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mercredi 25 avril 2018

Иваново детство - L'Enfance d'Ivan de Andreï Tarkovski (1962) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Cinq ans après l'expérience fantastique que fut la découverte de l'extraordinaire Stalker du cinéaste russe Andreï Tarkovski, c'est la seconde fois aujourd'hui que je me penche sur son œuvre. Alors même que l'exploration de certains de ses plus fameux films m’apparaît comme une évidence (je pense notamment à Solaris et à Andreï Roublev que j'attends avec impatience de pouvoir découvrir), j'ai pourtant jeté mon dévolu sur son premier long-métrage réalisé en 1962. L'Enfance d'Ivan. Ou comment revenir aux origines d'un cinéaste toujours aussi prompt à noyer ses intrigues dans des univers accordant une large place à l'onirisme. Tiré de la nouvelle écrite par l'écrivain soviétique Vladimir Bogomolov, et adapté pour le grand écran par son auteur lui-même ainsi que par Mikhaïl Papava, l’œuvre d'Andreï Tarkovski est à ce point déroutante dans son approche qu'il demeure difficile d'en faire une analyse totalement objective.
Étrange repoussoir pour certains. Voyage fantastique aux confins de la mémoire pour d'autres. Dur de choisir son camp. Les moyens mis en œuvre paraissent parfois si pauvres que l'on a bien du mal à imaginer assister à un épisode tragique opposant l'armée soviétique à l'armée allemande. Les effets-visuels tendent parfois à la naïveté par leurs jeux de lumières et leurs feux d'artifices simulant des bombes volant au dessus de la tête de nos héros. Ce n'est que rétrospectivement, et après avoir probablement assimilé l’œuvre toute entière du cinéaste que l'on comprendra sans doute (ceci demeurant pour moi, à ce jour, une hypothèse) le message caché derrière ces effets puérils.

Car le récit de L'Enfance d'Ivan ne tourne-t-il pas autour d'un enfant, jeté non pas malgré lui mais avec une féroce et personnelle volonté dans un combat opposant deux nations ? Peut-être faut-il donc y voir la vision de cet enfant. Les yeux encore tout embués par l'imagerie enfantine qu'il ne cesse pourtant de vouloir chasser de son esprit. Et ce, afin d'être définitivement débarrassé de cette enveloppe qui lui colle à la peau et qui l'empêche de devenir l'adulte qu'il rêve d'être.

Tout débute par un rêve, qui très vite se transforme en cauchemar. Andreï Tarkovski s'adresse au spectateur par énigmes. On sent poindre l'idée d'un drame dont les conséquences furent suffisamment terribles pour qu'un gamin désire fuir sa condition d'enfant afin d'obtenir vengeance. Mais de quelle vengeance s'agit-il ? Cela, le spectateur le découvrira bien plus tard, mais avant cela, il devra subir un spectacle qui au regard de l’œuvre future de l'un des plus grands cinéastes russes de sa génération, se révèle malgré tout décevant. C'est d'autant plus rageant que le final laisse déjà entrevoir les multiples possibilités dont le cinéaste aura la bonne idée d'abuser dans son remarquable Stalker dix-sept ans plus tard. L'Enfance d'Ivan propose un spectacle peu motivant, ne laissant même pas au spectateur l'opportunité de créer son propre imaginaire à l'aide des outils visuels mis à disposition par Andreï Tarkovski. Seuls quelques rares plans demeurent en surface et font regretter que le reste ne soit que dialogues insipides et décors figés.

La fin, curieusement, peut être envisagée de manières différentes selon que l'on est prompt ou non à accepter le merveilleux dans une œuvre avant tout considérée comme un film mêlant drame et guerre. Une image, celle d'Ivan lui-même, remet alors tout en question. Les dix dernières minutes seront certainement les seules à visuellement bluffer le spectateur. En tout cas, elles me donnèrent suffisamment de raisons de regretter que le cinéaste russe n'ait pas choisi de traiter l'intégralité du long-métrage avec autant d'application que cette fin superbement onirique. Une fin qui aurait pourtant sans doute des conséquences positives pour l'avenir, du réalisateur, laissant espérer un spectacle à venir, grandiose et majestueux. Ce qu'allait fort heureusement prouver très rapidement Andreï Tarkovski...

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