Le synopsis des
Prédateurs de la nuit de
Jess Franco est on ne peut plus simple : La clinique du docteur
Frank Flamand est spécialisée dans la chirurgie esthétique. Mais
depuis quelques temps, les activités médicales de Flamand se sont
muées en actes criminels. En effet, depuis qu'une vieille bourgeoise
mécontente du résultat a brûlé par accident le visage d'Ingrid,
la sœur du chirurgien à l'aide d'un acide alors que celui-ci était
visé. Lui et sa maîtresse Nathalie kidnappent de jeunes et jolies
femmes afin de prélever la peau de leur visage et de la greffer sur
celui d'Ingrid. Mais alors qu'ils viennent d'enlever le jeune
mannequin américain Barbara Hallen, son père, Terry Hallen, engage
un détective afin d'enquêter sur la disparition de sa fille...
La
première chose qui saute aux yeux, c'est l'étonnant casting du
film. Aussi hétéroclite qu'impensable, nous retrouvons autour du
personnage principal interprété par l'acteur autrichien Helmut
Berger (Les Damnés,
Ludwig ou le Crépuscule
des dieux,
Salon Kitty,
etc...), une pléthore d'interprètes qui, à l'origine, n'ont rien à
faire ensemble. Extraite du carcan humide de la pornographie dix ans
plus tôt par le cinéaste français Jean Rollin (LE fétichiste
français de la vampe au cinéma), Brigitte Lahaie campe le
personnage de Nathalie, Maîtresse du docteur Frank Flamand, prête à
donner de sa personne pour ramener à la clinique les victimes des
expériences qu'il finira par mener auprès d'un certain docteur
Orloff, personnage préexistant depuis 1961, date de sortie de
L'Horrible Docteur
Orlof
(vous noterez la présence d'un seul F à la fin du nom), un
personnage que s'appropriera le cinéaste Santos Alcocer en 1969 pour
Les Orgies du Docteur
Orloff
(le deuxième F faisant cette fois-ci son apparition), puis le
réalisateur et scénariste Pierre Chevalier en 1971 avec Orloff
et l'Homme Invisible,
et enfin, El Sinistro
Doctor Orloff,
réalisé par Jess Franco qui pour le coup, se réapproprie son
personnage avant de lui offrir une dernière apparition dans le film
qui nous intéresse ici et qui demeure comme la suite directe de
l’œuvre signée par l'espagnol vingt-sept ans auparavant. Un
personnage qui à chaque occasion, fut interprété par un seul et
même acteur, le suisse Howard Vernon.
Au
menu également, l'acteur Telly Savalas, surtout connu pour son rôle
de flic dans la série Kojak
mais qui tourna dans de nombreux films parmi lesquels Le
Prisonnier d'Alcatraz,
Les Douze Salopards,
Au
Service Secret de Sa Majesté,
ou encore Terreur dans
le Shanghaï Express
auprès des britanniques Christopher Lee et Peter Cushing. La
principale victime de chirurgien fou autour de laquelle sera menée
l'enquête, est quant à elle la pauvre Caroline Munroe qui six et
huit ans en arrière fut déjà la victime de deux tarés campés
tous les deux par le même (et génial) acteur Joe Spinell (dans
Maniac
de William Lustig en 1980, puis dans Les
Frénétiques
de David Winters deux ans après). Plus étonnant encore, les
présences plus que discordantes de Marcel Philippot (la série
télévisée Palace
ou la publicité pour MAAF),
et Stéphane Audran (notamment l'une des égéries, du moins
l'actrice fétiche du cinéaste Claude Chabrol avec lequel elle
tourna plus de vingt longs-métrage).
Au
delà d'un casting véritablement original, l’œuvre de Jess Franco
n'est pas totalement raté. Bien qu'il souffre d'un rythme qui
confine très souvent à l'ennui, quelques effets gore sont du plus
bel effet. De l'amputation d'une paire de bras dont se souviendra
peut-être l'année suivante (quoique je doute qu'il ait eu comme
source d'inspiration le film de Franco) le cinéaste chilien
Alejandro Jodorowsky pour son monumental Santa
Sangre,
jusqu'au couteau planté dans une gorge ou une seringue dans l’œil
gauche de Stéphane Audran,
Les Prédateurs de la nuit se
révèle un minuscule (et donc, non exhaustif) catalogue d'atrocités
qui paraissent aujourd'hui, presque totalement dépassés. Tout comme
d'ailleurs les trop nombreuses scènes de softporn
qui n'ont d'autre utilité que de remplir les vides scénaristiques.
Mais ne boudons pas notre plaisir d'amateur de bisseries
à la française d'autant plus qu'à l'époque, la chose était
relativement rare pour être soulignée. A noter enfin, que le film
de Jess Franco est sans doute plus encore qu'une suite de L'Horrible
Docteur Orlof,
le remake d'un film que tout cinéphile se doit de connaître :
Les Yeux sans Visage
que le cinéaste français Georges Franju réalisa vingt-huit ans
auparavant...
J'aime tellement ce film. Je regrette juste la fin qui laisse planer tant d'interrogations... a noter qu'il existe un roman du film qui est plutôt gore ! Brigitte Lahaie, quelle classe cette femme.
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