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jeudi 8 février 2018

Héros de Bruno Merle (2007) - ★★★★★★★☆☆☆



Il aura sans doute fallut qu'émerge de tout ce fatras de comédies juvéniles et « crétinisantes », l’œuvre d'un certain Bruno Merle, scénariste et réalisateur d'une poignée de court-métrages et d'un seul au format long, celui dont nous allons parler ici. Héros, conspué par une majorité des critiques professionnels mais sauvé par une poignée d'anonymes qui ont découvert tout comme votre serviteur, un Michael Youn extrait du carcan nocif dans lequel bien trop d'individus l'ont cantonné. L'ancien animateur de télévision, célèbre pour son émission Le Morning Live diffusée entre 2000 et 2002. La télé poubelle dans sa plus simple expression. En parallèle, un début e carrière au cinéma. Quelques comédies pas franchement irrésistibles et ne mettant jamais en valeur un interprète que les médias se feront un devoir d'assassiner à chaque intervention. Du moins, les moins indulgents. Ces pseudo-intellectuels du Paysage Audiovisuel Français qui se sont pourtant nourris de cet article incompris et, parfois incompréhensible. Une carrière sacrifiée à la bouffonnerie à laquelle, pourtant, le cinéaste français Bruno Merle proposera une alternative osée, risquant d'anéantir une fois pour toute la carrière d'un Michael Youn confiné aux rôles de comique. Pourtant, Hérosva révéler au public un acteur différent de celui auquel il était habitué. On quitte ainsi la sphère habituelle dont la force d'attraction empêchait Michael Youn de se libérer pour plonger dans l'univers sombre et tragique de Pierre Forêt, chauffeur de salle.

Michael interprète donc ce personnage solitaire qu'une succession de drames personnels ont plongé dans un état dépressif insolvable. L'amour de sa vie s'est envolée voilà dix ans. Lisa, sa Roxane, promise selon lui à une brillante carrière d'actrice. Son père, lui, est mort et se décompose lentement dans l'une des pièces de l'appartement où vit Pierre. Incapable de se défaire de son géniteur, il invoque des raisons futiles afin de le conserver auprès de lui. Et puis, il y a Maurice, le voisin atteint d’écholalie. Et surtout Clovis Costa, star du rock que Pierre a kidnappé et garde enfermé dans un pièce où tourne en boucle des enregistrements de rires. Pierre n'en peut plus de faire rire, lui qui rêve d'être chanteur et acteur dramatique. Mais personne ne croyant ou ne voulant de cette facette de son talent, il espère, lorsque l’enlèvement de Clovis Costa sera public, pouvoir parler au président de la République afin d'évoquer ses exigences : organiser un concert pour le rockeur auquel il participera lui-même en tant qu'interprète. C'est dans cette bulle, à l'écart de toute forme d'humanité que Pierre va évoluer...

Cela va sans dire, dès les premières minutes, Héros se révèle être un objet filmique non identifié. De ces OFNI assumant totalement leur originalité et une certaine spontanéité. Pourtant réalisé il y a une dizaine d'années sur la base d'un scénario écrit à quatre mains par le cinéaste lui-même ainsi que par Emmanuelle Destremau, le long-métrage de Bruno Merle bien davantage que beaucoup d'autres comédies dramatiques mérite le statut d’œuvre culte de part son approche tout à fait originale. Une histoire casse-gueule, qui sans un minimum de maîtrise aurait flirté avec le ridicule mais qui grâce à l'étonnante performance de Michael Youn à gagné ses galons de film culte.Alors, bien sûr, on entendra quelques critiques avec, avouons-le, une certaine justesse, revenir sur les défauts d'une première œuvre pourtant courageuse. Mais là où le cinéaste et le principal interprète (accompagné, ne l'oublions pas, de Patrick Chesnais, Élodie Bouchez et Jackie Berroyer pour ne citer qu'eux) méritent tout notre respect, c'est dans la prise de risque. En cela, on ne peut qu'applaudir et ce, même si les deux heures (ou presque) que dure Héros auraient mérité d'être expurgées d'un bon quart-d'heure. Mais ne boudons pas notre plaisir car le cinéaste et son interprète nous offrent de réels instants de poésie et quelques vagues d'émotions qui tiennent parfois du miracle dans ce spectacle qui tient en équilibre. Michael Youn incarne presque à lui seul le film de Bruno Merle puisqu'en produisant une très grand partie des dialogues (on se souviendra de ce plan-séquence durant lequel son personnage parle d'amour et évoque Lisa en compagnie de Clovis Costa ou la scène durant laquelle il récite par caméra interposée, la dernière réplique de Cyrano de Bergerac avec Lisa) avec un réel talent de comédien. Quant au cinéaste, on le découvre jouant avec sa mise en scène, sa caméra virevoltant dans les airs, au dessus de ses personnages, la propulsant dans un ciel éclairé d'étoiles factices ou la projetant dans le vide. Avec Héros, Michael Youn semblait enfin promis à une belle carrière. La suite allait ou pas confirmer cette première impression positive. A voir...

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