Cinq ans après Re-Animator,
le premier long-métrage du cinéaste américain Stuart Gordon, l'un
de ceux qui le produisirent décide à son tour de s'inspirer de la
nouvelle écrite par Howard Phillips Lovecraft, Herbert
West, réanimateur,
afin de réaliser son second film, un an après le très remarqué
Society
qui laissait déjà entrevoir le goût de Brian Yuzna pour l'horreur
et les difformités génétiques. Connu chez nous sous le titre
Re-Animator 2,
Bride of Re-Animator
est donc à la fois une parodie de La
Fiancée de Frankenstein
de James Whale réalisé en 1935 sur la base d'un scénario écrit
par William Huribut, ainsi que l'adaptation libre des cinquième et
sixième parties (respectivement intitulées L'Horreur
venue des ombres
et Les Légions des tombes)
de la nouvelle en forme de feuilleton Herbert
West, réanimateur.
Brian
Yuzna ayant une vision de l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft
beaucoup plus délirante que Stuart Gordon, il met en scène dans son
second long-métrage, toute une panoplie de créatures fabriquées
par un Herbert West plus fou et imaginatif que jamais. Toujours
accompagné du fidèle Dan Cain, les deux hommes travaillent
désormais dans une ancienne morgue transformée en maison, et à
proximité de laquelle trône un vieux cimetière.
Le
film démarre lors d'une guerre durant laquelle les deux hommes
profitent des corps de soldats morts au combat pour asseoir leur
technique consistant à ressusciter les morts. Plus tard, les voilà
de retour dans la faculté de médecine où presque un an auparavant,
ont eu lieu les événements tragiques du premier opus. Herbert West
vient de mettre au point un nouveau réactif permettant de réanimer
des membres indépendamment du reste de l'organisme. Une solution
fluorescente lui permettant de créer d'innombrables créatures. A ce
titre, Brian Yuzna fait preuve avec Bride
of Re-Animator,
d'une belle imagination. En usant de procédés tels que
l'animatronic
et
la stop-motion,
les spécialistes des effets-spéciaux laissent libre court à
l'imagination fertile du cinéaste :
Les
cinq doigts d'une main et un œil composent une araignée d'un genre
nouveau. Un bras et une jambe soudés prennent vie. Le docteur Carl
Hill (toujours interprété par l'acteur David Gale), désormais
décapité se mue en une chauve-souris dont le corps est constitué
d'une paire d'ailes et de sa tête faisant office d'abdomen. Le
résultat est autant délirant que grotesque. L'un des sommets
demeurant dans la créature formée de membres appartenant à
différent cadavres et dont le cœur n'est autre que celui de Megan,
la fiancée de Dan décédée à la fin du premier épisode. Un rôle
que Barbara Crampton refusera d'ailleurs d'endosser à nouveau dans
cette suite sur les conseils de son agent, lequel considérant qu'il
n'est pas assez important pour que l'actrice s'y replonge à nouveau.
A
l'origine, le scénario pensé pour cette suite était largement plus
délirante encore puisque le récit prévoyait d'envoyer Herbert West
et Dan Cain jusqu'à la maison Blanche afin d'y ranimer un président
des États-Unis décédé. Une idée vite abandonnée mais conservée
durant un temps sous le coude pour une éventuelle troisième
séquelle qui ne verra pourtant jamais le jour : House
of Re-Animator.
En
l'état, Bride of
Re-Animator n'est
pas un mauvais film d'horreur. Mais au regard de son prédécesseur,
il lui est éminemment inférieur. Et ce n'est certainement pas son
lot de freaks
qui changera la donne. Moins enjoué que Re-Animator,
cette suite pleine de promesse est au final ennuyeuse. Accusant un
sacré coup de mou, on pourra notamment lui reprocher de s'être si
peu servi du charismatique David Gale, le grand méchant du premier
opus pour se concentrer sur les délires d'Herbert West. Quant à la
fameuse fiancée du titre, c'est presque une supercherie puisque dans
les faits, elle n'intervient que vers la fin du long-métrage.
Toujours est-il que l'on prend plaisir à retrouver Jeffrey Combs et
son réactif, et que l'on regrette l'absence de Barbara Crampton. On
saluera également l'hallucinante scène finale nous révélant ce
qui se cache derrière le mur de la cave de la maison. Là encore, de
nouvelles créations de West se mêlant aux sujets de ses premières
expériences. Bride of
Re-Animator
n'est donc pas la suite rêvée à laquelle le spectateur aurait pu
prétendre vouloir assister. Une semi-déception qui n'entache fort
heureusement pas l'aura de film culte de l’œuvre originale...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire