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samedi 10 février 2018

Regarde la Mer de François Ozon (1997) - ★★★★★★★☆☆☆



Une plage, sur l’île D'Yeu, à six heures de Paris. À l'écart du continent, entourée par les eaux, cette commune française du département de la Vendée est le refuge de Sasha et de sa fille Sioffra. Tandis que son époux travaille dans la Capitale, la jeune anglaise occupe son temps comme elle le peut. Entre maison et plage. Ménage et bronzage. Une prison dorée de vingt-cinq kilomètres carré sur la surface de laquelle on ne croise ici, pas un touriste, pas un baigneur, pas un vendeur de glace, juste quelques types franchement louches baisant dans le confort discret d'une épaisse forêt tapissée de brins d'herbe desséchés. Pour tuer le temps, Sasha emporte Sioffra jusqu'à la plage pour y profiter du soleil. Derrière elle et sa fille, se profile une falaise et à son sommet, la silhouette d'une femme, le dos lesté d'un sac regroupant tout ce qu'elle possède. Jetant un regard vers le bas, elle semble épier les faits et gestes de Sacha.
En réalité, celle qui se fera appeler Tatiana lors de sa prise de contact avec Sasha quelques heures plus tard évalue ses chances de se rapprocher de la mère de famille. Changement d'environnement, la caméra filme désormais Sasha baignant Sioffra dans la baignoire de la demeure familiale. Une maison mise à l'écart de toute forme de civilisation. C'est là que vient frapper à la porte Tatiana. Filmée cette fois-ci de près, l'actrice française Marina de Van se présente sans artifices. Le cinéaste François Ozon impose un personnage inquiétant. Mystérieux. Dans l'incapacité (ou presque) de sourire devant une Sasha bienveillante. Une marginale. Comme ceux croisés dans les grandes cités et qui ne présagent rien de bon. Le regard mort, l'actrice jette un froid sur une île que François Ozon n'avait apparemment pas l'intention d’embellir. Loin des images de cartes postales, l’île D'Yeu perd en température. Et Sasha d'offrir un repas à celle qui lui a quelque peu forcé la main pour planter sa tente dans le jardin. Première marche vers une amitié éphémère ?

François Ozon réalise en 1997 l'un de ses derniers courts-métrages. En réalité, un moyen-métrage puisque d'un durée dépassant les cinquante minutes. Précédant un premier long digne du cinéma outrancier de John Waters intitulé Sitcom, Regarde la Mer est de ces projets cinématographiques qui dérangent tout en apportant une réflexion sur les rapports entre individus n'ayant rien de commun. Entre une Sasha (l'actrice anglaise Sasha Hails qui auparavant avait déjà tourné dans le courts-métrage Une Rose entre Nous du même François Ozon) condamnée à rester enfermée sur son île et une Tatiana (Marina de Van donc, qui outre sa carrière d'actrice a elle-même écrit et réalisé quelques longs-métrages dont le troublant Dans ma Peau) poussée par le désir de changer d'endroit tous les trois ou quatre jours, une étrange relation s'installe. Perchée plus tôt au sommet de la falaise, celle-ci y arbore l'inquiétante silhouette de l'oiseau de proie fondant sur sa prochaine cible.

Regarde la Mer offre un spectacle dépressif que pas même le ressac et le cri des mouettes ne parviennent à rendre attachant. Marina de Van incarne à merveille cette marginale au teint blafard, aux jambes abîmées, et dont le comportement laisse supposer un trait de caractère inquiétant (la brosse à dents). François fait peu à peu monter la sauce d'un récit qui semble ne devoir aboutir qu'à une tragédie. Filmée tel le démon Pazuzu remarqué sous forme d'image subliminale dans le classique de William Friedkin L'Exorciste, Marina de Van personnifie le mal tandis qu'éclairée par la lumière d'une lampe, Sasha reflète le bon côté de l'humanité. La main sur le cœur, accueillant une étrangère, si bonne et généreuse qu'aucun signe avant coureur ne viendra lui mettre la puce à l'oreille, et certainement pas ce dernier dialogue qu'échangeront les deux femmes avant que ne survienne ce que le spectateur, lui, redoutait dès la première apparition de Tatiana.

Regarde la Mer est une réussite totale. Marina de Van y est exceptionnelle. Criante de naturel face à une Sasha Hails naïve mais elle aussi, talentueuse. Minimaliste dans la forme, le moyen-métrage de François Ozon laisse une très désagréable impression et ce, même au delà de la projection. Comme la semelle d'une chaussure pleine de merde laissant une odeur forte et inconfortable...

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