitié que
vont tisser Moïse et Malika, interprétée par l'actrice française
d'origine marocaine, Souad Amidou. Issu d'une famille d'origine
juive, Richard Anconina est habitué des rôles dans lesquels il
incarne justement celui du juif. On pense notamment au désastreux
diptyque signé Philippe Clair qui a lancé la carrière de
l'acteur Comment
se faire Réformer
et Les
Réformés se Portent bien,
mais aussi et surtout à la trilogie à succès
La Vérité si je Mens !
de Thomas Gilou. L'acteur et humoriste Michel Boujenah a quant à
lui tourné dans une trentaine de longs-métrages dont les mémorables
Trois
Hommes et un Couffin,
de Coline Serreau, La
Totale !,
de Claude Zidi, ou encore Les
Misérables
de Claude Lelouch. Aux côtés des deux frères 'ennemis', le casting
es notamment complété par l'acteur Jean-Claude Brialy dans le rôle
du faux travesti prénommé Bijou mais du vrai flic, l'inspecteur
Duroche. Maxime Leroux est le grand méchant de l'histoire puisqu'il
incarne le Goliath du titre, un trafiquant de drogue. Dans le rôle
de la mère des frères Levy, on retrouve Louba Guertchikoff, dans
celui de Brigitte, l'épouse d'Albert, Sophie Barjac, quant au
personnage de Sarah, l'épouse de Moïse, c'est l'actrice Muriel
Combeau qui l'incarne.
Comparé
aux Aventures
de Rabbi Jacob,
Levy
et Goliath
est très nettement en déca. Le sujet du communautarisme y est moins
profond et les gags beaucoup moins drôles. Ce qui n'empêche bien
évidemment pas Michel Boujenah et Richard Anconina d'être parfaits
dans leur rôle respectif en désaccord avec la religion qui est la
leur. L'affrontement entre les deux frères est l'occasion d'injecter
au récit une sombre histoire de drogue. Un malentendu entre cocaïne
et poudre de diamant assez amusant. Gérard Oury invoque la réalité
de l'existence même de Dieu à travers des apparitions pour le moins
étonnantes. On s'amusera surtout de la naïveté de Moïse face à
la culture bien moins restrictive à laquelle il est bien malgré lui
soumis et aux quelques engueulades entre frangins. Le film est
relativement léger mais il incarne ce cinéma prônant la tolérance
entre les peuples et les religions. Rien que pour ça et pour ses
interprètes, Levy
et Goliath mérite
toute notre attention...
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