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vendredi 25 mai 2018

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Hiroshi Miyano,Yuzuru Ogura, Nobuharu Minato, Yasushi Watanabe - Concrete de Hiromu Nakamura (2004) - ★★★★★★★☆☆☆



Le nom de Junko Furuta ne dira certainement pas grand chose à la majeure partie d'entre nous et pourtant, cette jeune japonaise de seize ans, étudiante dans la préfecture de Saitama à Misato vécu un véritable calvaire long de quarante-quatre jours avant de mourir de ses blessures. Les coupables : quatre jeunes gens tous âgés entre seize et dix-huit ans. Quatre paumés, tous issus d'un même gang de yakuzas formés par l'un d'entre eux. Durant plusieurs semaines, ces quatre individus ont en effet violé, torturé et humilié l'adolescente à de très nombreuses reprises. Au Japon, l'affaire du meurtre de Junko Furuta est restée célèbre depuis trente ans.
C'est l'histoire qu'a choisi de nous raconter le cinéaste japonais Hiromu Nakamura. Sans fard, sans prise de position. D'ailleurs, le spectateur n'aura pas d'autre choix que de se faire sa propre opinion et grandes sont les chances pour que chacun partage la même car les actes auxquels le spectateur va assister et auxquels il n'est sans doute pas préparé vont se révéler très durs à encaisser. Peut-être moins insupportable que le terrible The Girl Next Door de Gergory Wilson, Concrete est à aborder avec beaucoup de précautions. D'un nihilisme rare, le film du japonais offre une vision de la jeunesse déshumanisée, où le cocon familial ne sert plus de référence et où battre et insulter ses parents est monnaie courante.

La première partie du long-métrage s'intéresse au personnage de Tatsuo. Des bancs d'écoles où les premiers dérapages apparaissent, en passant par son désintérêt total du métier qui le fait vivre et de ses parents (divorcés) qu'il méprise au plus haut point. Laissé libre de traîner dans les rues, c'est au contact d'un ancien ami devenu depuis yakuza pour le Syndicat que Tatsuo se laisse tenter par l'expérience. Le goût de l'argent facile et le pouvoir dont il est investi de par le costume de chef de gang qu'il endosse vont faire littéralement tourner la tête au jeune homme ainsi qu'à ses trois sbires. La bande des quatre membres des 'Dragon God' sème la terreur dans les rues, mais aussi chez eux, auprès de leurs parents. Ces derniers d'ailleurs, ont baissé les bras de peur des représailles.
Hiromu Nakamura décrit assez fidèlement le comportement relativement lâche des proches du gang, témoins des horreurs perpétrées dans la chambre de l'un des 'Dragon God'. Une situation inacceptable mais qui demeure compréhensible vu les conditions d'existence des habitants de cette ville souillée par la présence de nombreuses et dangereuses bandes de yakuzas. Les flics, quant à eux, sont carrément mis hors du contexte et on ne les verra guère que lorsque la jeune femme aura rendu son dernier souffle. A ce propos, les sévices endurés par la pauvre Misaki (le réalisateur a choisi de ne pas conserver le vrai nom de la victime), incarnée à l'écran par Miki Komori, sont proprement insupportables. A tel point que l'on en arrive à espérer voir arriver le moment où enfin, la jeune femme mourra pour ne plus souffrir et ne plus avoir à subir les horreurs commises par ses tortionnaires.

En nous jetant en pleine face ce spectacle sordide de la mort, le cinéaste japonais Hiromu Nakamura nous assène un uppercut en plein visage. L'effet est immédiat et le rejet total. Pourtant, à part les terribles coups portés au visage de la jeune femme transformé en une plaie unique et rougeoyante, et une brûlure faite à l'aide d'essence et d'un briquet Zippo, Hiromu Nakamura nous épargne un grand nombre des horreurs dont fut la victime Junko Furuta en 1988. L'un des grands scandales résultants de cette affaire furent les grotesques condamnations qui furent infligés aux quatre individus et que beaucoup (dont les parents de la victime) jugèrent insuffisantes. Bien que parfois pénible à regarder, Concrete demeurera comme l'hommage rendu à une jeune fille qui, si elle n'avait pas croisé la route de quatre monstres, aurait sans doute vécu comme beaucoup d'adolescentes de son âge...

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