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mercredi 6 juin 2018

Blue Holocaust de Joe D'Amato (1979) - ★★★★★★★☆☆☆



Petit message à l'attention de celles et ceux qui aimeraient savoir comment survivre à la disparition d'un être cher. En l'occurrence, d'un(e) amant(e), d'un(e) fiancé(e), ou d'un(e) époux(se). Dur de refaire sa vie. Seul(e). Abandonné(e). Le corps de l'être aimé enterré, ou brûlé, réduit en cendres, et dispersé. Buo Omega de Joe D'Amato, connu pour avoir tourné un nombre impressionnant de films (dont une majorité de pornos) avant de claquer la porte au nez de sa propre existence le 23 janvier 1999, défie le spectateur rompu à l'exercice du malaise sur pellicule, de tenir sur la longueur d'un long-métrage qui n'a pratiquement aucun équivalent en terme d'effroi et de dégoût. Des sentiments qui se révèlent à mesure que le récit tournant autour du héros Frank Wyler, incarné par Kieran Canter, mais également à travers celui d'iris, campé par l'actrice italienne Franca Stoppi (laquelle n'a pas dû jouer dans plus d'une dizaine de longs-métrages), se dessine. Alors même qu'à l'écran, et précisément dans le film qui nous intéresse ici, elle personnifie à elle seule le malaise que le spectateur finira inexorablement par ressentir devant ses faits et gestes, accompagnant ceux d'un Frank désemparé depuis la mort d'Anna, sa compagne, Joe D'Amato pourvoie son œuvre d'une telle somme d'actes horrifiques, qu'aucune échappatoire, aucun repos n'est possible. Accompagné par la musique du génial groupe italien Goblin (auteur notamment des bandes originales de Zombie de George Romero, de Contamination de Luigi Cozzi, ou encore de Phenomena de Dario Argento), Buo Omega, curieusement traduit sous le titre Blue Holocaust alors que l’œuvre est surtout teintée d'un rouge passablement vicié, est nihiliste, et d'un sadisme outrancier. Les sentiments eux-mêmes sont bafoués par l'étrange relation qu'entretiennent Frank et Iris, cette dernière enfin débarrassée de son encombrante rivale, la jeune et jolie Anna.
Dans sa catégorie, Blue Holocaust est un chef-d’œuvre. Mais encore faut-il être capable de nuancer ses innombrables défauts, marque de fabrique d'un cinéma horrifique italien pré-eighties, et de n'y voir que la quintessence d'un cinéma bis n'ayant cette fois-ci, pas pour principe de divertir mais de repousser au plus loin, les limites de l'horreur malsaine.

Amateurs d'histoires d'amour mêlant nécrophilie et cannibalisme, bonjour! Oubliez l'abominable Anthropophagous, qui de manière incompréhensible revêt encore pour beaucoup une aura de film culte alors que l'objet n'est qu'un navet pas même capable de se hisser au niveau du simple nanar. Si certains citeront quelques passages afin de justifier leur propos, exposant des thèses inadéquates, le vrai bon, grand, film d'horreur de Joe D'Amato ne se situe non pas sur une petite île grecque mais bien dans la demeure d'un taxidermiste qui fou de douleur après la mort de sa fiancée, décide de ne pas en rester là, et dérobe son corps, l'embaume, et la conserve chez lui avec la complicité d'iris, étrange gouvernant qui pour apaiser les pleurs de Frank, n'hésite pas à lui donner le sein. Ce sont de tels petits détails qui mis bout à bout laissent envisager une œuvre hautement malsaine, où la déviance sexuelle n'est que l'une des facettes d'une lutte permanente pour que perdure la cohésion entre deux individus liés par un même secret.

Franca Stoppi campe l'un des personnages les plus authentiquement glauques de l'histoire du cinéma. Iris a le vice dans la peau. Le regard puant d'un charognard pourrissant sous le soleil du désert, la gouvernante se révèle incroyablement perverse, et son corps, un temple où la débauche règne en maîtresse. Qu'il s'agisse de faire disparaître un cadavre gênant dans de l'acide (voir la scène ultra glauque se déroulant dans la salle de bain), ou de manger de la viande hachée menue après avoir jeté dans un trou les restes de ce même cadavre, Franca Stoppi fait froid dans le dos et inhibe toute forme d'attirance envers ce spécimen de la gente féminine totalement barré. Graphiquement, Blue Holocaust est relativement bien pourvu en scènes d'horreur. Mais alors que dans bon nombre de longs-métrage, le sang y éclate de sa couleur carmin, celui de Blue Holocaust y est corrompu.
Bien qu'ayant perpétré des actes innommables, on peut comprendre le comportement de Frank. Chose que l'on ne conçoit pas chez sa gouvernante et nouvelle amante. Le film de Joe D'Amato souffre de quelques défauts inhérents au genre et sans doute, par manque de temps ou de moyens. Quelques détails minimisent la force de certains passages, comme cette pseudo-américaine incarnée par l'italienne Lucia D'Ella dont on ne croit pas un seul instant à ses origines en raison d'un accent déplorable. Presque quarante ans après sa sortie (à l'époque il fut interdit aux moins de dix-huit ans, c'est dire si le film est violent) Blue Holocaust a su conserver sa nauséeuse ambiance, preuve que Joe D'Amato était capable de rivaliser avec les vrais spécialistes du cinéma d'horreur. Un véritable choc à regarder l'estomac vide...

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