Vous pouvez retrouver la plupart des longs-métrages d'Andreï Tarkovski en streaming sur Youtube et ce, en toute légalité. Les films sont proposés en HD et proposent tout un choix de sous-titres dont les français... N'hésitez donc pas à vous plonger dans l'univers de cet extraordinaire cinéaste russe...
Andreï Roublev, avant d'être le second long-métrage du cinéaste
russe Andreï Tarkovski, c'est d'abord le nom d'un moine et peintre
d’icônes du quinzième siècle. Si les informations concernant
Andreï Roublev sont vagues et peu fournies, Andreï Tarkovski a
cependant pris soin de respecter une certaine chronologie des
événements. Nous retrouvons donc le peintre au tout début du
quinzième siècle, au moment où lui est confiée la création d'une
fresque dont le thème est le Jugement Dernier. Malgré sa répugnance
à représenter l'homme face au jugement de Dieu de peur d'effrayer
ses semblables, il finit cependant par s'atteler à la tâche et
accomplir le travail pour lequel il a été engagé à la Cathédrale
de la Dormition à Vladimir. Cette première partie d'une durée d'un
peu plus d'une heure vingt apparaît comme la phase la plus complexe
en matière d'écriture puisque reposant essentiellement sur des
écrits empruntés aux ouvrages religieux tels que la Bible. En toute
honnêteté, il se pourra qu'une partie du public abandonne le récit
en cours de route. Déroutante, la mise en scène et les dialogues
laissent un tel champ d'investigation que certains risquent de s'y
perdre en chemin. Mais lorsque démarre la seconde partie, d'une
dizaine de minutes plus longues que la première, le spectacle est
total, et montre l'évolution fulgurante entre le premier
long-métrage d'Andreï Tarkovski (L'Enfance d'Ivan),
et celui-ci qui marque un pas de géant dans la filmographie de son
auteur.
La seconde partie expose dès son ouverture l'attaque de la ville de
Vladimir par le frère du Grand Prince Vassili alors que celui-ci est
parti en campagne en Lituanie. Aidé par une bande de tatars (ancien
peuple turco-mongol de nomades), le frère pousse ses hommes à la
destruction totale de Vladimir. Durant un bon quart-d'heure, le
spectateur assiste médusé à la mise à sac de la ville. Les hommes
sont tués, les femmes violées avant de connaître le même sort. La
plupart des villageois sont retranchés dans la cathédrale dont la
porte massive ne fait pas longtemps le poids face au bélier que
les tatars utilisent afin de forcer l'entrée de l'édifice. Là
encore, hommes et femmes sont massacrés. Après les maisons, pillées
et réduites en cendres, les soldats du frère du Grand Prince et les
tatars tuent hommes, femmes, mais également, enfants et religieux.
De ce massacre insoutenable filmé avec une grande maestria par le
cinéaste russe, ne survivront qu'une femme muette, et Andreï
Roublev que l'on retrouve désormais dans la peau d'un repentant
ayant choisi de garder le silence afin de se repentir du meurtre
qu'il vient d'accomplir en sauvant la femme en question.
Andreï Roubliev
est comme ici parsemé de scènes clés d'une richesse
visuelle époustouflante. Surtout lors de la seconde partie qui comme
la première, est scindée en un certain nombre d'actes dont deux
sont tellement impressionnants (le premier, résumé juste au dessus)
qu'ils confineraient presque à la démence tant leur accomplissement
se révèle, sur le papier, inconcevable. Mais c'était sans doute
présager un peu trop vite des limites imposées par les moyens et
l'époque, car le talent d'Andreï Tarkovski est si exceptionnel,
qu'un acte tel que la fabrication d'une cloche toute à la gloire du
Grand Prince relève pratiquement de l'acte de foi. Et que dire,
alors, de son ascension au sommet d'un clocher, qui toute proportions
gardées, est digne d'un titanesque chantier égyptien de l'époque
de la construction des pyramides. Mais l'aboutissement de ce segment
ne s'arrêtant pas là, le cinéaste russe ménage un suspens
effroyable dont la conclusion sera exécutive lors de retentissement,
ou non, de la cloche...
Fourmillant de symboles
religieux, de foi et de renonciation, d'amour et d'actes de guerre,
Andreï Roubliev est
une œuvre fleuve de presque trois heures. Riche, merveilleusement
mis en image dans un très beau noir et blanc (les dernières minutes
en couleur exposant l’œuvre d'Andreï Roubliev
étant
une façon de rendre hommage au peintre), et interprété par des
acteurs éblouissants de justesse, ce long-métrage fait partie de
ces œuvres qui donnent leurs lettres de noblesse au septième art.
Un film indispensable pour tout cinéphile qui se respecte. Un
monument du cinéma...
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