Tout dans le titre, le
synopsis et dans l'une des affiches alternative du dernier
long-métrage du cinéaste britannique Charlie Steeds rappelle
l'époque bénie qui vit émerger quelques-uns des plus grands
classiques de l'épouvante. Les années soixante-dix et le Massacre
à la Tronçonneuse de Tobe Hooper ou La Colline a des
Yeux de Wes Craven. Escape from Cannibal Farm
semble tellement s'y référer qu'il devient impossible de nier les
rapports que les deux premiers entretiennent avec ce dernier. Charlie
Steeds ne s'encombre pas d'une idée originale lorsqu'il s'agit
d'introduire ses personnages puisque il pille dans celle de l’œuvre
de Wes Craven en réunissant à son tour une famille dont le plus
vieux représentant est lui aussi un flic. Un beau-père accompagné
de son épouse, elle-même suivie de ses deux fils, de sa fille et du
compagnon de celle-ci. Tout ce petit monde part pour quelques jours à
la campagne à bord d'un camping-car ! Là encore, le cinéaste
britannique pompe sur le film culte de l'auteur de La Dernière
Maison sur la Gauche et des Griffes de la Nuit.
En même temps, vous me direz que la chose est logique puisqu'il faut
bien transporter les six membres de cette famille dans un véhicule
si possible, confortable. Charlie Steeds opte pour la campagne
anglaise, seule entorse par rapport à l’œuvre de Wes craven qui
lui, choisissait un cadre beaucoup plus original puisque désertique.
C'est à partir de ce
moment là que le britannique décide d'aller piocher quelques idées
dans le classique de Tobe Hooper en situant l'intrigue de son
long-métrage dans une campagne quelque peu sauvage, un vieil homme
fort étrange les accueillant alors un peu à la manière d'un
« cuisinier-pompiste »
Drayton Sawyer mixé avec le handicapé mental nettoyant le
pare-brise du van des citadins du chef-d’œuvre sorti en 1974. Si
l'on pousse le vice jusqu'à chercher dans le moindre détail ce qui
aurait pu servir de matière première à Charlie Steeds, on
affirmera également la paternité du Motel Hell
de Kevin Connor dans la façon qu'ont les fermiers tueurs de Escape
from Cannibal Farm de
maintenir vivants leurs victimes et dans leurs habitudes consistant à
faire commerce de chair humaine.
Mêlant
présent et flash-back, Escape from Cannibal Farm
débute sur le sort tragique ayant condamné un jeune enfant à avoir
le visage brûlé par deux compagnons lors d'un jeu stupide et donc,
plein de conséquences. Le père du gamin, armé d'un fusil, décide
de se faire vengeance en tuant les deux gamins, fils de Betty et
Everett Blackheart, leurs voisins, mais son épouse, dont il est
follement amoureux, ne supportera pas la vie gâchée de son fils
condamné à vivre caché, le visage horriblement brûlé, et ira
s'immoler là-même où son enfant perdit son visage. Qui dit plus de
visage dit dépeçage des victimes les plus jeunes tombées dans le
piège de la famille Hansen (référence évidente à Gunnar Hansen,
premier interprète de Leatherface dans l’œuvre originale de
1974), « le
garçon au visage fondu » se
retrouvant désormais affublé de celui des gamins de la famille
Harver citée plus haut. Plus propice à voler les idées des autres,
Charlie Steeds va même jusqu'à placer le cadavre de l'épouse
Hansen à l'étage de la demeure familiale comme avait installé les
ancêtres de la famille Sawyer Tobe Hooper quarante-trois ans
auparavant...
Bien
que le cinéaste avoue avoir été inspiré par Massacre
à la Tronçonneuse
et La Colline a des
Yeux,
il semble qu'il ait été davantage marqué par un documentaire
montrant la fabrication du foie gras !!!
Escape
from Cannibal Farm se
révèle donc être une œuvre bâtarde, mix entre plusieurs grands
classiques mais dont les idées toutes personnelles que le cinéaste
britannique a voulu apporter plongent dans le grand n'importe quoi.
Son œuvre demeure effectivement grotesque. Mal montée, percluse
d'idées originales mais si mal orchestrées que le film fait
davantage pouffer de rire qu'il n'effraie. Les personnages sont si
peu attachants que leur sort nous indiffère, quant aux méchants,
ils sont tellement ridicules et théâtralisent tant qu'ils risquent
de ne faire peur qu'aux petits enfants. Sous ses allures nihilistes,
Escape from Cannibal
Farm est
en comparaison d'un wagon de films d'horreur, plutôt avare en
matière d'hémoglobine. Beaucoup de scènes horrifiques sont filmée
hors-champ et ça n'est pas la grange plongée dans une lueur glauque
permanente qui ravivera les dérangeantes sensations éprouvée
quatre décennies plus tôt grâce au savoir-faire de Tobe Hooper et
Wes Craven. L’œuvre de Charlie Steeds ne signe donc définitivement
pas le grand retour du genre et se permet même le « luxe »
d'être parfois aussi mauvais que les pires ersatz nés de
l'impulsion des grands classiques du genre. Une perte de temps
inutile...
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